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Le Liban s’attaque à la pollution de l’eau

14 juillet 2016


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Les berges du Litani aujourd’hui.


Faute d’entretien régulier, le fleuve et le lac sont par endroits extrêmement pollués. Outre qu’elle constitue une menace pour la santé publique, cette pollution entraîne d’importantes pertes, économiques et environnementales.

Le lac Qaraoun joue un rôle clé dans l’équilibre hydrique du Liban, un pays bénéficiant d’une bonne pluviométrie et nivométrie mais dont la gestion des ressources est loin d’être optimale.

Construit en 1959 sur le Litani, la principale artère fluviale du pays, pour assurer l’irrigation et la production d’électricité, le barrage de Qaraoun forme le lac artificiel du même nom, le plus vaste du Liban avec une capacité de quelque 220 millions de mètres cubes. Cela permet d’irriguer environ 30 % des terres cultivées.

Mais faute d’entretien régulier, le fleuve et le lac sont par endroits extrêmement pollués. Outre qu’elle constitue une menace pour la santé publique, cette pollution entraîne d’importantes pertes, économiques et environnementales. Non-traitement des eaux usées municipales et industrielles et décharges sauvages le long des berges : on peut résumer ainsi les raisons d’une pollution épouvantable. Sans oublier les produits chimiques et les pesticides non dégradables employés dans l’agriculture, une activité dominante dans le bassin du Litani.

« Nous sommes face à une situation extrêmement grave », s’alarme Maroun Moussallem, directeur général de l’établissement des eaux de la Bekaa. « Les réserves d’eau s’amenuisent alors que la demande ne cesse d’augmenter. Cela ne peut pas durer. » Le directeur nous explique comment la sécheresse qui sévit depuis plusieurs années, faute de précipitations aussi abondantes qu’avant, ponctionne les réserves tandis que la demande d’eau augmente inexorablement, avec l’arrivée d’un nombre inédit de déplacés en provenance de Syrie dans la region de la Békaa. « Dans ces conditions, nous ne pouvons plus tolérer une telle négligence et nous devons préserver la moindre goutte d’eau », souligne-t-il.

Le gouvernement libanais vient de commencer à s’atteler à ce dossier grâce à un prêt de 55 millions de dollars de la Banque mondiale. Ce projet constitue la première étape d’un effort plus soutenu, estimé à 250 millions de dollars, qui s’inscrit dans le cadre d’un plan de lutte contre la pollution du lac Qaraoun adopté par les autorités.

« Aujourd’hui, des millions de mètres cubes d’eaux d’égouts non traitées sont rejetés directement dans le Litani. Le projet prévoit la construction de réseaux d’égouts qui seront reliés à des stations d’épuration (comme à Zahlé), ce qui permettra de traiter les effluents avant de les rejeter dans le fleuve. Non seulement nous pourrons ainsi limiter la pollution du Litani mais nous aurons aussi de quoi alimenter les systèmes d’irrigation », explique Maria Sarraf, spécialiste principal de l’environnement à la Banque mondiale et chef d’équipe du projet. « Le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale pour le secteur de l’assainissement, qui cherche à améliorer la collecte des eaux usées, leur traitement et leur réemploi. »

Le projet entend par ailleurs réduire la pollution liée aux produits chimiques et autres pesticides agricoles en incitant les gros exploitants opérant à proximité du fleuve à utiliser moins d’engrais et à opter pour des pratiques phytosanitaires intégrées. Il financera par ailleurs des campagnes de nettoyage pour récupérer tous les déchets jetés dans le lac.


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