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ARTICLE 10 octobre 2018

La force du soleil : Madagascar se lance dans la production d’énergie renouvelable

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Le projet Scaling Solar prévoit la construction d’une centrale solaire d’environ 25 MW connectée au réseau d’Antananarivo.    

Photo: Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • Avec seulement 15% de sa population raccordée, Madagascar est confronté à un manque d’accès chronique à l’électricité qui entrave son développement économique et social.
  • Le pays a pourtant un énorme potentiel en énergie solaire, estimé à 2 000 kWh/m²/an grâce aux 2 800 heures d'ensoleillement annuel dont il bénéficie.
  • C’est pour saisir cette opportunité que le projet Scaling Solar prévoit la construction d’une centrale solaire d’environ 25 MW connectée au réseau d’Antananarivo.

ANTANANARIVO, le 10 octobre 2018— « Jirama : jusqu’à quand ? », « Jirama : cela fait 2 heures ! », « Jirama : tu détruis nos équipements ! ». Il est 11 heures du matin. Les plaintes publiées sur les réseaux sociaux par les internautes à l’encontre de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et électricité sont nombreuses. L’électricité est coupée dans plusieurs quartiers d’Antananarivo. Montent ensuite, dans les bureaux et quelques magasins, les bruits familiers des groupes électrogènes. Le fait n’est pas nouveau. Au cours de la dernière décennie, les clients de la Jirama, ménages comme industriels, enchaînent les mauvaises expériences de délestage.

Un produit vital pour le développement économique et social

À Madagascar, seuls 15 % de la population a accès à l’électricité. En 2017, le pays ne possédait qu’une capacité installée de production de 570 MW, essentiellement thermique (60%) et hydroélectrique (40%). Mais dans les faits, 60% de cette énergie est réellement disponible, à cause de la maintenance insuffisante des centrales. Au-delà du fait qu’elles minent le quotidien de ses habitants, ces difficultés du secteur de l’énergie sont l’un des principaux obstacles au développement du pays et à l’expansion du secteur privé. Dans le rapport Doing Business 2018 (a), publié par le Groupe de la Banque mondiale pour évaluer le climat des affaires, Madagascar se classe au 184e rang sur 190 pays en matière d’accès à l'électricité.

Conscient de cet enjeu, l’État décide en 2014 de se lancer dans des réformes profondes pour transformer le secteur. En mars 2016, il obtient un appui financier de 65 millions de dollars de la Banque mondiale à travers le Projet d’amélioration de la gouvernance et des opérations du secteur électrique (PAGOSE) et en juin 2018 un financement additionnel de 40 millions de dollars. Son objectif ? Augmenter la capacité de production et réduire les pertes énergétiques tout en aidant le gouvernement à améliorer la gouvernance du secteur et les performances de la société JIRAMA. Le PAGOSE prévoit également d’accélérer le pas sur les énergies renouvelables afin de fournir une alternative fiable et moins coûteuse aux générateurs diesel onéreux et polluants.

Miser sur le solaire

Avec toutes ses régions bénéficiant de plus de 2 800 heures d'ensoleillement annuel, la Grande Île est en effet le candidat idéal pour développer le solaire qui pourrait représenter une capacité de 2 000 kWh/m²/an. Un potentiel sur lequel l’État compte pour remplir son objectif de fournir un accès à l’énergie à 70 % des ménages malgaches d’ici 2030.

« Notre politique énergétique pour les années 2015 à 2030 répond à plusieurs urgences d’ordre économique, social et environnemental. Elle soutient la transition vers du mix énergétique pour l’électricité et l’éclairage qui comprendra 80% de ressources renouvelables. Pour atteindre notre objectif de fournir de l’électricité à 70% de la population, nous devrons produire 7 900 GWh à l’horizon 2030 par rapport aux 1 500GWh produits actuellement », explique Lantoniaina Rasoloelison, ministre de l’énergie et des hydrocarbures.

Un projet ambitieux, surtout si l’on s’appuie uniquement sur les financements publics.

Un mécanisme financier innovant pour relayer l’État

Afin de compléter les fonds publics pour financer un chantier de centrales solaires à grande échelle en encourageant les investissements privés, la Société financière internationale (IFC), filiale du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, aide le gouvernement à mettre en place un partenariat public-privé (PPP).

À travers l’initiative Scaling Solar (a), l’IFC, a signé en mars 2016 un accord avec le gouvernement malgache pour concevoir une centrale d’environ 25 MW connectée au réseau d’Antananarivo par le biais d’un processus transparent d’appel d’offre international.

Madagascar est à ce jour le cinquième pays d’appel d'offres de Scaling Solar en Afrique, après deux appels lancés en Zambie, un au Sénégal et un autre en Éthiopie. C’est également le premier projet de Scaling Solar à inclure des exigences de stockage de l’énergie solaire, par le couplage de la centrale avec des batteries.

Le processus a débuté par des études de faisabilité conduites par les experts de l’IFC, afin de définir la capacité solaire pouvant être ajoutée au réseau existant et de sélectionner un site adapté.

En octobre 2017, le gouvernement malgache a invité les investisseurs privés à participer à une procédure de pré-qualification en vue de sélectionner, sur des critères d’éligibilité stricts, les candidats potentiels possédant l'expérience, l'expertise et les ressources financières requises pour réaliser le projet dans les meilleurs délais.

L’expertise des différentes filiales du Groupe de la Banque mondiale

Plus d’une centaine d’entreprises de 28 pays différents ont montré leur intérêt. En février 2018, six entreprises et groupements ont été retenus pour participer à l’appel d’offres et pourront disposer des études de faisabilité fournies par l’IFC pour développer leur offre technique et rechercher de partenaires financiers. Cette dernière étape sera également facilitée par les garanties d’investissement et les outils de rehaussement de crédit octroyés par la Banque mondiale et par l’Agence multilatérale de garantie des investissement (MIGA), qui offre certaines protections, notamment contre les risques non commerciaux (politiques, de conflits d’expropriation etc.).

« Scaling Solar Madagascar vise à proposer une solution intégrée comprenant le financement, et la réalisation de solutions techniques dans laquelle la société d’exploitation sélectionnée pourra bénéficier des couvertures contre les risques politiques et financiers, offertes par le Groupe de la Banque mondiale », explique Satyam Ramnauth, responsable des opérations de l’IFC à Madagascar. « Ce projet établira aussi des normes d’opérations qui serviront de référence pour les opérateurs sérieux, ainsi que pour le gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique énergétique. »



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