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ARTICLE 15 mai 2018

Jeune, agriculteur et entrepreneur, mais oui c’est possible !

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Ne trouvant pas d’emploi à la fin de ses études Ousmane a décidé d'investir dans l'agriculture, conscient du « potentiel agricole de la région », contrairement à ses pairs qui ont choisi de travailler dans le secteur minier.

Photo : Vincent Tremeau/Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • Ousmane Diallo est Guinéen. Il a fait des études de sociologie, mais possède aussi des terres agricoles dans l’une des régions les plus reculées du pays.
  • Sa production de riz a augmenté grâce aux semences et à la formation apportées par le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO).
  • Ce programme bénéficie à plus de 120 000 personnes, dont les revenus ont augmenté de 30 %.

CONAKRY, le 15 mai 2018‒Ousmane Diallo a 35 ans. Il est diplômé en sociologie et possède huit hectares de terres agricoles à Mandiana, l'un des endroits les plus reculés de Guinée, à environ 730 kilomètres à l'est de Conakry. Plusieurs sociétés minières opèrent dans la région, où les activités d’extraction artisanale procurent un revenu à plus de 80 % de la population locale.

Ne trouvant pas d’emploi à la fin de ses études Ousmane a décidé d'investir dans l'agriculture, conscient du « potentiel agricole de la région », contrairement à ses pairs qui ont choisi de travailler dans le secteur minier.

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Ousmane cultivant ses huit hectares de terre. Photo : Vincent Tremeau/Banque mondiale

Quand il s’est lancé en 2014, il s’est tourné vers des cultures pour lesquelles la demande était forte : riz, maïs, légumes. Ses premiers résultats ont été décevants, car les graines qu'il utilisait produisaient des variétés différentes de la même plante. Cette année, avec l'appui du Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO), Ousmane a pu produire deux tonnes de riz par hectare, contre moins de la moitié il y a quatre ans (800 kilos).

En Guinée, le PPAAO a facilité l'adoption de nouvelles variétés de cultures ainsi que l’amélioration des pratiques de gestion des cultures et des technologies de transformation alimentaire à petite échelle. Il a également renforcé le système national de production et de distribution de semences du pays afin d’assurer la disponibilité et l’utilisation de semences certifiées et de bonne qualité.

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Grâce aux revenus tirés de l'agriculture, Ousmane a diversifié ses investissements et s’est lancé dans le conditionnement d'eau potable et la fabrication de glace. Photo : Vincent Tremeau/Banque mondiale

Ce programme régional est né de l’initiative de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et est mis en œuvre dans 13 pays membres avec deux objectifs : faire émerger et diffuser de meilleures technologies agricoles et intensifier leur adoption dans les filières considérées comme prioritaires.

Grâce à un financement initial de 9 millions de dollars alloué à la Guinée, le programme a permis d’améliorer les conditions de vie des semenciers en créant une valeur ajoutée brute de quatre millions de francs guinéens (440 dollars) par hectare de riz et par saison.

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Deux jeunes employés emballent des pains de glace. Ousmane emploie au total une douzaine de personnes. Photo : Vincent Tremeau/Banque mondiale

Le PPAAO a directement bénéficié à plus de 120 000 personnes, dont environ 40 % de femmes, qui ont vu leurs revenus augmenter de 30 %. En outre, le programme a un impact indirect plus large, car il génère des besoins de main-d'œuvre agricole et artisanale même au-delà des frontières du pays. Le transfert de technologie, notamment celle des kits d’étuvage pour améliorer la qualité des semences de riz, a permis d’accroître la production et conduit à un gain de 675 millions de francs guinéens (74 000 dollars).

On estime que les opérations de commercialisation ont permis de dégager une recette d’environ 10 milliards de francs guinéens (1,1 million de dollars). L'utilisation de semences améliorées a produit un excédent de plus de 85 000 tonnes de riz non décortiqué d'une valeur de 14 millions de dollars, soit l'équivalent de 10 % des importations annuelles de riz de la Guinée.

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« Je voudrais que d’autres jeunes suivent mon exemple et aimerais pouvoir les former. Le métier d’agriculteur exige de la patience et du courage », explique Ousmane en rangeant ses paquets de glace. Photo : Vincent Tremeau/Banque mondiale

Grâce aux revenus tirés de l'agriculture et à un prêt de 26 millions de francs guinéens (2 800 dollars), Ousmane a diversifié ses investissements et s’est lancé dans le conditionnement d'eau potable et la fabrication de glace. Située près des frontières du Mali et de la Côte d'Ivoire, la région de Mandiana est souvent très sèche et les températures peuvent y atteindre 40 °C à l'ombre. L’entrepreneur est maintenant en mesure d'approvisionner en eau potable plusieurs compagnies minières de la région. Il emploie plus d’une douzaine de personnes à temps plein et douze autres, saisonniers.

« Au début, raconte-t-il, je n’avais pas d’expérience et pas de ressources. Les gens pensaient que j’étais fou de me lancer dans l’agriculture, mais les résultats m’ont donné raison. Aujourd’hui, je cherche à élargir mes activités, à les industrialiser davantage, et aussi à faire de l’élevage. Je voudrais que d’autres jeunes suivent mon exemple et aimerais pouvoir les former. Le métier d’agriculteur exige de la patience et du courage. »

Tout en consolidant ses avancées dans le secteur du riz, la Guinée s’emploie actuellement à développer un plus grand nombre de filières agricoles grâce à un financement supplémentaire de 23 millions de dollars : manioc, cultures maraîchères, soja, élevage de chèvres et de volailles, mais aussi pisciculture. Avec, à la clé, un plus grand nombre de bénéficiaires.

Grâce à des méthodes innovantes, le PPAAO contribue ainsi à promouvoir un développement durable et une agriculture productive en Afrique.



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