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ARTICLE29 novembre 2022

Le bus à haut niveau de service conduit les villes africaines vers un avenir meilleur

The World Bank

Une station de BRT à Dar es Salaam en Tanzanie. Photo: Hendri Lombard/Banque mondiale

Les faits marquants

  • Les bus à haut niveau de service ou BRT (Bus Rapid Transit) circulent en général sur des voies réservées, gages de rapidité et de ponctualité.
  • Le BRT connaît un succès croissant en Afrique, où six réseaux sont déjà en service et dix autres en cours de création.
  • Dans un contexte d'urbanisation galopante, il permet aux villes africaines de favoriser la mobilité, tout en réduisant l'empreinte carbone des transports.

La population des villes d'Afrique est celle qui s'accroît le plus vite au monde, avec un taux d'augmentation d'environ 3,5 % par an. Si l'urbanisation stimule souvent la croissance économique et crée des débouchés, l'afflux constant de nouveaux citadins impose aussi d'énormes contraintes à ces agglomérations et à leurs réseaux de transports.

Le tableau est pour l'essentiel semblable sur tout le continent : les déplacements quotidiens se multiplient, et avec eux les voitures et les embouteillages, car l'offre en autres moyens de transport collectifs reste insuffisante. La congestion du trafic automobile est plus qu'une simple source de contrariété. En effet, l'augmentation du nombre de véhicules et des embouteillages amoindrit la compétitivité des économies africaines, nuit à la santé et au bien-être des habitants et entrave la lutte contre le changement climatique.

Pour y remédier, un nombre croissant d'agglomérations africaines adopte un mode de transport innovant, le Bus Rapid Transit (BRT) ou bus à haut niveau de service. Si des différences existent entre les systèmes, la plupart des BRT ont pour point commun de circuler sur des voies réservées. Échappant ainsi aux embouteillages, ils assurent des dessertes plus rapides et plus fiables. Les bus ne s'arrêtent qu'à des stations prédéfinies, où les passagers se munissent au préalable d'un titre de transport, ce qui fluidifie et donc accélère les opérations. Les services, fréquents, sont assurés par des véhicules de grande capacité, souvent articulés, voire bi-articulés, de manière à accueillir de nombreux passagers facilement et sans perte de temps.

Essor du BRT en Afrique

Grâce à ces caractéristiques, les réseaux de BRT offrent des capacités et des performances proches de celles d'autres moyens de transport public à technologie avancée, comme le métro ou le tramway. Où est la différence ? De construction bien moins coûteuse et plus rapide, le BRT est une solution intéressante pour les villes désireuses de se doter d'un système de haute qualité, malgré des ressources limitées en temps et en finances.

Il existe déjà des réseaux BRT à Dar es-Salaam et à Lagos, ainsi que dans les villes sud-africaines du Cap, de George, de Johannesburg et de Pretoria. Dix autres sont à l'état de projet ou en cours de construction ailleurs en Afrique. La Banque mondiale apporte son soutien financier ou technique à huit de ces projets, à Abidjan, Dakar, Dar es-Salaam (phases 3 et 4), Douala, Kampala, Kumasi, Maputo et Ouagadougou.

The World Bank
Le système de BRT du Cap en Afrique du Sud. Photo: Banque mondiale
« Nous plaçons les transports publics au centre de notre action », souligne Nicolas Peltier-Thiberge, directeur du pôle transports à la Banque mondiale. « Cette stratégie reflète les attentes de nos clients, qui aspirent à une mobilité efficace, verte et inclusive. Le BRT fait partie intégrante de cette transition. C'est l'un des domaines les plus dynamiques dans notre portefeuille de projets, en particulier en Afrique. »

Parmi les villes qui se dotent à vive allure d'un réseau BRT figure une métropole en plein mouvement : Dakar, la capitale politique et économique du Sénégal. Les équipes des chantiers travaillent d'arrache-pied pour achever le couloir de 18,3 km qui desservira 23 stations, dont la mise en service est prévue pour juin 2023.

Aux prises depuis des décennies avec une congestion automobile chronique et avec des transports en commun insuffisants, Dakar ne pouvait être indifférente aux attraits du BRT. « Les pouvoirs publics ont étudié diverses solutions pour améliorer les transports dans la ville », explique Franck Taillandier, spécialiste principal des transports urbains, qui supervise l'équipe de la Banque mondiale chargée du projet. « Leur choix s'est finalement porté sur le BRT, option la plus efficace et la moins onéreuse. Pour un coût de construction réduit, le corridor assurera le transport quotidien de 300 000 passagers à bord d'une flotte de haute qualité. D'une grande capacité, le BRT sera très bien intégré dans le réseau de transports publics existant. »

Nous plaçons les transports publics au centre de notre action. Cette stratégie reflète les attentes de nos clients, qui aspirent à une mobilité efficace, verte et inclusive. Le BRT fait partie intégrante de cette transition. C'est l'un des domaines les plus dynamiques dans notre portefeuille de projets, en particulier en Afrique.
Fatimetou Mint Mohamed
Nicolas Peltier-Thiberge
Directeur du pôle transports, Banque mondiale

Le BRT, bon pour la population et la planète

Une fois en fonctionnement, le nouveau BRT va changer considérablement la vie des habitants de l'agglomération. Par exemple, ceux du secteur densément peuplé de Guédiawaye rejoindront le centre de la capitale en 45 minutes, contre 90 actuellement. Ils auront ainsi accès à 120 000 emplois supplémentaires. Le corridor BRT, qui passera par de nombreuses zones très peuplées et actives de l'agglomération, reliera leurs habitants aux entreprises et aux établissements d'éducation ou de santé et leur ouvrira la porte à toutes sortes de services et de possibilités. Afin d'assurer une couverture maximale, des lignes secondaires relieront des zones plus distantes aux stations de BRT. Étroitement connecté aux autres modes de transport, le système permettra des correspondances à tarif réduit vers les bus locaux ou vers la ligne de TER (Train express régional).

Outre la rapidité des trajets, la sécurité et l'inclusion sont aussi des priorités. Les voies et espaces publics situés le long du corridor de bus feront l'objet d'un réaménagement complet, afin d'optimiser la sécurité des piétons, des usagers des transports en commun, des cyclistes et des automobilistes. Stations et bus seront intégralement accessibles aux personnes à mobilité réduite. Un éclairage adéquat, des caméras de sécurité, des systèmes d'alarme et la présence d'agents aux stations permettront aux passagers, et en particulier aux femmes, de se déplacer en toute sécurité. Par ailleurs, l'opérateur du BRT emploiera un minimum de 25 % de personnel féminin, progressivement accru pour atteindre à terme 50 %.

La multiplication des réseaux de BRT est une bonne chose, pour la population comme pour la planète. En offrant une efficace solution de remplacement aux véhicules individuels, ces systèmes modernes contribueront dans une large mesure à réduire la pollution de l'air et les émissions de gaz à effet de serre dues à la circulation urbaine.

« Les gouvernements africains sont tournés vers l'avenir et en quête de durabilité », explique Hongye Fan, spécialiste des transports à la Banque mondiale et autrice d'une récente étude sur le financement des BRT en Afrique (a). « L'urbanisation s'accélérant, le moment est tout indiqué pour les pays de la région de rendre leurs villes plus vertes et d'accomplir une transition vers des systèmes de transport sobres en carbone. Le BRT peut constituer un moyen séduisant et relativement bon marché d'y parvenir. »

Bien entendu, dans les corridors BRT où circulent des bus à émissions de carbone faibles ou nulles, le bénéfice pour le climat et l'environnement est encore plus grand. Ce sera justement le cas à Dakar, où la mise en service de bus électriques devrait permettre d’éviter l’émission de 67 700 tonnes de CO2 par an. Un bol d'air fort attendu.

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