La croissance des villes africaines atteint 3,9 % par an, taux le plus élevé au monde. Les systèmes existants de gestion des ressources en eau sont insuffisants pour faire face à la demande qu'entraîne la croissance urbaine. Des études prévoient que dans les 25 prochaines années, la demande en eau sera quatre fois plus importante qu'aujourd'hui. Ce taux de croissance anticipé est bien plus rapide que dans toute autre région du monde.
À l'heure actuelle, environ 320 millions d'Africains vivent en zone urbaine. Ce nombre devrait passer à 654 millions d'ici 2030. Conjuguées, la croissance démographique et la hausse des besoins en eau - réseaux municipaux, industrie, développement écologique - vont exercer de fortes pressions sur les ressources en eau, déjà fragiles.
L’approche IUWM en action
L'approche IUWM vise à améliorer les réseaux urbains d'alimentation en eau en persuadant les responsables des politiques d’adopter une vision globale de toutes les étapes du cycle de vie de l'eau en milieu urbain.
« L'infrastructure de gestion de l'eau en milieu urbain sera différente demain. Elle tiendra compte de la rareté et de la qualité de l'eau, et aura une vision entièrement différente de la production et de la consommation d'énergie, » explique Julia Bucknall, directrice sectorielle, unité de l'eau, à la Banque mondiale.
L’approche IUWM incite à se poser des questions importantes, parmi lesquelles :
Quel est l'impact de l'utilisation des sols et de l'irrigation en amont sur la disponibilité et la qualité de l'eau en aval ?
Les latrines à fosse et les modes d'assainissement contaminent-ils l'eau souterraine ?
Des déchets solides encrassent-ils les bouches d'égout, favorisant les débordements ?
L'eau utilisée pour nettoyer les rues et les parcs doit-elle être potable ?
La gestion de l'eau est-elle optimisée en fonction de ses usages - consommation, irrigation et fabrication ?
Bucknall note que « La plupart des villes d'Europe et d'Amérique du Nord devront être repensées et reconstruites. Les villes africaines en développement ont l'occasion d'être bâties dès le départ sur ce mode de gestion intégrée. Cet effort nécessite un sens de l'engagement sans faille, mais les dirigeants africains sont nombreux à comprendre les enjeux de cette nouvelle approche. Nous appuyons leur engagement avec enthousiasme. »
L'ouvrage met en avant les démarches fructueuses et cite des exemples de comment les villes africaines peuvent mettre en œuvre des approches d'IUWM donnant lieu à des solutions innovantes. Par exemple :
Windhoek, Namibie - De fortes pressions s'exerçaient sur les ressources en eau de la ville. Désormais, 26 % de l'eau distribuée à Windhoek est issue du recyclage des eaux usées. Windhoek compte l'un des rares réseaux d'eau au monde qui recyclent et retraitent l'eau usée pour en faire une eau propre à la consommation.
Arua, Ouganda – Arua propose la mise sur pied d'un système de faible technicité afin de traiter les eaux usées aux abords de la ville, qui gagne en superficie. Ce système combinera des systèmes décentralisés de traitement des eaux usées (DEWATS) et un traitement par bio-filtration.
Nairobi, Kenya – Une approche intégrée visant la réduction des fuites, une gestion améliorée de la demande en eau et de la récupération des eaux pluviales et des eaux de ruissellement, ainsi que le recyclage des eaux domestiques pourraient conférer davantage de souplesse et de résilience à la ville.
Cette étude s'inscrit dans l'effort IUWM financé au titre du Programme de partenariat pour l'eau (WPP), qui appuie l'élaboration de cadres conceptuels, de lignes directrices de mise en œuvre, ainsi que de projets pilotes d’approches IUWM dans d'autres grandes villes, en Amérique latine, au Caraïbes, en Europe et en Asie centrale. Les enseignements tirés des projets pilotes ont suscité l'intérêt de plusieurs villes, comme Nairobi et Sao Paulo, lesquelles prévoient utiliser les fonds de la Banque mondiale pour incorporer les principes IUWM à leurs projets pilotes.