COMMUNIQUÉS DE PRESSE

La région Moyen-Orient et Afrique du Nord sort, lentement, de la crise

09 octobre 2010




Washington, 9 octobre 2010 – La reprise économique s’est amorcée dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), mais à un rythme intérieur aux tendances antérieures et au potentiel économique de la région. Les perspectives économiques de cette dernière dépendent de l’évolution de la situation dans le monde ainsi que du maintien de la solidité de la demande des marchés émergents et de l’évolution des cours du pétrole.

« Une gestion macroéconomique judicieuse et une réglementation prudentielle du secteur financier ont aidé les pays de la région MENA a échapper à une grave récession », a expliqué Shamshad Akhtar, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord.  « Le défi consiste, maintenant, à assurer la poursuite de la croissance après la reprise. La région peut, à cette fin, mettre à profit la solide base de ressources humaines et physiques dans lesquelles elle investit depuis des dizaines d’années. »

Selon le dernier rapport intitulé Regional Economic Outlook: MENA Sustaining the Recovery in Times of Uncertainty (Perspectives économiques de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord : « Maintenir la reprise en période d’incertitude)  présenté aujourd’hui par la Banque mondiale, bien que la reprise se soit amorcée dans la région MENA, cette reprise est moins vigoureuse que celle des autres régions en développement. Le taux de croissance devrait s’établir, en moyenne, à 4 % en 2010, soit une augmentation d’un peu moins de 2 points de pourcentage par rapport à 2009, qui reste bien inférieure à celle enregistrée par les pays développés (5,6 points de pourcentage) et par les nations en développement (4,5 points de pourcentage). Il faudra attendre 2011 et 2012 pour que la région MENA puisse retrouver les taux de croissance moyens enregistrés avant les crises économique et financière.

« Les facteurs qui brident la reprise de la région sont présents à des degrés divers, dans les trois grands groupes de pays qui la constituent : les pays exportateurs de pétrole membres du Conseil de coopération du Golfe, les pays en développement exportateurs de pétrole et les pays importateurs de pétrole », a précisé Elena Ianchovichina, auteur principal du rapport et Économiste principale de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) dont les économies sont bien intégrées (Arabie saoudite, Koweït, Bahreïn, Qatar, Émirats arabes unis et Oman), ont été les plus durement touchés par la crise, mais leur reprise a été rapide grâce à la  hausse de la demande de pétrole émanant des marchés émergents asiatiques et à la stabilisation du secteur financier. Leur croissance en 2010 a été bridée par la faiblesse de l’expansion du crédit et par le fait que certains pays du CCG ont dû limiter leur production pour soutenir les prix du pétrole. Les projections pour 2010 font état d’une croissance économique de 4,2 % pour le groupe des pays du CCG, ce qui constitue une forte reprise après une croissance quasiment nulle en 2009. Elles indiquent aussi un taux de croissance de 5 % pour 2011 mais de  seulement 4,8 % en 2012.

Tous les gouvernements des pays du CCG ont poursuivi leurs politiques de relance économique alors que l’économie mondiale commençait à se ralentir au deuxième trimestre de 2010. La principale menace qui pèse sur la reprise dans ces pays est la faiblesse des marchés pétroliers causée par un ralentissement mondial, encore que ce pays ait un espace budgétaire suffisant pour amortir les effets de chocs négatifs des termes de l’échange. Mais le recours systématique aux dépenses publiques n’est pas sans risque. L’expansion budgétaire cessera en partie d’elle-même lorsque les projets auront été achevés, mais à moyen terme, la charge que représente la poursuite de l’augmentation des dépenses d’équipement et de fonctionnement risque d’accroître le coût du capital pour le secteur privé parallèlement à la baisse de l’épargne publique. L’accès limité des Petites et moyennes entreprises (PME) aux financements et les distorsions du marché du travail, qui ont pour effet de décourager l’acquisition de compétences et l’entrée dans le secteur privé, menacent aussi la croissance économique à long terme des pays du CCG.

Les pays en développement exportateurs de pétrole de la région – Algérie, Iran, Iraq, Libye, Syrie et Yémen – ont essentiellement ressenti les conséquences de la crise par le biais du secteur pétrolier car leurs secteurs financiers sont principalement dominés par l’État et ne sont pas reliés aux marchés financiers mondiaux. Selon les projections, le taux de croissance réel dans ces pays, devrait se chiffrer à 2,9 % en 2010, soit une hausse inférieure à un point de pourcentage par rapport au taux de 2,1 % enregistré en 2009, mais il devrait grimper à 4,2 % en 2011, et s’établir à  3,9 % en 2012.

Les pays en développement exportateurs de pétrole sont vulnérables aux chutes brutales des prix pétroliers, aussi la volatilité croissante des cours du pétrole leur pose-t-elle un problème de taille. La volatilité attendue dans les mois qui viennent rend plus difficile encore, mais impose d’autant plus, une gestion prudente des conditions macroéconomiques et des recettes pétrolières.

« La diversification est cruciale pour ces économies », a insisté Mme Akhtar. « Il est urgent que ces pays développent des sources de croissance non pétrolières pour réduire leur vulnérabilité dans l’immédiat et à plus long terme ». De surcroit, a-t-elle ajouté, certains de ces pays sont exposés aux chocs des prix alimentaires causés par les hausses récentes des prix du blé. Le Yémen paraît le plus vulnérable, suivi de près par l’Iraq.

Mme Akhtar a par ailleurs fait remarquer que les pays en développement exportateurs de pétrole sont confrontés à des problèmes structurels profonds, qui vont continuer à faire obstacle à leur croissance à long terme. En réponse à la crise, certains pays sont revenus sur leurs efforts de réforme en adoptant des lois plus protectionnistes – alors que leurs niveaux de protection étaient déjà parmi les plus élevés du monde – et discriminatoires dans le traitement des firmes. D’autres rencontrent des problèmes de production qui limitent le volume de pétrole qu’ils produisent. Les résultats obtenus par ces pays pour les exportations autres que pétrolières ont par ailleurs été faibles par rapport à leur potentiel et comparés à ceux d’autres pays, tandis que leur secteur financier reste grevé par des prêts non productifs.

Les pays importateurs de pétrole – Égypte, Maroc, Tunisie, Liban, Jordanie et Djibouti – ont mieux supporté les effets de la crise que les autres pays de la région MENA, mais l’évolution de la situation en Europe et le problème de la croissance du crédit, qui reste encore relativement faible dans certains pays, vont très probablement freiner la croissance en 2010, surtout pour les pays ayant des liens avec l’Union Européenne (UE). Le Liban fait cependant exception : les secteurs immobilier et bancaire y ont connu une forte expansion et alimenté une croissance vigoureuse. Les pays importateurs de pétrole devraient enregistrer une croissance moyenne de 4,9 % en 2010. À supposer que les réformes structurelles se poursuivent régulièrement, on peut s’attendre à voir les taux de croissance dépasser les niveaux d’avant la crise, pour s’établir en moyenne à 5,3 % en 2011 et 5,7 % en 2012. 

Parmi les pays importateurs de pétrole ayant des liens avec l’UE, le Maroc et la Tunisie sont beaucoup plus tributaires des échanges commerciaux avec l’UE et des envois de fonds que l’Égypte et les autres pays importateurs de pétrole. Anticipant un ralentissement économique persistant dans l’UE, le Maroc et la Tunisie ont prorogé leurs mesures de relance budgétaires ou en ont introduit de nouvelles. Par ailleurs, tous les pays importateurs de pétrole de la région MENA sont désormais exposés à la menace d’une flambée des prix des denrées. L’Égypte et le Maroc auront, selon les estimations, les plus forts volumes mensuels d’importations de blé, et risquent donc de voir augmenter le plus leurs dépenses d’importations. Les mesures de relance ont aidé les pays importateurs de pétrole à faire face à la crise et à soutenir la reprise, mais pour nombre d’entre eux, la marge de manœuvre budgétaire est désormais étroite, ce qui constitue une cause importante de vulnérabilité à long terme. À quelques exceptions près, les pays importateurs de pétrole ont globalement continué leurs réformes et pu ainsi poursuivre le processus de transformation de leur économie, de renforcement de leurs capacités technologiques et d’amélioration de leur compétitivité.

« Dans le contexte de l’après-crise, les pays de la région MENA ne peuvent pas se permettre de perdre de vue les défis structurels que sont, pour le long terme, le maintien de la croissance et la création d’emplois », a expliqué Mme Akhtar. « Nous ne pouvons pas non plus relâcher nos efforts en faveur des personnes vulnérables ; la Banque aide dix pays de la Région MENA à établir des filets de protection sociale bien ciblés, à procéder à des réformes des subventions et à mener des programmes d’assurance sociale efficaces au plan budgétaire. »

Contacts médias
À Washington
Hafed Al-Ghwell
Téléphone : (202) 473-8930
halghwell@worldbank.org
Natalia Cieslik
Téléphone : (202) 458-9369
ncieslik@worldbank.org

COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° :
2011/130/MENA

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