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Adèle Banzouzi : « Grâce à Lisungi, j’ai dit non à la pauvreté ! »

04 avril 2017


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Adèle Banzouzi, une « mère-courage » particulièrement entreprenante.

Photo Franck Bitemo/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • Comme beaucoup de femmes en Afrique, le décès de son mari aurait pu plonger Adèle dans la pauvreté.
  • Veuve, sans biens, endettée et avec six enfants à charge, Adèle croit toucher le fond lorsqu’un projet de protection sociale lui distribue une allocation de 60 000 francs CFA.
  • De fil en aiguille, cette somme lui permet de refaire surface en se lançant dans plusieurs activités.

BRAZZAVILLE, le 4 avril 2017—La silhouette robuste et le geste vif, Adèle Banzouzi affiche la bonhommie naturelle et communicative de ces mamans congolaises sur qui aucune adversité ne semble  avoir de prise. Elle force l’admiration par son énergie débordante et son esprit d’initiative. Pourtant, à 55 ans, cette « mère-courage » a traversé bien des épreuves dans sa vie : elle a perdu son mari en 2009 après 23 années de mariage, se retrouvant ainsi seule à élever les six enfants qui ont survécu, sur les huit qu’elle a portés. Pour ne rien arranger, dans un pays où les femmes ne possèdent pas les mêmes droits fonciers, le décès du conjoint rime souvent avec expropriation. Sa belle-famille s’est ainsi accaparée la parcelle de son défunt époux et a chassé Adèle et ses enfants. Elle a été recueillie par sa famille dans une masure de deux pièces à Ngangouoni, un quartier populaire du premier arrondissement de Brazzaville, Makélékélé. « Je tenais une petite épicerie qui m’aidait à survivre avec mes enfants ; mais sans le soutien financier de mon mari, je n’ai plus réussi à m’en sortir. J’accumulais dette sur dette », raconte-t-elle.

 

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Adèle Banzouzi arbore son contrat moral signé avec Lisungi ainsi que son livret des transferts monétaires du bénéficiaire et le calendrier des paiements. Photo Franck Bitemo/Banque mondiale.

 

C’est alors qu’elle est contactée par le comité communautaire de ciblage, mis en place dans son quartier par le projet Lisungi, de système de filets de protection sociale, financé par la Banque mondiale. En décembre 2015, elle est convoquée à la circonscription d’action sociale (CAS) de Makélékélé pour signer son contrat moral avec Lisungi et retirer son livret des transferts monétaires du bénéficiaire. Dans la foulée, elle reçoit sa première allocation de 60 000 francs CFA, (environ 97 dollars), soumise à certaines conditions relatives à l’éducation et à la santé de ses enfants. « Ce fut pour moi un tel soulagement et une telle joie que je ne peux même pas le décrire », témoigne Adèle. Avec ce petit capital, sa première préoccupation est d’épurer une partie de ses dettes et payer les frais, tenues et autres matériels scolaires pour ses trois plus petits enfants vivant encore sous son toit, les autres s’estimant suffisamment grands pour « se débrouiller » tous seuls. Elle investit le reste de son argent dans un commerce de pain qu’elle réussit peu à peu à stabiliser et à rentabiliser.


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Adèle Banzouzi en train de vendre son pain au marché du Château d’eau, dans le quartier Ngangouoni de Makélékélé.

Photo Franck Bitemo/Banque mondiale

Grâce à ces résultats encourageants, Adèle Banzouzi reçoit deux nouvelles allocations en mars 2016, soit 120 000 francs CFA (environ 194). Elle éponge le reste de ses dettes et décide d’investir 40 000 francs CFA dans la location d’un lopin de terre de près de 300 m2 pour y cultiver des légumes. Afin d’alléger sa charge de travail, de l’aider à labourer la terre et à entretenir son champ, Adèle Banzouzi décide d’embaucher un jeune de son quartier. Aujourd’hui, elle dispose d’une douzaine de planches de ciboule et autres légumes qu’elle arrive à vendre entre 12 000 et 15 000 francs CFA (19-24 dollars) la planche. « Grâce à Lisungi, affirme Adèle Banzouzi en montrant fièrement son champ de légumes, j’ai pu dire non à la pauvreté » !

 

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Adèle Banzouzi montre son champ de légume et s’exclame : « Grâce à Lisungi, j’ai dit non à la pauvreté ! » Photo Franck Bitemo/Banque mondiale.

 

Adèle Banzouzi gère à présent son petit commerce de pain et ses activités maraîchères. Et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « J’ai acheté une vieille carcasse de congélateur, explique-t-elle avec enthousiasme. Dès que je recevrai ma prochaine allocation de Lisungi, je ferai installer un moteur et j’achèterai une glacière pour me lancer aussi dans la vente de boissons et de glaces ». À l’évidence, Adèle Banzouzi n’a pas mis longtemps à comprendre la nécessité pour elle de diversifier son activité pour développer ses affaires… 

 

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Adèle Banzouzi montrant la carcasse de congélateur qu’elle vient d’acheter et qu’elle compte réparer pour lancer une nouvelle activité commerciale. Photo Franck Bitemo/Banque mondiale.

 

D’un montant global de 37 millions de dollars, le projet Lisungi, est mis en œuvre depuis septembre 2014, notamment dans les deux plus grandes villes du pays, Brazzaville et Pointe-Noire, et dans les départements de la Cuvette et des Plateaux. Il vise d’une part à établir un programme national de filets de protection sociale en renforçant le système de sécurité sociale ; et d’autre part à introduire un programme pilote de transferts monétaires pour améliorer l’accès des ménages aux services de santé et d’éducation. Dans le cadre de ce programme, 4 331 ménages sur les 6 000 attendus, perçoivent trimestriellement des allocations sur la base de critères de vulnérabilités prédéfinis. 


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