Fiche de résultats : Gestion des ressources en eau

11 avril 2014


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Edwin Huffman/Banque mondiale

Accès à l’eau potable et assainissement pour tous, villes habitables, sécurité alimentaire, sécurité énergétique, création d’emplois par la croissance économique ou encore écosystèmes en bonne santé : la communauté internationale ne pourra pas relever les grands défis du développement propres au XXIe siècle sans améliorer la manière dont les pays gèrent leurs ressources en eau. L’essor démographique et la croissance économique, ainsi que l’intensification de la variabilité du climat, viendront exacerber un stress hydrique déjà bien présent. La Banque mondiale, qui représente l’une des principales sources de financement extérieur pour la gestion de l’eau, se consacre à ces défis au travers d’approches multisectorielles qui englobent le développement d’infrastructures et le renforcement des institutions, tout en privilégiant avant tout les plus démunis. Le soutien apporté à la gestion des ressources en eau dans ses pays clients s’inscrit dans la volonté du Groupe de la Banque mondiale d’accomplir un double objectif : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et promouvoir une prospérité partagée pour les 40 % les plus pauvres dans chaque pays.

Défis

L’eau représente l’un des besoins humains les plus fondamentaux. Elle est indispensable à tous les secteurs de l’économie ou presque, notamment l’agriculture, la production d’énergie, l’industrie et les activités extractives. La gestion de l’eau, qui a une incidence sur la santé, l’égalité des sexes, l’éducation et les moyens de subsistance des populations, est cruciale au développement économique durable et à la réduction de la pauvreté. Or, les ressources hydriques sont soumises à des pressions sans précédent, du fait d’une plus grande consommation liée à la croissance démographique et à des secteurs économiques concurrents, avec pour conséquence des volumes disponibles qui ne peuvent satisfaire les besoins humains ni garantir des débits écologiques pour la bonne santé des écosystèmes. Les eaux souterraines s’épuisent en de nombreux endroits, privant les générations futures et actuelles de réserves qui permettraient de résister à la variabilité accrue du climat.

La dégradation de la qualité de l’eau, résultant d’un large éventail d’activités économiques, réduit la quantité d’eau douce à disposition, appauvrit les sols et altère de nombreux écosystèmes terrestres et marins, et renchérit le coût du traitement de l’eau. Deux milliards et demi de personnes sont toujours privés d’un assainissement fiable et 768 millions d’eau potable, ce qui se traduit par des milliers de décès quotidiens et plusieurs milliards de dollars de pertes économiques annuelles.

De nombreux travaux indiquent que les difficultés iront s’aggravant, sous l’effet du changement climatique, qui s’accompagnera d’une plus grande variabilité hydrologique, avec la survenue plus fréquente de phénomènes météorologiques intenses (sécheresses, inondations, tempêtes violentes…). Les experts estiment que d’ici 2080, 43 à 50 % de la population mondiale vivront dans des pays où l’eau se sera raréfiée, contre 28 % aujourd’hui. Un récent rapport de la Banque mondiale consacré aux enjeux du réchauffement climatique indique que si la température mondiale monte de 4 degrés Celsius, le stress hydrique augmentera dans certaines régions du globe. Le milliard d’habitants vivant dans des bassins tributaires de la mousson et les 500 millions de personnes demeurant dans des deltas sont particulièrement vulnérables. Les pays les plus pauvres, pourtant les moins préparés à cette crise, seront les plus éprouvés. 

Les questions de gestion des ressources en eau sont devenues si pressantes que le Forum économique mondial a placé, en 2014 et pour la deuxième année consécutive, la crise de l’eau au premier rang de ses préoccupations. Devant ces évolutions naturelles et socioéconomiques, les pratiques autrefois appliquées à l’eau sont inopérantes. Les pays ne peuvent se développer durablement ou accroître leur résilience au changement climatique sans une gestion intelligente de l’eau qui tient compte de l’épuisement et de l’altération des réserves, ainsi que d’une répartition des ressources soumise à délibération, en fonction des besoins sociaux, environnementaux et économiques des pays.

La crise mondiale de l’eau nécessite des solutions multisectorielles :

  • Eau et agriculture : en 2050, pour nourrir une planète de 9 milliards d’habitants, il faudra doubler les volumes d’eau actuels dédiés à l’agriculture. L’irrigation, qui représente près de 70 % des prélèvements et 90 % de la consommation au niveau mondial, est de loin le secteur le plus gourmand en eau.
  • Eau et énergie : aujourd’hui, près de 1,2 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité. La part des prélèvements en eau pour la production d’énergie est actuellement estimée à 15 % du total des prélèvements effectués dans le monde. Par ailleurs, alors que les estimations projettent une augmentation de la consommation mondiale d’énergie de 35 % d’ici à 2035, la consommation d’eau par le secteur énergétique risque d’augmenter de 85 %, en dépit d’une exploitation des ressources en eau plus efficace.
  • Eau et développement urbain : au cours des 20 prochaines années, la taille des villes des pays en développement doublera, de même que leur demande en approches intégrées pour gérer l’approvisionnement et la qualité de l’eau, l’assainissement, les systèmes de drainage, l’usage récréatif et la gestion des inondations.
  • Eau et gestion des risques de catastrophes naturelles : l’incidence des catastrophes naturelles sur le développement socioéconomique est largement imputable à l’eau (a). Les risques liés à l’eau représentent 90 % de l’ensemble des catastrophes naturelles, tandis que leur fréquence et leur intensité vont généralement croissant. En 2010, selon le secrétariat général des Nations Unies, 373 catastrophes naturelles ont fait plus de 296 800 victimes, affecté près de 208 millions de personnes et coûté environ 110 milliards de dollars.
  • Eau et assainissement : deux milliards et demi de personnes au moins n’ont toujours pas accès à des installations d’assainissement améliorées et 780 millions de personnes à une eau potable. La fourniture durable de ces services exige une gestion et une planification intégrées, notamment pour sécuriser un approvisionnement en eau de qualité.

 

La plupart des secteurs économiques (agriculture, énergie, industrie, activités extractives…) affectent à la fois la quantité et la qualité des ressources en eau, ce qui a pour effet de raréfier leur disponibilité. La répartition de ces ressources limitées entre différents secteurs économiques concurrents, conjuguée aux besoins écologiques, va devenir un enjeu croissant pour de nombreux pays. L’absence de mécanismes de répartition appropriés freinera le développement des pays, ce qui entraînera une plus grande inégalité de revenu et des pressions exacerbées sur l’environnement.

Solutions

Du fait de sa capacité à opérer sur différents secteurs et dans nombre de pays, la Banque mondiale se trouve dans une position privilégiée pour aider les communautés à faire face au changement climatique par une gestion intégrée des ressources en eau. La Banque mondiale est l’un des principaux pourvoyeurs de savoir-faire et d’assistance technique dans le domaine de l’eau. Elle est le plus grand bailleur de fonds multilatéral pour ce secteur dans les pays en développement, avec des investissements dans ce domaine qui représentent 18 % de son portefeuille global en 2014 (soit 32 milliards de dollars d’engagements en cours) et sont centrés sur l’objectif de favoriser le partage de la prospérité et la réduction de la pauvreté.



Résultats

Sur le terrain, les résultats liés aux activités financées par l’IDA et la BIRD peuvent être mis en évidence dans les domaines critiques suivants :

Adaptation au changement climatique

Les projets de gestion des ressources en eau financés par la Banque mondiale visent à mieux préparer les pays face au changement climatique. Au Viet Nam, par exemple, la Banque mondiale a participé en 2012 à l’élaboration d’une méthodologie de hiérarchisation des priorités d’adaptation au changement climatique qui pourrait nourrir l’élaboration d’un Plan d’adaptation national sous l’égide de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette démarche est particulièrement importante pour le Viet Nam, qui abrite des écosystèmes fragiles comme le delta du Mékong, dont sont tributaires plusieurs millions de personnes pour leur alimentation et leur subsistance.

La planification à long terme des ressources hydriques et la gestion des bassins versants, bénéfiques à l’approvisionnement en eau, à l’agriculture, à l’aquaculture et aux écosystèmes, contribuent aussi à modérer l’intensité des inondations ou l’exposition aux sécheresses. Au Yémen, les fonds alloués par l’IDA (45,2 millions de dollars sur la période 2002-2008) ont permis de doter la ville de Taiz et sa périphérie d’équipements essentiels à la maîtrise des inondations. À la clôture du projet, les principaux quartiers de Taiz étaient protégés contre les crues subites et habitables en toute sécurité. Grâce au projet, la valeur foncière a crû de plus de 100 %, et plus aucun édifice d’habitation ou commercial n’a à déplorer de dégâts (alors que l’on comptait auparavant 160 immeubles résidentiels et 660 entreprises endommagés par an). Ces résultats ont conduit l’IDA à octroyer un financement additionnel d’un montant de 35 millions de dollars destiné à déployer les activités à grande échelle et à étendre ainsi les effets du projet original sur le développement. Des ouvrages de protection contre les inondations et des raccordements complémentaires aux réseaux d’évacuation ont permis d’améliorer les conditions de santé et d’hygiène en réduisant le déversement des eaux usées dans des zones auparavant propices à la prolifération des moustiques porteurs du paludisme.

L’usage raisonné des eaux souterraines est également crucial pour résister aux sécheresses et au changement climatique : les aquifères souterrains peuvent en effet servir de réserve durable lorsque les eaux de surface viennent à manquer. Le Projet de gestion de l’eau du bassin de Sanaa (2003-2010, 24 millions de dollars) financé par l’IDA a été la première initiative menée au Yémen pour faire face à la crise de l’épuisement des eaux souterraines en réduisant la consommation d’eau d’environ 4 000 hectares de terres irriguées et en favorisant le renouvellement des eaux souterraines, ce qui a permis de faire baisser les prélèvements dans les aquifères locaux de plus de 15 millions de mètres cubes d’eau par an.

Eau et sécurité énergétique

Qu'il s'agisse de l'hydroélectricité mais aussi du refroidissement des centrales thermiques ou encore de de la vapeur faisant tourner les turbines dans les centrales solaires à concentration, la quasi-totalité des procédés de production d'énergie exige d'importantes quantités d'eau. La croissance démographique et l’essor rapide des économies accentuent en outre la demande d’eau et d’énergie, et plusieurs régions du monde connaissent déjà des pénuries importantes sur ces deux plans. Pour remédier à ces difficultés, la Banque mondiale a expérimenté plusieurs approches innovantes, comme l’instauration d’une assurance publique contre la sécheresse et les prix élevés du pétrole en Uruguay (450 millions de dollars), qui vise à protéger les consommateurs contre la cherté et la volatilité des prix de l’électricité en cas de sécheresse, ou l’élaboration d’instruments de planification intégrée dans le cadre de l’initiative Thirsty Energy en Afrique du Sud.

L’hydroélectricité est aujourd’hui la première source d'énergie dans le monde qui soit à la fois renouvelable, abordable et décarbonée. Le Projet hydroélectrique de Trung Son au Viet Nam, (330 millions de dollars) financé par la BIRD et approuvé durant l’exercice 2011, a pour ambition de fournir un approvisionnement en électricité à moindre coût, sans transiger sur la sécurité et le respect de l’environnement. La première phase de construction du barrage a débuté en décembre 2013 et se terminera en 2017. À sa livraison, le projet devrait produire en moyenne chaque année 1 019 gigawatt-heures (GWh) d’électricité. Il permettra également de contrôler les inondations annuelles de la vallée fluviale en aval et de fournir un approvisionnement d’appoint à l’agriculture lors de la saison sèche. Au cours de l’exercice 2010, l’IDA a alloué 85 millions de dollars supplémentaires pour le Projet d’hydroélectricité de Felou, d’une capacité de 60 MW, au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée et au Mali, afin de permettre aux habitants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest de bénéficier d’une source d’électricité stable, fiable et bon marché.

Eau et sécurité alimentaire

L’agriculture est le secteur le plus consommateur d’eau dans le monde et, dans de nombreux pays à faible revenu, elle emploie la majorité de la population active. La plupart des terres agricoles viables sont déjà exploitées, tandis que la nécessité d’accroître considérablement la production afin de nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse dépendra largement de l’irrigation.

Le Projet d’irrigation dans les exploitations agricoles en République kirghize (2000-2013, 20 millions de dollars) a été élaboré dans le but d’augmenter les rendements des anciennes coopératives d'État au moyen d’une distribution d’eau fiable et durable. Le projet, dont l’activité principale a consisté à renforcer 450 associations d’usagers d’eau en leur fournissant appui et formation, a abouti à la création et à la consolidation de ce type de structure. Plus de 50 000 personnes ont reçu une formation et près de 450 associations d’usagers, comprenant 166 000 membres, ont été officiellement désignées pour assurer la gestion de l’irrigation de 710 000 hectares arables, soit près de 70 % des terres irriguées du pays.

En Chine, le Projet de gestion intégrée de l’environnement et de l’eau du bassin du Hai, achevé en 2011, a promu avec succès une approche intégrée de la gestion des ressources hydriques et de la lutte contre la pollution dans la région, et contribué à la restauration et à la protection de l'environnement, de l’écosystème et de la biodiversité de la mer de Bohai. Ce projet a concerné 16 comtés du nord de la Chine et a bénéficié à plus de 20 millions de personnes. L’amélioration des pratiques d’utilisation de l'eau conjuguée au contrôle de la pollution dans le bassin du fleuve Hai ont permis d’améliorer la santé des habitants et leurs conditions de vie, d’éliminer les effluves nauséabondes et de mettre en valeur le paysage et les agréments du bassin. Les agriculteurs ont également tiré profit d’une gestion plus efficace de l’irrigation axée sur la consommation d’eau qui a permis d'augmenter la productivité de l'eau, les rendements agricoles et les revenus des ménages. À long terme, ces bénéfices s'étendront également aux pêcheurs et aux populations riveraines de la mer de Bohai grâce à une eau de meilleure qualité, des stocks de poissons plus nombreux et une plus grande biodiversité.

Promotion de la gestion des ressources en eau au niveau local

Les institutions de gestion des ressources en eau couvrent l’ensemble des niveaux d’intervention : local, bassin hydrographique, national et international. Avec le soutien de la BIRD, la Colombie (800 millions de dollars au total) a lancé un certain nombre de réformes visant à améliorer la gestion de l’environnement, et notamment celle des ressources en eau. Le gouvernement a adopté une politique nationale de l’eau et instauré un groupe responsable des ressources en eau au sein du ministère de l’Environnement, du Logement et du Développement territorial. Il s’agit de la première entité centralisée chargée des activités de planification et de budgétisation en matière de gestion des ressources en eau dans le pays. Au moins 25 municipalités ont adopté des plans de gestion des bassins versants dans les zones de pénurie d’eau afin de mieux gérer et mieux contrôler une ressource nationale précieuse.

Le renforcement des partenariats pour exploiter les connaissances et les technologies innovantes est un élément de réponse important. La Banque mondiale a récemment accordé un don de 5 millions de dollars pour améliorer la gestion de l’agriculture et des ressources en eau, en Jordanie, en Tunisie, au Maroc et au Liban et pour soutenir l’action du Conseil arabe de l’eau. Elle s’est associée à la NASA et à l’Agence des États-Unis pour le développement international afin de s’appuyer sur des technologies de télédétection de pointe qui permettent d’améliorer l’accès et les capacités de surveillance en matière de sécheresse et d’inondation. Les bénéficiaires sont in fine les agriculteurs et leur famille qui peuvent prendre des décisions plus informées concernant leurs cultures. Cette technologie contribue également à faire des choix plus avisés en matière de gestion des ressources hydriques.

Gestion fluviale transfrontalière

Alors que la planète compte 263 cours d’eau internationaux, il est essentiel d’encourager une gestion coopérative qui garantisse une utilisation plus productive des ressources en eau et contribue ainsi à faire reculer la pauvreté. La Banque mondiale encourage la gestion conjointe des cours d’eau transfrontaliers au travers de projets divers, notamment en Afrique. Dans le bassin du fleuve Sénégal, les projets financés par l’IDA ont contribué à renforcer l’efficacité de la gestion des ressources fluviales, avec notamment l’incorporation de la Guinée dans l’organisation chargée de cette gestion, ce qui a permis de parvenir à une gestion intégrée des ressources en eau sur la totalité du bassin. Le Programme pour la coopération dans les eaux internationales en Afrique a mis au point des programmes transfrontaliers avancés pour le Nil, l’Afrique australe et l’Afrique de l’Ouest avec le soutien de bailleurs de fonds. À ce titre, le Projet hydroélectrique des chutes de Rusumo, fruit d’une initiative conjointe entre le Burundi, le Rwanda et le Tanzanie, devrait être achevé en 2016 ; il constitue une étape importante dans la coopération transfrontalière entre les pays participant à la gestion du Nil. Dans le bassin du Mékong (a), la Banque mondiale travaille étroitement avec la Commission du Mékong, qui assure la gestion coopérative du bassin, afin d’aider les États riverains à consolider leurs capacités de gestion intégrée des ressources en eau et de gestion des risques de catastrophe naturelle.



Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Dans le cadre des projets approuvés entre les exercices 2004 et 2013, le volume des financements de la Banque mondiale pour la gestion des ressources en eau s’est établi à près de 8,08 milliards de dollars. Pour les exercices 2011 et 2012, les fonds de la Banque mondiale consacrés à la gestion des ressources en eau se sont élevés à 1,2 milliard de dollars. En 2013, ce montant était de 800 millions de dollars.

Partenaires

Avec ses partenaires, la Banque mondiale travaille à la promotion d'initiatives innovantes pour la gestion intégrée des ressources en eau. En raison de l’envergure des besoins et des initiatives en la matière, ce type de collaboration s’est révélé significatif.

La Banque mondiale consolide la qualité de ses projets pour l’eau grâce à l’appui complémentaire fourni par ses programmes de partenariat mondiaux.

Le Programme de partenariat pour l’eau (WPP) (a) est un fonds fiduciaire multidonateurs qui seconde la Banque mondiale dans ses efforts de réduire la pauvreté en appuyant ses opérations et travaux analytiques par l’intégration d’approches pragmatiques en matière de gestion des ressources en eau et de services d’eau et d’assainissement. Au cours de la première phase du programme, qui s’est étendue sur la période 2009-2012, celui-ci a eu une incidence déterminante sur l’allocation d’environ 11,7 milliards de dollars de financements de la Banque mondiale et a ainsi permis l’accès de 50 millions de personnes à des services d’eau et d’assainissement améliorés. Lors de la deuxième phase du programme (2013-2016), plus de 40 millions de dollars seront affectés aux enjeux de l’eau, avec des initiatives qui porteront sur les interactions entre sécurité alimentaire, énergétique et hydrique, et qui favoriseront des trajectoires de croissance verte et à l’épreuve du changement climatique.

Tous les processus de production d’énergie ou presque mobilisent des volumes d’eau considérables. Inversement, le secteur de l’eau a besoin d’énergie pour puiser, traiter et transporter l’eau. Par ailleurs, énergie et eau entrent toutes deux dans la production des cultures agricoles. Pour accompagner la volonté des pays de remédier de manière proactive aux défis liés à la gestion de l’eau et de l’énergie, la Banque mondiale a lancé en 2013, avec l’appui du Programme de partenariat pour l’eau, une initiative mondiale baptisée Thirsty Energy. Destinée à préparer les États à un avenir incertain et à dépasser le cloisonnement des disciplines qui nuisent aux approches multisectorielles, cette initiative entend démontrer l’importance d’approches conjointes pour la gestion de l’eau et de l’énergie fondées sur la demande dans plusieurs pays, afin d’illustrer la façon dont les outils opérationnels dédiés à la gestion des ressources et fonctionnant sur la base de données tangibles peut favoriser un développement durable.       

Les activités du Partenariat mondiale pour l’eau adoptent une approche globale à l’égard des ressources en eau, avec des interventions à l’échelle d’un bassin hydrographique, d’un delta ou d’un pays afin d’évaluer et de définir les meilleures stratégies de gestion durable. Le programme est doté d’une équipe d’experts (a) d’envergure mondiale, à même de répondre aux demandes complexes et urgentes, qui consacre également deux tiers de son soutien aux programmes de gestion des ressources en eau de la Banque mondiale qui visent l’amélioration des prises de décision en matière de gestion des risques de catastrophe naturelle et des incertitudes liées à la variabilité de la disponibilité en eau et à l’incidence du changement climatique.

Lancée en 2009, l’Initiative pour le secteur de l’eau en Asie du Sud (SAWI) (a) est un partenariat multidonateurs entre la Banque mondiale, le Royaume-Uni, l’Australie et la Norvège dont l’objectif premier est de renforcer la coopération régionale dans la gestion des principaux systèmes fluviaux de l’Himalaya afin de promouvoir un développement durable, équitable et inclusif, à l’épreuve du changement climatique. Le projet soutient des interventions destinées à la gestion des réseaux hydrographiques transfrontaliers du Grand Himalaya (Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Chine, Inde, Népal et Pakistan). L’ambition de cette initiative est de démontrer qu’une coopération entre bassins hydrographiques partagés conduit à des bénéfices mutuels et d’aider à leur concrétisation.

Le Programme pour la coopération dans les eaux internationales en Afrique (CIWA) vise à soutenir et aider des États voisins à coopérer pour lever des barrières qui entravent leur croissance et leur développement. Il s’emploie plus particulièrement à renforcer la coopération régionale ainsi que la gestion et le développement des ressources en eau, tout en promouvant l’implication et la coordination des acteurs concernés en favorisant leur représentation et leur responsabilisation. Ce programme est soutenu, entre autres partenaires de développement, par le Royaume-Uni, le Danemark et la Norvège.

En mars 2011, la Banque mondiale a signé un protocole d’accord avec les États-Unis pour une collaboration plus large et plus importante dans le secteur de l’eau. Elle travaille dans ce cadre en étroite collaboration avec 16 organismes américains afin de fournir un appui aux pays en développement dans la gestion des crises de l'eau mondiales : pénurie d'eau potable et absence d'assainissement, épuisement des aquifères, sécheresses, inondations et répercussions du changement climatique.

Perspectives

Pour pérenniser les avancées décrites ci-dessus et accroître leurs effets bénéfiques sur le plan de la réduction de la pauvreté et du développement durable, il est essentiel que la Banque mondiale continue d’exercer un rôle moteur et d’apporter un soutien accru à la gestion des ressources hydriques. La nouvelle stratégie pour le secteur de l’eau en cours d’élaboration consolidera les bonnes pratiques de gestion de l’eau afin d’asseoir l’objectif ambitieux de la Banque mondiale d’être à la pointe de ces enjeux et de répondre à l’évolution des besoins des pays clients. Cette stratégie place l’eau au cœur de l’aide accordée aux populations, aux économies et aux écosystèmes afin qu’ils prospèrent, en en faisant un facteur clé de l’élimination de la pauvreté dans le monde. La Banque mondiale se donne comme perspective de :

  • Redoubler d’effort pour faire face à la variabilité du climat dans le cadre des projets qu'elle finance, au niveau notamment de l’amélioration du stockage de l’eau et d’autres mesures d’adaptation, de la lutte contre les inondations et de la capacité de réaction en cas d’intervention d’urgence ;
  • Consacrer davantage de ressources à l’exploration et au renforcement des liens entre le secteur de l'eau et d'autres secteurs, comme l'énergie, l'agriculture et l'environnement, et soutenir les initiatives qui visent une meilleure efficacité des institutions et des mécanismes de répartition des ressources hydriques ;
  • Veiller à ce que les aspects liés à l’eau soient pris en compte dans la planification sectorielle des États ;
  • Améliorer l’efficacité des systèmes d’approvisionnement en eau ;
  • Veiller à ce que les priorités en matière de sécurité alimentaire prennent en compte l’irrigation et coopérer avec les pays clients pour améliorer la maîtrise de l’eau au sein des réseaux d’irrigation existants ;
  • Renforcer l’utilisation et la diffusion de données pour favoriser la prise de décision et les échanges entre pays et faciliter l’intégration des technologies pour accroître la fiabilité des informations ;
  • Continuer à accorder un soutien important aux réformes institutionnelles et au renforcement des capacités des organisations concernées et consolider les partenariats mondiaux qui concernent l’eau pour assurer un impact durable.

Bénéficiaires

Il y a quelque chose dont Arwa Mohamed se souvient bien. Quand il pleuvait, les eaux de crue dans les rues de son quartier de Taiz étaient si hautes que les habitants ne pouvaient pas se déplacer pendant des jours. « Quand il pleuvait et que les enfants étaient à l’école, nous avions peur car les rues étaient coupées à cause des inondations et ceux qui étaient à la maison — les mères — guettaient leurs enfants à la fenêtre et leur criaient : ‘N’essaie pas de traverser, c’est dangereux !’ Une fois, l’inondation a même emporté une vieille dame et son petit-fils ». Mais maintenant, déclare Arwa, son quartier est sûr. Bien sûr il pleut toujours, mais les eaux de pluie coulent désormais en dessous de son quartier, au lieu de le traverser, grâce à la construction d’un canal couvert. « Aujourd’hui, nous avons de belles rues pavées et nous pouvons traverser même pendant les inondations, mais avant, la vie s’arrêtait complètement pour nous quand il pleuvait, vous comprenez ? »

Selon Shawki Ahmed Hayel Saeed, entrepreneur et conseiller municipal de Taiz, « le projet ne se résume pas aux améliorations apportées pour résoudre les problèmes d’inondations qui ont touché Taiz ces dernières années : il a également conduit à la signature d’autres contrats pour paver et goudronner de nombreuses rues, employer une vaste main-d’œuvre et aider le conseil municipal à former des gens et à pouvoir leur offrir un plus grand revenu, du fait de leur participation à ce projet. »

Pour Amin Jibari, ce projet a enfin mis le sous-sol de sa maison à l’abri de tout accident : « Plus de sinistre, tout est rentré dans l’ordre après la construction du caniveau et d'un mur de protection, l'eau n’envahit plus la maison. Finie, l’angoisse : les inondations, c’est du passé ! ». Depuis l'installation d’un caniveau à proximité de son domicile, cet épicier de 28 ans et les cinq membres de sa famille ne sont plus en danger.


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15 millions de m3
C’est la baisse des prélèvements effectués chaque année dans les aquifères locaux grâce à l’amélioration de l’irrigation au Yémen.




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