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Yémen : une nouvelle route pour contribuer à la stabilité et à la croissance

03 juin 2014


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Une consultation sur le projet en cours à Mawyah.


LES POINTS MARQUANTS
  • La nouvelle autoroute réduira le temps nécessaire pour accéder aux marchés, équipements de santé et écoles.
  • Une fois achevé l’ensemble des travaux, sept heures suffiront pour traverser le pays du Nord au Sud.
  • La route à quatre voies comportera des dispositifs de sécurité spécifiquement conçus pour le trafic longue distance.

Au Yémen, la Banque mondiale finance le premier tronçon d’une autoroute qui reliera la ville portuaire d’Aden, au Sud, à la frontière saoudienne près de Saada, au Nord, soit un total de 710 kilomètres. Le don accordé par la Banque couvrira la section la plus méridionale, à savoir les 55 kilomètres qui séparent le port d’Aden à la ville de Noubat Dokaim. Destinée aux trajets longue distance, cette nouvelle voie longera plus ou moins en parallèle la route existante, qui accueille pour l’instant un mélange dangereux d’usagers : automobilistes et poids lourds mais aussi vélos et charrettes. Quelque 18 000 véhicules l’empruntent chaque jour. Actuellement, le potentiel de circulation est sous-exploité et le trafic serait bien plus dense si le Yémen ne connaissait pas les problèmes économiques et de sécurité auxquels il est confronté.

Pour le gouvernement de transition, la nouvelle autoroute Saada-Aden constitue un projet phare qui vise à rapprocher le Sud et le Nord du pays, non seulement physiquement et économiquement mais aussi sur le plan politique. À ce titre, ce projet s’inscrit dans le sillage du Dialogue national, une consultation populaire de 14 mois qui s’est terminée en janvier dernier. Par son attrait, le projet a jusqu’ici permis de surmonter les divisions politiques du pays et bénéficie du soutien de l’opinion publique, car il promet de réduire le temps de trajet jusqu’aux villes, marchés, hôpitaux et écoles.

Cette voie express s’inscrit également dans un processus d’intégration régionale plus vaste. Elle devrait relier in fine des villes importantes le long d’un axe Nord-Sud via la région montagneuse du pays, permettant de rallier la frontière septentrionale avec l’Arabie saoudite en sept heures depuis Aden. Le Fonds saoudien de développement finance les 85 kilomètres du tronçon Noubat Dokaim-Taiz.

La phase de sélection des entreprises internationales et yéménites répondant aux critères requis pour la construction du tronçon financé par la Banque mondiale a commencé. Le processus de vérification des droits de propriété sur les terres et les actifs agricoles préalable aux acquisitions de terrains nécessaires vient lui aussi de débuter pour les 140 kilomètres qui séparent Aden de Taiz.

« Dans l’immédiat, ce dont de nombreux Yéménites ont le plus besoin, ce sont des emplois, explique Andreas Schliessler, chef d’équipe du projet à la Banque mondiale. La construction de la voie express créera de nombreuses opportunités d’emplois locaux. Les emplois manuels constituent environ 85 % des emplois créés sur un chantier de construction, et les travailleurs proviennent généralement des régions voisines. » La cimenterie locale, les carrières voisines et les agriculteurs qui fournissent la nourriture devraient également voir leurs ventes augmenter pendant la durée du chantier.

Selon l’évaluation environnementale et sociale menée pour le tronçon Aden-Taiz, 74 villages ou petites zones de peuplement comptant quelque 2 685 ménages, soit 31 695 personnes (agriculteurs, ouvriers, petits entrepreneurs et leurs familles) risquent d’être affectés par les acquisitions de terrains nécessaires. Quelque 2 789 personnes devront déménager, ce qui est relativement peu pour un projet routier de cette envergure.

Ce sont les terres arables qui seront les plus touchées : les autorités yéménites vont acquérir en totalité ou en partie quelque 1 300 parcelles agricoles. D’après le document d’évaluation de projet de la Banque mondiale, ces effets sont partiellement atténués « par le système de propriété foncière multiple qui concerne de nombreux ménages ». Le tracé de la route nécessitera de replanter ou d’abattre plus de 433 000 arbres, pour la plupart des arbustes de qat, dont la feuille narcotique est très prisée des Yéménites, et pour lesquels les agriculteurs seront indemnisés.

Lors de l’acquisition des terres, les autorités yéménites chercheront d’abord à indemniser les agriculteurs en nature (terres contre terres), et l’indemnisation ne sera monétaire qu’en cas d’impossibilité. Il en va de même pour les logements : à chaque fois que possible, une maison démolie sera remplacée par une nouvelle maison. Le budget du chantier englobe le coût des maisons de remplacement que l’entrepreneur devra bâtir.

Le budget d’indemnisation et de relogement, y compris l’aide temporaire à apporter aux personnes concernées, se chiffre à environ 19 millions de dollars et il est financé par l’État du Yémen. Le programme de relogement peut être consulté sur le site Web du ministère des Travaux publics et des Routes et, en version papier, dans ses locaux. Il prévoit un mécanisme de traitement des réclamations.

Le Yémen ne devrait avoir aucun mal à lever des fonds pour construire le reste de la route. Divers donateurs et agences de financement arabes, ainsi que la Corée du Sud, ont déjà fait part de leur vif intérêt pour ce projet. « Cependant, pour l’instant, souligne Andreas Schliessler, le plus important est d’instaurer la paix et la stabilité dans la région de manière à ce que les travaux de construction puissent avancer, et de remédier à la grave pénurie de combustible sur le marché, dont l’entreprise qui construira la route aura grand besoin ».




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