COMMUNIQUÉS DE PRESSE

Trois personnes sur cinq ne bénéficient pas de filets de protection sociale dans les pays en développement

18 avril 2012




La Banque mondiale donne une nouvelle orientation à son action en matière de travail et de protection sociale et lance un nouvel outil de libre accès aux données afin d’aider les pays à combler les lacunes de la protection des plus pauvres

WASHINGTON, 18 avril 2012 – La Banque mondiale a publié aujourd’hui de nouvelles données selon lesquelles au moins 60 % de la population des pays en développement — et près de 80 % des habitants des pays les plus pauvres de la planète — sont dépourvus d’une protection sociale efficace, tandis qu’ils peinent à protéger les plus vulnérables des effets néfastes de la volatilité des marchés financiers internationaux ainsi que de la hausse des prix des combustibles et des denrées alimentaires.

Dans le monde, soixante-six millions d’enfants vont à l’école le ventre vide et ont du mal à se concentrer et à apprendre, un problème qui peut être résolu à l’aide de programmes d’alimentation scolaire destinés aux plus pauvres. Plus de 2,8 millions de nouveau-nés meurent durant leur première semaine de vie. Il est possible de prévenir un grand nombre de ces décès en offrant davantage de soins prénatals et postnatals aux mères et aux enfants. L’insécurité alimentaire est source de conflits familiaux et pousse les taux de divorce à la hausse.

Le développement de filets de protection sociale présentant un rapport coût-efficacité satisfaisant — transferts monétaires, aide alimentaire, programmes de travaux publics et exonérations de frais — destiné à aider les pays à faire face aux situations de crise et de pauvreté persistante sera une des principales questions examinées, le 21 avril prochain, par les ministres des finances et du développement à l’occasion de la réunion du Comité du développement de la Banque mondiale et du FMI.

« Les filets de protection sociale peuvent radicalement changer la vie des populations et constituer l’assise d’une croissance solidaire sans pour autant ruiner les budgets », déclare Robert B. Zoellick, Président du Groupe de la Banque mondiale. « Des filets de protection sociale efficaces permettent de vaincre la pauvreté, d’offrir des opportunités économiques et de promouvoir l’égalité des sexes en aidant hommes et femmes à trouver un emploi, à contrer les soubresauts de l’économie et à améliorer la santé, l’éducation et les conditions de vie de leurs enfants. »

Le nouveau rapport ASPIRE 2011 (Atlas of Social Protection: Indicators of Resilience and Equity) de la Banque mondiale fournit le premier aperçu en ligne de données recueillies au niveau des ménages sur les filets de protection sociale et d’autres programmes de protection sociale et de promotion du travail mis en œuvre dans les pays en développement. La publication d’ASPIRE coïncide avec le lancement de la nouvelle stratégie de la Banque mondiale en matière de travail et de protection sociale pour les dix prochaines années. Bien que la croissance soutenue enregistrée dans de nombreux pays en développement ait permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté et d’intégrer la classe moyenne, cet essor économique n’a pas encore bénéficié à la majorité dans les pays les plus pauvres où les populations doivent non seulement combattre le chômage, le handicap et la maladie, mais aussi se protéger tant bien que mal des chocs économiques, de la pauvreté persistante, des catastrophes naturelles et d’autres crises.

Nouvelle stratégie d’extension de la protection sociale aux plus démunis

La nouvelle stratégie de la Banque mondiale appelle à investir dans le renforcement des programmes de protection sociale et de promotion du travail afin d’améliorer la qualité des filets de protection sociale et d’accroître leur portée. Elle vise quatre objectifs :

  • Premièrement, étendre la protection sociale aux pays les plus pauvres ainsi qu’aux populations les plus démunies et les plus vulnérables en vue de répondre aux besoins les plus pressants.
  • Deuxièmement, mettre en place un éventail de stratégies et de programmes cohérents et intégrés à l’échelon national en matière de protection sociale et de promotion du travail afin d’aider les populations à surmonter les situations à risque, et prévoir la possibilité de renforcer ou d’alléger les dispositifs au regard de l’ampleur des crises.
  • Troisièmement, promouvoir l’accès au marché de l’emploi et générer des opportunités économiques en investissant prioritairement dans l’épanouissement de l’individu dès la prime enfance, ainsi que dans le perfectionnement des compétences et de la productivité de la main d’œuvre.
  • Quatrièmement, privilégier à la fois l’action fondée sur des données probantes et l’échange de connaissances Sud-Sud liées à des projets concluants.

« Avec cette nouvelle stratégie, la Banque mondiale aidera les pays à renoncer aux interventions isolées et à privilégier une approche plus rationnelle, inclusive et réactive en faveur de la protection sociale et de la promotion du travail », affirme Arup Banerji, Directeur de la Banque mondiale pour la protection sociale et le travail. « Cette approche systémique aide les pays à résoudre les problèmes de dispersion et de chevauchement des activités menées dans le cadre des différents programmes, et à mettre en place des solutions adaptées à leur propre contexte. En renforçant leurs systèmes de protection sociale et de promotion du travail, ces pays sont en mesure d’étendre la couverture sociale aux plus démunis. »

Les programmes de protection sociale et de promotion du travail bien conçus, tels que Bolsa Família au Brésil et Oportunidades au Mexique, présentent un bon rapport coût-efficacité et leur coût représente tout au plus 0,5 % du PIB des pays concernés.

La Banque mondiale a élaboré sa nouvelle stratégie de protection sociale et de promotion du travail après avoir mené d’intenses consultations à l’échelon international avec les différents pays, les organisations internationales de développement, les syndicats et les organisations de la société civile. Axée sur trois piliers, la stratégie explique pourquoi et comment la Banque mondiale peut aider les pays à investir dans des filets de protection parfaitement ciblés ainsi que d’autres programmes de protection sociale et de promotion du travail qui favorisent la résilience, en assurant les populations contre les risques ; renforcent l’égalité en protégeant du dénuement et de la perte catastrophique de capital humain ; et créent des opportunités en investissant dans la jeunesse, le perfectionnement des compétences, et la mise en valeur des débouchés sur le marché de l’emploi.

« La question n’est pas de savoir si les pays peuvent se permettre de se doter de filets de protection sociale », remarque Ato Sufian Ahmed, ministre des Finances et du Développement économique d’Éthiopie où le programme de filets de protection sociale productifs (Productive Safety Net Program) a permis de protéger des millions de personnes de la famine lors des récentes sécheresses qui ont ravagé la Corne de l’Afrique. « La question est plutôt de savoir si on peut se permettre de ne pas s’en doter. »

« Notre expérience au Brésil prouve qu’un filet de protection sociale efficace peut aider les enfants les plus pauvres à grandir en bonne santé, à bénéficier d’une alimentation équilibrée, à suivre des études et à rester scolarisés. À l’avenir, nous nous attendons aussi à ce qu’ils obtiennent un diplôme et trouvent ensuite de meilleurs emplois — ce qui nous permet de combler le fossé entre les riches et les pauvres », indique Rômulo Paes da Sousa, vice-ministre brésilien du Développement social et de la Lutte contre la faim. « La nouvelle stratégie de la Banque mondiale, qui consiste à étendre les filets de protection sociale aux pays les plus pauvres et aux populations les plus déshéritées, est la bonne — parce que ces filets constituent un investissement d’importance capitale dès lors qu’il s’agit de réduire la pauvreté, de promouvoir l’équité et le développement durable, et de se préparer à la prochaine crise. »

Nouvelles données sur la protection sociale dans différents pays

Dans le cadre de la nouvelle stratégie, l’outil ASPIRE, mis en ligne par la Banque mondiale, permet d’obtenir les estimations les plus récentes sur la protection sociale et la promotion du travail, y compris les données provenant de 57 pays — dont la plupart appartiennent au monde en développement — pour la période 2005-2010. ASPIRE fournit des données ouvertes et accessibles sur la situation économique et sociale des ménages ; l’évaluation des programmes de protection sociale et de promotion de l’emploi, portant notamment sur des faiblesses telles que l’insuffisance des taux de couverture et les déficiences du ciblage ; les effets des programmes de protection sociale et de promotion du travail sur la pauvreté et les inégalités ; et les techniques permettant d’améliorer la collecte de données sur les ménages dans le cadre de ces programmes. Les données émanant d’autres pays — en particulier d’Afrique et du Moyen-Orient — seront ajoutées dans les mois à venir, et la base de données sera mise à jour deux fois par an.

Soutien de la Banque mondiale à la protection sociale et à la promotion du travail

Le soutien apporté par le Groupe de la Banque mondiale aux programmes de protection sociale et de promotion du travail a atteint 11,5 milliards de dollars dans 83 pays au cours des dix dernières années. En réponse aux crises financières, alimentaires et énergétiques mondiales, la Banque mondiale a pratiquement triplé le financement de ces programmes, qui est passé, en moyenne annuelle, de 1,6 milliard de dollars en 1998-2008 à 4,2 milliards de dollars en 2009-2011. Au cours des six dernières années, les projets de filets de protection sociale financés par la Banque ont directement bénéficié à plus de 267 millions de personnes, principalement sous forme de transferts monétaires conditionnels (94,5 millions), d’autres transferts en numéraire (78,5 millions) et de travaux publics (12,8 millions).

Contacts médias
À Washington
Melanie Mayhew
Téléphone : (202) 458-7891
mmayhew1@worldbank.org
Natalia Cieslik
Téléphone : (202) 458-9369
ncieslik@worldbank.org


COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° :
2012/380/HDN

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