NDJAMENA, le 10 avril 2012 — Djiatou est un exemple achevé d’un village enclavé en toute saison. Situé seulement à 25 km du District Sanitaire de Pala (400 km au Sud-Ouest de la capitale), il a fallu plus d’une heure de voiture (land cruiser 4x4) pour le joindre. Sous un soleil de plomb ce jour à la place publique du village se dresse un attroupement composé essentiellement de femmes. Un spectacle inhabituel qui n’a rien à voir avec les ambiances des marchés hebdomadaires dans cette région. Tous les villageois réunis ce jour partagent un seul souci : être là présent pour bénéficier de la précieuse consultation de l’équipe mobile en santé de reproduction mise en place par le PPLS2 afin d’étendre la couverture médicale aux villages reculés et inaccessibles.
De tels rendez-vous sont si précieux puis que les équipes mobiles ne visitent qu’une fois par mois les villages les plus reculés n’ayant pas accès aux centres de santé. Constituées le plus souvent d’une sage femme, de deux infirmiers, d’un laborantin d’une assistante sociale et d’un chauffeur, les équipes mobiles ont pour objectif d’améliorer les services de santé maternelle et infantiles ainsi que la prévention des IST/VIH/SIDA. Et les résultats de cette expérience sont aujourd’hui au-delà des attentes de la zone du projet. Les équipes mobiles parviennent ainsi à visiter 20 sites dans le mois à raison de 100 à 120 consultations par visite.
Profitant d’une mission effectuée sur le terrain par le Représentant de la Banque mondiale au Tchad, les autorités politiques locales, les leaders communautaires, la société civile et mêmes les bénéficiaires de ce projet ont tenu a remercier la Banque mondiale pour ses réalisations sur le terrain. Le Gouverneur du Mayo-Kebbi Ouest et le Préfet du Département de Lac Léré ont mentionné l’énormité des besoins en matière de santé auxquels la région fait face tout en saluant les interventions de la Banque dans le secteur de la santé à travers le déploiement des équipes mobiles.
Quant aux Chefs des trois villages visités, ils ont unanimement exprimé leur reconnaissance au PPLS2 à travers le travail des équipes mobiles qui ont contribué à améliorer la santé des enfants et des femmes dans les villages éloignés des centres urbains. En effet, selon la sage femme du Centre de santé urbain de Pala, « l’introduction des équipes mobiles dans le dispositif de santé dans la région a nettement soulagé les populations vulnérables comme les femmes et les enfants dans le Mayo-Kebbi Ouest ». Les 11 équipes opérationnelles couvrent les villages environnants dans un rayon allant jusqu'à 50 km. L’effet bénéfique immédiat a été surtout de mettre fin aux souffrances des femmes enceintes qui parcourent des kilomètres pour des visites prénatales a Pala ou a Léré. De manière générale, la couverture médicale s’est effectivement étendue dans les villages isolés et inaccessibles. En même temps qu’elles témoignaient de leur reconnaissance par rapport aux interventions de la Banque, les autorités locales craignent pour la pérennité de ces opérations surtout en matière de santé. Elles souhaitent que les équipes mobiles continuent à opérer jusqu’à l’arrivée d’un centre de santé dans le village.
D’après les entretiens, les résultats des équipes mobiles sont allés au delà de l’attente. Les équipes mobiles non seulement réduisent la distance mais ont aussi stimulé sensiblement la demande pour les soins concernant la santé maternelle et infantile ainsi que le dépistage.
Pour les patientes rencontrées alors qu’elles étaient en pleine consultation, « les équipes mobiles ont largement améliorés l’accès des communautés aux prestations de santé maternelle et infantile. La satisfaction est totale en termes de vaccinations, de consultations prénatales, de dépistage des IST, VIH-SIDA ». La forte demande et l’excellente réponse en « Planning Familial » (espacements, condoms, contraceptifs, etc.) ont conduit à des changements notables de comportements au niveau de la population bénéficiaire.
Cependant les équipes n’ont pas suffisamment de moyens pour répondre à cette forte pression. Il a été surtout fait mention des cas de malnutrition sévère que les équipes n’ont pas malheureusement les moyens pour y répondre. De même, quelques difficultés sont à signaler à savoir : de fréquentes ruptures de stocks d’intrants, la non prise en charge des cas de malnutrition, et la forte demande de la population qui nécessite des moyens additionnels. Enfin la demande des communautés demeurent fortes en ce qui concerne la prestation des Equipes mobiles qui ne couvrent que 3 préfectures sur 8 que compte le Mayo-Kebbi Ouest.
