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ARTICLE 20 février 2018

Améliorer la collecte des déchets dans les quartiers pauvres de Maputo

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Dans les ruelles peu accessibles des quartiers défavorisés de Maputo, le ramassage des ordures ménagères s’effectue à l’aide de charrettes à deux roues. 

Photo : Gustavo Mahoque/Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • Dans la capitale du Mozambique, une plateforme numérique développée par les autorités municipales avec le soutien de la Banque mondiale améliore radicalement la gestion des déchets ménagers.
  • Cette plateforme permet aux habitants de signaler un problème à la municipalité en temps réel, ce qui garantit une meilleure réactivité et responsabilisation de l’administration.
  • En un peu moins d’un an, ces signalements ont permis d’éliminer 186 dépôts d’ordures sauvages et de résoudre des milliers de problèmes.

MAPUTO, 20 février 2018 – La ville de Maputo compte plus d’un million d’habitants, qui vivent en majorité dans des quartiers informels et des bidonvilles qui ne cessent de croître. La gestion des déchets ménagers est un vrai défi pour les autorités municipales, qui manquent de capacités pour fournir ce service essentiel.   

Une récente enquête auprès des ménages révèle pourtant qu’il s’agit de la priorité numéro un pour les habitants de la capitale du Mozambique. L’objectif de cette enquête municipale, réalisée avec le concours de la Banque mondiale, était d’identifier les actions prioritaires susceptibles d’améliorer les conditions de vie de la population. De fait, la mauvaise gestion des déchets ménagers est un grave problème de santé publique. Source de pollution environnementale, elle est à l’origine de maladies épidémiques mortelles comme le paludisme, le choléra ou la typhoïde, qui touchent les pauvres de manière disproportionnée. L’accumulation d’ordures et de déchets solides obstruant les cours d’eau et les systèmes d’évacuation des eaux contribuent ainsi aux crues et aux inondations. Ici, la situation est d’autant plus complexe que les autorités municipales sous-traitent ces services à 45 sociétés, ce qui rend la coordination difficile et ne permet pas de déterminer les responsabilités et les dysfonctionnements.

La municipalité de Maputo a décidé de relever ce défi avec le soutien de la Banque mondiale. Si cette collaboration n’est pas nouvelle — la ville a déjà bénéficié d’une série d’interventions financées par l’IDA, dont notamment les programmes ProMaputo I et II (a) —, le dernier fruit de ce partenariat est des plus innovants : une plateforme numérique servant d’interface entre les citoyens et les services municipaux de gestion des déchets ménagers. 

Baptisée « MOPA » (pour Monitoria Participativa Maputo), la nouvelle plateforme est un dispositif de surveillance participative. Centrée sur l’usager, elle offre aux habitants de Maputo un moyen souple et facile de signaler des problèmes, comme les dépôts d'ordures anarchiques ou brûlés. À partir de ces signalements, le conseil municipal peut coordonner une réponse efficace. Le processus prévoit aussi de mettre à la disposition du public des informations de planification utiles, afin d’améliorer la transparence et la responsabilisation de l’administration.

« La plateforme MOPA permet de repérer les zones où les ordures ne sont pas ramassées dans le quartier et de déclencher une intervention immédiate », témoigne Sebastião João, qui vit à Chamanculo, quartier très peuplé situé à la périphérie de la capitale. « Tout cela n’est possible que parce que les gens peuvent prévenir la municipalité en temps réel, ce qui garantit une plus grande réactivité et un processus transparent. »


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De jeunes entrepreneurs travaillent au développement de l’app MOPA.

Photo : Avec l’aimable autorisation du conseil municipal de Maputo


La municipalité enregistre en moyenne une vingtaine d’alertes par jour : au total, ce sont ainsi 1 000 tonnes de déchets solides qui sont ramassés chaque journée dans les bidonvilles de Maputo. Un an à peine après le lancement de la plateforme, les chiffres parlent d’eux-mêmes : déjà 3 500 utilisateurs, plus de 6 800 signalements, des milliers de sites signalés. Et ce n’est qu’un début, puisque le nombre d’utilisateurs et de signalements ne cesse d’augmenter. Plus de 88 % des problèmes ont été résolus, avec un délai de réponse de 2,7 jours en moyenne. Grâce aux informations recueillies par le biais de cette technologie et à l’amélioration des services qui en découle, la municipalité a pu éliminer 186 décharges sauvages.

« Ces résultats représentent des gains immenses en termes d’efficacité et d’engagement citoyen », souligne Florentino Ferreira, conseiller municipal chargé de la supervision de la gestion des déchets. « Avant cette intervention, il nous était difficile de savoir quelle était la situation dans les ruelles des quartiers informels. » Avec la plateforme MOPA, le citoyen devient partie intégrante de la solution : « Les habitants ne sont plus des étrangers dans leur propre ville. Ils sont un maillon essentiel du système. Ils nous alertent et nous aident à contrôler la prestation des services. Ce processus est en train de transformer les mentalités et le sentiment civique à Maputo. »

Le succès grandissant de l’outil auprès des habitants des quartiers pauvres et périurbains témoigne de sa pertinence. Aujourd’hui, les résultats de la plateforme s’étendent dans l’ensemble de la ville et même au-delà, ajoute Eva Clemente,spécialiste du secteur privé à la Banque mondiale et chef d’équipe du projet : « MOPA est considérée comme l’une des plateformes de gestion des déchets ménagers les plus transparentes d’Afrique, et l’une des plus efficaces puisqu’elle parvient véritablement à améliorer les conditions de vie des habitants. Ce succès lui vaut une reconnaissance internationale. »

Une reconnaissance manifeste dans l’édition 2016 de l’enquête des Nations Unies sur l’e-gouvernement, où, à la suite de la mise en place de la plateforme, le Mozambique a vu grimper son score à l’indice de participation citoyenne. De même, MOPA a été sélectionnée par l’UNESCO parmi les études de cas mises en avant dans un projet destiné à illustrer comment le développement d’outils numériques centrés sur l’humain peut contribuer à améliorer les conditions de vie des populations pauvres dans le monde entier.

Grâce à des financements supplémentaires apportés par le programme « Making All Voices Count », la plateforme a été étendue à 42 quartiers. Elle comprend une application mobile gratuite développée par de jeunes entrepreneurs locaux et permettant aux habitants-citoyens d’alerter la municipalité, mais aussi de suivre l’état de leur signalement jusqu’à la résolution du problème. Elle pourrait aussi faire des petits : la ville de Maputo envisage d’élargir MOPA aux problèmes d’assainissement et de circulation. 



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