Viet Nam : les clés du succès pour un pays à revenu

12 avril 2013


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Le canal de 4 kilomètres qui traverse la ville de Dong Hoi, dans la province de Quang Binh au Viet Nam, a été modernisé avec des systèmes de drainage et d’évacuation des eaux usées, dans le cadre d’un projet soutenu par la Banque mondiale. Voir le diaporama (en anglais) Viet Nam : Avant et après les projets de la Banque mondiale.


Les réformes ont permis au Viet Nam, qui faisait partie des pays les plus pauvres du monde il y a 25 ans, de se hisser au niveau de la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire. L’incidence de la pauvreté, qui était de 58 % au début des années 1990, a chuté à 10 % en 2010. Le pays a déjà réalisé cinq des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et devrait vraisemblablement en atteindre deux autres d’ici 2015. Parmi tous les pays emprunteurs de la Banque mondiale, les résultats du Viet Nam comptent parmi les meilleures performances.

Défi

Compétitivité : La réussite du Viet Nam au statut de pays à revenu intermédiaire reposera sur sa capacité à accroître la valeur ajoutée de son économie et à réduire le poids de sa main d’œuvre bon marché. Il devra pour cela parvenir à traduire les succès obtenus dans les différents degrés de la scolarisation par une élévation des qualifications sur le marché du travail. Face au déficit d’infrastructure qui entrave de plus en plus la compétitivité, le pays devra en outre accompagner l’expansion des équipements d’une amélioration significative de l’efficacité et de la qualité.

Durabilité : Le Viet Nam, où les pertes économiques causées par les catastrophes naturelles s’élèvent chaque année à 1,5 % du produit intérieur brut, est l’un des cinq pays du monde les plus vulnérables au changement climatique. La subsistance de beaucoup d’habitants pauvres dépend des ressources naturelles alors que celles-ci sont précisément menacées par des pratiques non durables. L’insuffisance des investissements dans la distribution d’eau, l’assainissement et la gestion des ordures ménagères ainsi que dans les transports contribue par ailleurs à la pollution.

Égalité des chances : Le Viet Nam connaît une aggravation des inégalités. En 2010, les minorités ethniques représentaient 65 % du décile le plus pauvre de la population, contre 53 % en 2006. Pour améliorer les moyens de subsistance de la population, le pays doit apporter des changements d’envergure dans les systèmes d’éducation et de protection sociale, améliorer la prestation de services publics et en élargir l’accès. 

Solution

Le programme de la Banque appuie la stratégie de développement du gouvernement pour 2011-2020, dont l’objectif est d’assurer la réussite du Viet Nam au statut de pays à revenu intermédiaire à travers le développement des compétences, l’amélioration des institutions de marché et le développement des infrastructures. La Banque a eu recours à de multiples instruments pour soutenir le développement du système d’enseignement supérieur, dont notamment une série d’opérations à l’appui des politiques de développement (DPO). Son engagement dans le secteur de l’énergie a consisté à financer des investissements, fournir des services d’expertise-conseil et appuyer des réformes destinées à développer un marché concurrentiel propre à attirer l’investissement privé dans la production d’électricité et promouvoir l’efficacité énergétique par des dispositifs d’incitation.

Afin de remédier à la pauvreté et aux inégalités, la Banque a financé des investissements destinés à élargir l’accès de la population à des services essentiels dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement, de l’énergie et des routes et à promouvoir les moyens de subsistance par l’agriculture. La Banque a également apporté son appui à des formes d’urbanisation plus durables en finançant des investissements dans le secteur de l’eau et de l’assainissement ainsi que dans le transport et la rénovation urbaine.

La Banque a également appuyé le renforcement des capacités en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, ainsi que dans le domaine de la préparation aux catastrophes naturelles et de la réduction des risques. Enfin, ses conseils stratégiques sur le plan de la gestion macroéconomique, de même que sa série de DPO visant à soutenir le programme de réforme de l’investissement public, sont venus accompagner les changements entrepris pour améliorer l’action des autorités au niveau de la sélection et mise en œuvre des projets, ainsi que de leur gestion financière et de leur suivi et évaluation.


« La vie était très dure auparavant. Aujourd’hui, grâce à l’introduction de nouvelles variétés et la construction de canaux par l’État, nous pouvons faire deux ou trois récoltes de riz par an et notre productivité a augmenté.  »

Thach Thi Thanh

Agriculteur dans la province de Tra Vinh

Résultats

Fin janvier 2013, le total cumulé des emprunts du Viet Nam auprès de l’Association internationale de développement (IDA) s’élevait à 14 milliards de dollars, avec des résultats remarquables dans de nombreux secteurs.

-    Électrification rurale : Alors que le taux d’électrification des foyers ruraux était inférieur à 50 % en 1998, le soutien de l’IDA depuis 2000 a contribué à porter ce taux à 97 % en 2011, ce qui a permis d’améliorer considérablement le niveau de vie de la population rurale, notamment en augmentant l’efficacité de la production agricole et en permettant aux enfants de faire leurs devoirs le soir.

-    Transports ruraux : Grâce au financement fourni dans le cadre d’un troisième projet de transport en milieu rural, dont la portée a concerné 33 provinces, la proportion de la population rurale vivant à moins de 2 kilomètres d’une route praticable en toutes saisons (y compris les populations marginalisées situées dans les zones isolées) est passée de 76 % en 2006 à 84 % en 2010, tandis que le temps de trajet vers les écoles et les marchés les plus proches a diminué de 8 % pendant la même période.

-    Sécurité routière : Soutenu par un crédit de l’IDA, un programme national de sensibilisation du public à la sécurité routière a été mis en place pour faire respecter les limitations de vitesse et le port de casques de bonne qualité, et a été renforcé par des amendes pour les contrevenants. Entre 2004 et 2012, sur les axes ciblés par le projet, les taux d’accident sont tombés de 39 à 25 pour 100 millions de véhicules-kilomètre, et le nombre d’accidents mortels est tombé de 13 à 5,1 pour 100 millions de véhicules-kilomètres.

-    Crédit rural : De 2009 à 2011, dans le cadre d’un troisième crédit pour les services financiers en milieu rural, 86 % des ménages sondés ont indiqué avoir constaté une augmentation de leur revenu annuel de plus de 290 dollars, et 58 % environ des entreprises sondées un accroissement de leurs profits annuels de plus de 12 000 dollars. En 2012, la moitié des emprunteurs auprès des institutions de microfinance participantes étaient des femmes.

-    Accès égal des hommes et des femmes aux titres de propriété foncière : Près de 700 000 titres fonciers ont été émis entre 2008 et 2012, y compris au sein des minorités ethniques, grâce à un crédit pour l’administration foncière.

-    Distribution d’eau et assainissement : Avec l’appui d’un crédit pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement rural dans le delta du Fleuve rouge, le nombre de personnes ayant accès à des sources d’eau améliorées est passé de 107 000 en 2005 à 860 000 en 2012 et le nombre des ménages raccordés à un réseau d’adduction d’eau s’est accru de 400 000 personnes. Entre 2001 et 2012, un projet d’assainissement pour Hô-Chi-Minh-Ville a permis de réduire l’impact des inondations pour 88 000 foyers et raccordé 265 800 foyers à des systèmes centralisés de collecte des eaux usées.

-    Réduction de la pauvreté dans les zones isolées : Dans le cadre d’un projet de lutte contre la pauvreté dans les montagnes du Nord (2002-2007), environ 280 communes des zones rurales majoritairement peuplées de membres de minorités ethniques ont bénéficié de systèmes d’irrigation améliorés, 75 000 ménages ont bénéficié de la construction de dispensaires communaux et 47 000 ménages de salles de classe améliorées dans les écoles primaires de village.

-    Services de santé : Avec l’appui d’un crédit destiné au développement de centres régionaux de transfusion sanguine et dont ont bénéficié 33 provinces, le nombre d’unités de sang est passé de 60 500 à 250 000 sur la période 2002-2009, les centres de transfusion garantissant la fourniture de produits sanguins sûrs (non contaminés par le virus du VIH/sida). Entre 2008 et 2011, dans le cadre d’un crédit d’appui à la santé pour la région du Mékong concernant environ 2 millions de bénéficiaires, le taux de couverture de l’assurance maladie des quasi-pauvres est passé de 7 à 65 % tandis que les investissements réalisés ont entraîné une hausse du taux de satisfaction des patients concernant les traitements et les installations de 52 % à 83 %.

-    Modernisation bancaire : Entre 2005 et 2011, un deuxième crédit alloué à la modernisation du secteur bancaire et des systèmes de paiement au Viet Nam a amélioré la rapidité et la fiabilité des paiements interbancaires, qui sont à présent réglés dans la journée au lieu de deux semaines précédemment, multiplié par six le volume des transactions financières et réduit à quelques minutes les délais d’exécution des transferts de fonds des clients dans les banques participantes, au lieu de plusieurs jours auparavant.


« Mon fils peut désormais emprunter une meilleure route pour aller à l’école tandis que je peux me rendre plus facilement et rapidement au marché pour vendre mes produits.  »

Sung Di

Une habitante de la province de Lao Cai, dans les montagnes du Nord

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Le Viet Nam est le deuxième plus gros emprunteur de l’IDA. De l’exercice 2010, c’est-à-dire au moment où il est devenu un pays à financement mixte, à l’exercice 2012, le Viet Nam a emprunté un total de 1,87 milliard de dollars auprès de la BIRD et 3,76 milliards de dollars auprès de l’IDA, pour un total d’engagements annuel moyen de 1,875 milliard de dollars. Au 1er janvier 2013, le portefeuille de la Banque au Viet Nam se composait de 46 opérations d’investissement ou d’appui aux politiques de développement en cours totalisant respectivement 6,15 milliards et 1,87 milliard de dollars d’engagements nets de l’IDA et de la BIRD. Au 31 janvier 2013, les engagements de la Société financière internationale (IFC) totalisaient 791 millions de dollars, concentrés principalement dans la finance et l’assurance (63 %) et dans le transport et l’entreposage (15 %), tandis que l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) possédait une garantie en cours dans le secteur des infrastructures.

Partenaires

La Banque et le gouvernement travaillent avec de nombreux partenaires au Viet Nam. Le principal forum de partenariat était traditionnellement la réunion semi-annuelle du Groupe consultatif à laquelle participaient les donateurs multilatéraux et bilatéraux ainsi que des ONG internationales. Du fait du passage du Viet Nam au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, les modalités du partenariat ont évolué sous la forme d’un forum annuel de haut niveau axé sur les politiques de développement plutôt que sur la mobilisation de ressources. La Banque est un membre actif du « Groupe des six banques », aux côtés de la Banque asiatique de développement, de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), de la Banque allemande de développement (KfW), de l’Agence française de développement (AFD) et de la Banque d’import-export de la Corée (KEXIM). Le groupe conseille le gouvernement sur un large éventail de réformes : marchés publics, gestion financière, et études d’impact social et environnemental, notamment.

Perspectives

La Banque renforce actuellement ses priorités stratégiques sur les obstacles structurels à la compétitivité :

  • une nouvelle série de DPO pour la gestion et la compétitivité économiques, complétée par des travaux d’analyse, sera en particulier centrée sur les entreprises à capital d’État et les secteurs financiers ;
  • un projet de promotion de l’innovation par la recherche, la science et la technologie vise à permettre un développement scientifique et technologique plus efficace ;
  • pour contribuer à résoudre les obstacles à la création de valeur ajoutée, la Banque publiera un rapport de premier plan sur la nécessité de se doter d’une main d’œuvre qualifiée alors que le Viet Nam est passé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire ; une initiative phare Banque-IFC est aussi en cours de préparation afin d’éliminer les lacunes de la chaîne de l’offre dans le secteur de l’agriculture.

Les prêts prévus ou récemment approuvés en faveur de la durabilité comprennent un projet de gestion des risques naturels et un projet de gestion de la pollution industrielle ainsi qu’une série de DPO relatifs au changement climatique.

La Banque procède également à l’introduction d’approches plus systémiques susceptibles d’accroître les opportunités et d’améliorer la gouvernance de manière plus marquée par le biais des activités suivantes :

  • appui à l’investissement dans les régimes d’assurance sociale et d’assurance maladie ;
  • lancement d’une opération de financement au titre de l’instrument de « programme axé sur les résultats » et destinée à soutenir le programme ciblé entrepris par le pays dans le secteur de l’eau et de l’assainissement en milieu rural ;
  • programmes de travaux d’analyse en vue d’un engagement plus soutenu dans les domaines de la pauvreté, de l’égalité hommes-femmes et de la gouvernance ;
  • prise en compte systématique de la problématique hommes-femmes et de la gouvernance dans toutes les nouvelles opérations, dès le stade de la conception ;
  • prêts et travaux d’analyse visant à améliorer l’accès aux services dans les zones rurales et désavantagées afin d’élargir la participation à l’économie. 
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objectifs du Millénaire pour le développement ont déjà été réalisés et deux autres devraient être atteints d’ici 2015


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