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Forum mondial de l’eau : la Banque mondiale prône une vision holistique pour l’eau

22 mars 2012



Du développement humain à la sécurité alimentaire en passant par l’énergie, l’urbanisation et le changement climatique, l’eau est au cœur de la croissance verte. Cette vision holistique préconisée par la Banque mondiale suppose de soutenir des infrastructures hydrauliques respectueuses de l’environnement et de toute taille — grands barrages y compris — pour aider les pays à s’adapter au changement climatique et garantir l’accès des populations pauvres à l’eau et à l’énergie.

Au Forum mondial de l’eau, qui s’est déroulé à Marseille du 12 au 17 mars, des experts de la Banque mondiale et d’autres intervenants ont débattu de cette vision et de l’importance d’une approche transectorielle et d’un appui accru pour l’assainissement de base à l’échelle mondiale.

Débat sur le stockage de l’eau

« Dans la perspective du changement climatique, et à mesure que nous avançons vers une croissance verte, les infrastructures hydrauliques à grande échelle ont un rôle essentiel à jouer », a observé Rachel Kyte, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable, lors d’un débat sur le rôle du stockage de l’eau dans l’amélioration de la résilience au changement climatique.

Rachel Kyte explique que tous les pays devront en passer par une transition énergétique et que les partenaires au développement tels que la Banque mondiale devront les aider à trouver des solutions judicieuses. Selon le professeur John Briscoe, de l’université Harvard, il est indispensable que les pays prennent leurs propres décisions en matière de barrage et de retenue d’eau. Gabriel Azevedo, de Odebrecht Energia, affirme que le Brésil choisira assurément une solution incluant de grands ouvrages. Suresh Prabhu, ancien ministre de l’Énergie de l’Inde, déclare, quant à lui, que « lorsqu’on a une population nombreuse, on ne peut se contenter de petites solutions. »

Face à la demande de ses clients et à la crise financière, le Groupe de la Banque mondiale accroît son appui à l’infrastructure hydraulique depuis 2007. C’est actuellement la plus importante source extérieure de financement du secteur de l’eau : sur l’exercice budgétaire 2011, ses financements ont atteint 7,5 milliards de dollars.

« Tout le monde semble se réjouir du retour de la Banque mondiale » : c’est avec cette citation de Peggy Hollinger, du Financial Times, que l’on peut résumer le sentiment général autour du débat consacré à Marseille au stockage de l’eau.

De nouvelles initiatives pour l’eau et l’énergie

À peine trois mois nous séparent de Rio +20, la Conférence des Nations Unies pour le développement durable, si bien que la croissance verte a constitué une thématique essentielle des discussions au Forum mondial de l’eau. Que ce soit au cours des sessions sur l’eau potable en milieu rural, sur les nouveaux réseaux urbains d’adduction d’eau ou sur la sécurité alimentaire, les intervenants ont souligné qu’un travail transectorielle était indispensable pour pouvoir prendre à bras le corps les problèmes de développement de la planète.

Pour la première fois, le Forum a comporté un ensemble spécifique d’activités axées sur le lien eau/énergie, et en particulier sur les questions liées à l’eau de refroidissement, à la pollution de l’eau due à l’extraction d’hydrocarbures (tels que le gaz de schiste) et à la consommation d’eau destinée à la production de carburants (biocarburants), ainsi qu’à l’hydroélectricité.

« Alors que, par le passé, nous pouvions tout à fait aborder les problèmes sous un seul angle, aujourd’hui, si nous voulons rester pertinents, il nous faut tenir compte des interactions entre les secteurs, explique Jose Luis Irigoyen, directeur du département des transports, de l’eau et des technologies de l’information et des communications à la Banque mondiale. Un nouveau réseau politique pour l’énergie et l’eau a été lancé à Marseille, et nous nous réjouissons à l’avance d’en être un acteur dynamique. »

Un tsunami silencieux

Peu avant le Forum de Marseille, l’UNICEF et l’OMS annonçaient que le monde avait atteint la cible des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) consistant à réduire de moitié le pourcentage de la population qui n’a pas accès à un approvisionnement en eau potable. En effet, entre 1990 et 2010, le nombre de personnes ayant accès à des sources d’eau potable a augmenté de plus de deux milliards.

Toutefois, il reste beaucoup à faire si l’on veut s’assurer que les pauvres ne sont pas laissés pour compte. La couverture de l’Afrique subsaharienne est encore bien en deçà de cette cible, et le monde ne parviendra pas à atteindre celle relative à l’assainissement.

S’exprimant lors d’un panel de haut niveau sur l’eau et les catastrophes, Maria Mutagamba, ministre de l’Eau et de l’Environnement de l’Ouganda, a attiré l’attention sur le « tsunami silencieux » qui ravage l’Afrique : quelque 3 000 enfants y meurent chaque jour à cause d’un manque d’hygiène et d’assainissement.

Selon Jaehyang So, directrice du Programme pour l’eau et l’assainissement (WSP), « tout le monde reconnaît qu’il faut davantage de financements et de connaissances si l’on veut mettre en place un assainissement de base, lequel est crucial à la fois pour la croissance verte et pour la santé publique. »

Journée mondiale de l’eau

Comme l’ont fait remarquer les participants au Forum mondial de l’eau, les pays devront trouver de meilleures solutions pour gérer les ressources hydriques s’ils veulent éviter de manquer d’eau pour couvrir leurs besoins élémentaires dans les années qui viennent. Afin de contribuer à la recherche de ces solutions, le Social Change Film Festival and Institute, la Banque mondiale, le WSP et l’IFC se sont associés pour organiser l’événement Every Drop Counts (« Chaque goutte compte ») à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars.

Un débat d’experts, animé par Jose Luis Irigoyen et auquel participera Jeff Martin, fondateur de Tribal Technologies et de mPowering et ancien proche collaborateur de Steve Jobs chez Apple, explorera de nouvelles approches et technologies susceptibles d’avoir des répercussions à grande échelle.

Cet événement donnera lieu aussi à une projection en avant-première du documentaire Last Call at the Oasis (Participant Media), qui tire la sonnette d’alarme : la crise mondiale de l’eau est le plus urgent des défis planétaires du XXIe siècle.


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