Programme de gestion du littoral ouest Africain (WACA)

Un tiers environ des habitants d’Afrique de l’Ouest vivent sur le littoral, où la croissance démographique atteint 4 % par an. Les zones côtières sont à l’origine de 56 % du PIB de la région. Le volume annuel de la pêche légale dans les eaux ouest-africaines dépasse les 1,6 million de tonnes, soit une valeur de 2,5 milliards de dollars à la vente sur le marché de gros. Outre les activités halieutiques, on trouve aussi sur le littoral des villes de premier plan et des ports importants, ainsi que des agro-industries et des plateformes pétrolières offshore.

La région dispose de beaucoup de ressources naturelles, terrestres et marines, qui fournissent des services écosystémiques essentiels. Ces ressources contribuent à la croissance économique ainsi qu’à la résilience au changement climatique, et elles procurent des moyens de subsistance à un grand nombre de personnes pauvres.

Or, la productivité des écosystèmes côtiers est menacée. En cause : le développement d’infrastructures non durables, la mauvaise gestion des ressources et des habitats naturels, et la pollution. En outre, les conséquences du changement climatique, tels que l’élévation du niveau de la mer et son réchauffement, les glissements de terrain, les ondes de tempête et l’accroissement des inondations côtières, ajoutent à la vulnérabilité de la région. Par endroits, l’érosion côtière atteint plus de 10 mètres par an, tandis que les pêcheries sont exploitées au maximum de leurs capacités, quand elles ne sont pas surexploitées. Moins de 10 % des zones urbaines disposent de services d’évacuation des eaux usées, et entre 20 % et 30 % des mangroves ont été détruites ou abîmées au cours des vingt-cinq dernières années.

Face à cette situation, les pays concernés ont décidé de passer à l’action et de s’unir autour d’une stratégie régionale qui permettra de préserver le littoral ouest-africain au profit des générations futures. Pourquoi une stratégie régionale ? Parce que les frontières nationales ne peuvent rien contre l’érosion : les efforts d’un pays pour réduire l’érosion risquent simplement de l’aggraver ailleurs. En outre, les fonds requis pour lutter contre l’érosion et les inondations sont bien supérieurs aux financements auxquels chaque pays peut avoir accès individuellement. En collaborant et en coordonnant leur action sur le plan politique et technique, les pays seront mieux en mesure de gérer les zones les plus touchées par l’érosion, et de préserver les bienfaits qu’un écosystème côtier sain procure à la population et à l’économie d’un pays.

Le guide pratique sur l’économie bleue récemment publié par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique préconise « un usage durable et une gestion conservatoire des écosystèmes aquatiques et marins et des ressources qui leur sont associées ». L’approche mise en avant repose sur une coopération et une intégration régionales solides ; elle fait de la transformation structurelle un impératif pour le développement de l’Afrique, et prône une rupture totale avec les modèles de développement cloisonné.

Le Programme de gestion du littoral ouest-africain (également connu sous son acronyme anglais « WACA » pour West Africa Coastal Areas Program) a été conçu pour répondre à ce besoin croissant d’intégration régionale. C’est une instance de mobilisation grâce à laquelle partenaires techniques et financiers peuvent contribuer au développement durable du littoral, avec comme angle d’attaque la lutte contre l’érosion et les inondations côtières.

Le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) a pour but d’aider les pays à harmoniser leur gestion des infrastructures et des ressources naturelles afin d’accroître leur résilience au changement climatique en général, et à l’érosion côtière et aux inondations en particulier.

Il fournit une assistance technique qui vise, d’une part, à déterminer les menaces qui pèsent sur les habitants, les écosystèmes et les actifs économiques du littoral, et, d’autre part, à mettre en évidence les mesures multisectorielles qui peuvent y remédier : gestion des sols et aménagement du territoire, infrastructures et gestion des habitats naturels, lutte contre la pollution, par exemple.

Cette assistance technique comprend trois grands axes d’intervention :

  1. planifier les investissements stratégiques, ce qui recouvre l’élaboration et la hiérarchisation de politiques essentielles conformément aux accords en vigueur (Convention d’Abidjan notamment), ainsi que les investissements sectoriels destinés à favoriser l’adaptation au changement climatique, renforcer la résilience économique et sociale, et améliorer la gestion de l’impact des infrastructures sur l’environnement ;
  2. renforcer les capacités et les connaissances, avec notamment la réalisation d’évaluations de la vulnérabilité à divers types de risque dans un certain nombre de zones urbaines, d’analyses coûts/bénéfices des solutions d’adaptation, et la mise en place de systèmes d’information plus robustes dans les zones côtières nationales ;
  3. développer des activités de collaboration et de mobilisation des ressources aux niveaux national et régional, avec des travaux consacrés au rôle et aux responsabilités des différentes parties prenantes, des analyses économiques et la mise en évidence des possibilités de financement.

Ce programme envisage le financement d’investissements dans les trois domaines suivants :

  1. la construction d’infrastructures « grises », spécialement conçues pour réduire l’érosion côtière ou les dégâts provoqués par les inondations et les vagues : épis, brise-lames, ouvrages de protection, revêtements, digues ;
  2. le développement des infrastructures « vertes », ce terme renvoyant à des infrastructures qui s’appuient sur la nature et qui peuvent renforcer la résilience du littoral en offrant une protection contre les conséquences de l’élévation du niveau de la mer et contre les tempêtes côtières. Elles sont strictement naturelles ou créées artificiellement afin de reproduire les caractéristiques d’éléments de la nature : élevage de coraux ou plantation de mangroves, sur ou à proximité d’infrastructures grises, par exemple. Les infrastructures vertes peuvent prendre des formes variées : récifs, plages, île-barrières, dunes, espaces de végétation servant de zone tampon (terres humides, forêts de mangrove, forêts maritimes) ;
  3. si nécessaire, le déplacement ou l’évacuation des habitants du littoral : le programme comprend un volet social qui s’attachera à fournir aux personnes déplacées de nouveaux moyens de subsistance et à promouvoir le développement des populations locales et leur résilience au changement climatique. Ce dispositif fournira des orientations sur les stratégies d’évacuation volontaire des populations et la manière dont ces stratégies doivent être planifiées et mises en œuvre de façon inclusive, en collaboration avec les parties prenantes. Toutes les réinstallations devront s’effectuer selon une démarche de développement piloté par les communautés concernées.

L’observation et le suivi biophysique de l’environnement côtier à l’échelle nationale ou régionale, de même que la diffusion rapide de données régionales sur le littoral, sont indispensables pour lutter contre l’érosion et les inondations côtières. Le suivi assuré par la Mission d’observation du littoral ouest-africain (MOLOA) est à ce titre essentiel. Cet organisme administre une base de données commune pour toute la région, dans laquelle il intègre des données provenant de zones particulièrement surveillées à l’échelle nationale. La coopération régionale joue un rôle majeur dans l’harmonisation de la collecte et de l’analyse des données.

Le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) a pour objectif d’aider les pays à obtenir les financements et l’expertise dont ils ont besoin pour parvenir à assurer une gestion durable de leurs zones côtières.

Le WACA a été inauguré en 2016, à l’occasion de la COP21. Sa création fait suite à la demande du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Mauritanie et du Togo, qui souhaitaient trouver des solutions pour lutter contre l’érosion et les inondations côtières, promouvoir une gestion du littoral à l’épreuve du changement climatique et améliorer les moyens de subsistance des populations littorales d’Afrique de l’Ouest.

Ses principaux partenaires sont ses bénéficiaires finaux, à savoir les populations côtières dont les moyens de subsistance, la nutrition, la sécurité alimentaire et la prospérité dépendent de ce littoral.

Ce programme est mené en collaboration avec les autorités nationales (ministères des finances, de la planification, de l’économie, de l’environnement, de l’agriculture, des transports, de l’énergie), ainsi qu’avec les médias et la société civile, notamment.

La gestion du littoral ouest-africain passe impérativement par une approche régionale, qu’il s’agisse de politique publique, d’observation scientifique ou d’investissements. Cette approche doit s’ancrer dans une coopération et une intégration solides, et être axée sur la transformation, rompant ainsi avec les modèles de développement cloisonné.

L’équipe du WACA travaille avec les organismes suivants dans le cadre d’une collaboration dont l’enjeu est de déboucher sur les interventions requises pour faire face à l’érosion et aux inondations dans les zones prioritaires.

  • USAID – WA-BICC (West Africa Biodiversity and Climate Change)
  • Ministère français de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer
  • NDF (Fonds nordique de développement)
  • Water Sector Program
  • Fonds fiduciaire multidonateurs de l’Africa Climate Investment Readiness Partnership
  • FFEM (Fonds français de l'environnement mondial)
  • UICN (Union mondiale pour la nature)
  • MOLOA (Mission d’observation du littoral ouest-africain)
  • UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine)
  • Convention d’Abidjan
  • GFDRR (Facilité mondiale pour la prévention des catastrophes et le relèvement)
  • Banque mondiale

Le Groupe de la Banque mondiale est actuellement en pourparlers avec d’autres partenaires et donateurs pour qu’ils s’associent eux aussi à cette initiative.

Billets :

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Événements et actualités :

17 novembre 2016 : COP22 - L’économie bleue en Afrique : résilience des océans et des littoraux. Cet événement a permis aux pays et partenaires de développement de discuter des liens entre résilience, adaptation et économie bleue, en mettant l'accent sur les progrès réalisés depuis le lancement du Business Plan pour le Climat en Afrique au cours de la COP21, et des moyens d'accélérer sa mise en œuvre. Cliquez ici pour plus d’informations.

12 novembre 2016 – COP22 : Le WACA s’inscrit dans l’African Package for Climate-Resilient Ocean Economies (a), une initiative annoncée lors de la COP22 par la Banque africaine de développement, la FAO et la Banque mondiale. Ce dispositif se compose d’une assistance technique et financière destinée à aider les États côtiers et insulaires à développer une économie axée sur les océans et à mettre en œuvre leurs contributions décidées à l’échelle nationale. Pour ces trois grandes organisations multilatérales de développement, il s’agit d’une occasion sans précédent de s’associer à d’autres organismes, notamment au Fonds vert pour le climat, afin de planifier et coordonner ainsi leur assistance.

10-13 novembre 2016 : Le film consacré au WACA et intitulé Saving West Africa's Coastal Assets a été primé au Blue Ocean Film Festival 2016, face à des centaines de films venus du monde entier. Aux yeux des organisateurs de cette manifestation, les films sont le meilleur moyen de sensibiliser un vaste public, à l’échelle de la planète, aux menaces qui pèsent sur l’océan, de mieux véhiculer le message et de promouvoir l’action. Ce festival s’est tenu à St. Petersburg, en Floride, du 10 au 13 novembre 2016.

Du 19 au 21 octobre 2016, en partenariat avec l’UEMOA, l’IUCN et le NDF, l’équipe du Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) a organisé l’atelier de lancement officiel du projet « Érosion et adaptation dans les zones côtières d’Afrique de l’Ouest », avec la participation de hauts responsables venus de plusieurs pays et des partenaires régionaux, techniques et financiers de premier plan. Pour plus d’informations, veuillez consulter la page consacrée à cet événement (a) ainsi que le communiqué (a).

Du 1er au 3 septembre 2016, le Groupe de la Banque mondiale, en collaboration avec la République de Maurice, a organisé la Conférence ministérielle africaine sur les économies bleues et le changement climatique. Cette conférence a réuni, aux côtés des dirigeants de pays africains et de leurs partenaires de développement, des acteurs du secteur privé, des scientifiques, des leaders d'opinion, des organisations de la société civile, des universitaires, des journalistes et des représentants des populations dont les moyens de subsistance sont tributaires de la bonne santé des océans. Principales thématiques : la résilience et la gestion des littoraux, les bonnes pratiques de pêche, l’amélioration et l’intensification de l’aquaculture et du tourisme durable, ainsi que le développement de ports plus respectueux de l’environnement et plus performants. Pour plus d’informations, veuillez consulter la page consacrée à cet événement (a) ainsi que le communiqué.

Les 18 et 19 mai 2016, la Côte d’Ivoire a organisé l’atelier de lancement des activités menées dans le cadre du WACA à Grand-Lahou. Au programme de l’atelier, des discussions sur la nécessité d’une coordination et d’une planification régionales, l’amélioration de la gouvernance et les aspects techniques du suivi national et régional. Pour plus d’informations, veuillez consulter la page consacrée à cet événement (a).

Le 21 avril 2016, la France a signé un accord administratif avec la Banque destiné à renforcer leur collaboration sur l’économie bleue et le programme WACA. Afin d’aider les pays d’Afrique de l’Ouest, et en partenariat avec la Banque mondiale, entre autres, la France financera la création d’un observatoire du littoral ouest-africain et apportera une assistance technique dans le but de mobiliser encore davantage de ressources. 

Le 17 mars 2016, l’équipe du WACA a organisé une formation intitulée Vulnerability and Resilience in the Coastal Zone of West Africa: Tools for Assessing Impacts and Adapting to Risks. Cet événement s’inscrit dans le cadre d’une série de modules de formation.

Le 3 décembre 2015, pendant la COP21 à Paris, le Groupe de la Banque mondiale, les chefs d’État et de gouvernement africains et les partenaires de développement ont appelé à lutter contre l’érosion et les inondations en Afrique de l’Ouest, à l’occasion d’un événement intitulé « Littoral fragile : Relevons les défis de la côte ouest-africaine ».

Brochure

D’une vision partagée du littoral à une réalité durable

Le littoral de l’Afrique de l’Ouest abrite une abondance de ressources naturelles terrestres et marines, qui fournissent des services écosystémiques vitaux et contribuent à atténuer les épisodes météorologiques extrêmes. Elles jouent un rôle central dans la résilience économique et physique des régions côtières face aux défis actuels et futurs.




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