Renforcement des institutions en République centrafricaine

08 février 2013


Le projet multisectoriel d’urgence à l’appui de la lutte contre le VIH/sida, de la santé et de l’éducation avait pour objectif d’aider les autorités centrafricaines à répondre des besoins sociaux urgents : prévention du paludisme, élargissement de l’accès à l’eau, amélioration de l’enseignement primaire et accès à des services de prévention, traitement et atténuation du VIH. En mars 2012, date de clôture du projet, 118 862 personnes avaient été dépistées, dont 10 465 femmes enceintes. Des traitements antirétroviraux (ARV) avaient été fournis à 1 624 adultes et 95 enfants, et 45 laborantins formés aux techniques de transfusion sanguine. Parallèlement, 16 laboratoires avaient reçu des groupes électrogènes et 15 centres de soins des équipements médicaux.

Défi

Au moment de l’évaluation initiale du projet, en 2000, la République centrafricaine (RCA), en proie à un conflit armé, connaissait une forte instabilité politique et affichait un taux de pauvreté de 67 %. Les guerres récurrentes avaient fait reculer le pays aux dernières places de l’indice de développement humain (165e rang sur 173), avec une espérance de vie estimée à 44,3 ans. Mutineries et tentatives de coup d’État à répétition avaient détruit les infrastructures et les services sociaux, entraînant le report du démarrage du projet à 2007, date à laquelle des élections générales et la signature d’accords de paix avec les principaux groupes rebelles ont pu être organisées. Des poussées de violence sporadiques ont persisté alors que l’IDA reprenait ses opérations en faveur de l’amélioration de la fourniture des services de base et de la prévention et de la lutte contre le VIH/sida. En 2001, des estimations du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA avaient révélé que 10,7 % des 15-49 ans vivaient avec le VIH/sida, sachant que l’épidémie faisait entre 13 000 et 23 000 victimes par an. Le plus souvent, la population n’avait accès ni à des soins médicaux de base, ni à un enseignement primaire ni à des structures d’adduction d’eau et d’assainissement. Cette situation avait porté le taux de mortalité infantile à 106 pour 1 000 naissances vivantes et la proportion d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition à 19 %. La mortalité maternelle était forte, 20 % des enfants de moins de 5 ans souffraient du paludisme et le taux d’encadrement scolaire frôlait les 1 pour 100, expliquant l’importance des taux de redoublement (30 %) et d’abandon (40 %) en primaire.

Solution

Le projet a été conçu pour aider la RCA à parer à des besoins sociaux urgents : amélioration de l’accès à l’eau et de l’enseignement primaire, prévention du paludisme et accès à des services de prévention, traitement et atténuation du VIH. Il comprenait quatre grands volets :

  • Appui au programme national de lutte contre le VIH/sida (5,72 millions de dollars)

Il s’agissait de soutenir les initiatives de la société civile pour modifier les comportements et aider les personnes affectées par la maladie. Plusieurs ministères (santé, éducation, défense, affaires sociales et fonction publique) ont bénéficié d’une assistance à l’organisation de services préventifs et de soutien aux individus affectés, y compris des services de conseil et de dépistage volontaires et des traitements ARV. Le Comité national de coordination de la lutte contre le VIH/sida a reçu des fonds et une assistance pour réaliser une enquête sur la santé et le VIH/sida.

  • Appui aux besoins sanitaires urgents (8,33 millions de dollars)

Près de 300 000 moustiquaires imprégnées d’insecticide ont été distribuées aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans pour prévenir le paludisme. De petits projets communautaires visant à répondre aux besoins sanitaires urgents — systèmes d’adduction d’eau en milieu rural, drainage des marais pour limiter la reproduction des anophèles, fourniture de petit matériel médical et formation des travailleurs médicaux — ont également reçu des fonds.

  • Appui aux besoins urgents dans le secteur de l’éducation (2,64 millions de dollars)

La formation des enseignants a permis d’améliorer la qualité des cours et le taux d’encadrement. Parallèlement, le projet a assuré la distribution de manuels scolaires, de petites fournitures, de « mallettes pédagogiques » et d’autres supports éducatifs dans des écoles primaires mal loties.

  • Appui à la gestion financière et à la passation de marchés (2,26 millions de dollars)

Résultats

Un certain nombre de résultats importants ont été obtenus :

  • En mars 2012, les services de conseil et de dépistage volontaires avaient été renforcés grâce à de nouveaux équipements et dispositifs de formation et de communication ainsi qu’à un soutien à la logistique, ce qui a permis d’organiser le dépistage de 118 862 personnes, au nombre desquelles 10 465 femmes enceintes, 1 999 enseignants et 6 845 militaires et leurs familles.
  • 45 laborantins ont été formés aux techniques de transfusion sanguine, 16 laboratoires ont reçu des groupes électrogènes et 15 centres de soins de l’équipement médical.
  • Des traitements ARV ont été fournis à 1 624 adultes et 95 enfants.
  • Le ministère des Affaires sociales a sensibilisé 18 448 individus et leurs familles, dont 8 948 ont bénéficié d’un dépistage et connaissent les résultats, sachant que 332 d’entre eux sont actuellement sous traitement.
  • 1 023 enseignants ont été recrutés et formés.
  • 178 500 manuels scolaires, 5 596 kits scolaires et 5 130 pupitres et sièges ont été distribués.
  • 3 000 nouveaux programmes d’études ont été imprimés et 22 directeurs d’écoles de district formés.
  • 192 microprojets communautaires ont permis de construire 46 forges, 46 sources et 9 puits et de rénover des centres de soins.
  • 15 restaurants et 19 petits motels ont été financés pour 31 associations de personnes vivant avec le VIH/sida.
  • Le ministère de l’Éducation a distribué des préservatifs.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Malgré le statut du pays (la RCA fait partie des États fragiles), le projet a obtenu de substantielles avancées. La contribution de l’IDA, seule source de financement, s’est établie à 18,95 millions de dollars, ventilée comme suit : 5,72 millions d’aide aux personnes vivant avec le VIH/sida, 8,33 millions pour les besoins sanitaires urgents, 2,64 millions pour le secteur de l’éducation et 2,26 millions pour l’unité en charge de la gestion financière et des marchés publics.

Partenaires

Les organisations locales de la société civile étaient les principaux partenaires du projet, le volet d’aide aux personnes vivant avec le VIH/sida ayant privilégié le soutien et le renforcement du travail des ministères de la Santé, de l’Éducation, de la Défense, des Affaires sociales et de la Fonction publique.

Perspectives

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (GFATM) prévoit de financer 31 sites dans le cadre d’un projet multisectoriel santé, éducation et sida (PSES), afin de poursuivre les traitements ARV et de développer la prévention de la transmission mère-enfant. De son côté, le gouvernement centrafricain prendra en charge le financement du Comité national de coordination de la lutte contre le VIH/sida. Par ailleurs, le Partenariat mondial pour l’éducation (anciennement Fonds catalytique de l’Initiative de mise en œuvre accélérée) allouera 38 millions de dollars à l’appui de la stratégie nationale du secteur de l’éducation, pour construire et rénover des écoles, former des enseignants et distribuer du matériel scolaire. Une opération conjointe de l’IDA et du Fonds fiduciaire pour l’innovation dans le domaine de la santé (HRITF), dotée de 28,3 millions de dollars, viendra développer l’utilisation et la qualité des services de santé maternelle et infantile. Enfin, un financement additionnel par l’IDA destiné au projet d’urgence pour la réhabilitation des infrastructures et des services urbains, à hauteur de 24 millions de dollars, permettra d’améliorer l’approvisionnement en eau et les systèmes de drainage afin d’atténuer l’impact des inondations.



CARTE DU PROJET



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