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Liberté de la presse, pluralisme et démocratie en Amérique latine : les défis

03 mai 2013


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Un kiosque à journaux à Buenos Aires

Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, des experts ont discuté du rôle des médias et de la gouvernance en Amérique latine.
  • Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a plaidé en faveur d’une bonne gouvernance des médias pour faire reculer les inégalités et a soulevé la question de la concentration et des monopoles.
  • La conférence, organisée par l’école de journalisme de l’université Columbia avec le soutien de la Banque mondiale, s’est penchée sur des exemples venus d’Argentine et du Mexique.

La  Journée mondiale de la liberté de la presse était au cœur des milliers de messages échangés sur Twitter en espagnol ce jour-là. Celui du président colombien Juan Manuel Santos (@JuanManSantos) a marqué les esprits : « Nous défendons la liberté de la presse avec passion parce que c’est un droit fondamental. Nous réaffirmons cet engagement pour la Journée mondiale de la liberté de la presse ».

La Banque mondiale en Amérique latine a contribué à faire de cette journée un événement en soutenant et en rediffusant sur son site web une conférence intitulée « Liberté de la presse, normes médiatiques et démocratie en Amérique latine ». Organisée par l’école de journalisme de l’université Columbia, cette rencontre a permis à différents experts de discuter du rôle des moyens de communication publics et privés dans le développement social et le renforcement des institutions dans les pays de la région.

En Amérique latine, la liberté d’expression et de la presse fait partie des valeurs reconnues et la région s’efforce de consolider les institutions démocratiques à travers un pluralisme et une diversité accrus.

Pour Edward Schumacher, médiateur de la radio publique américaine National Public Radio et organisateur de la conférence, « étant donné le nombre de conflits qui opposent les gouvernements et les journalistes dans un certain nombre de pays, nous avons estimé que le moment était opportun pour aborder cette question ».

L’événement a réuni des représentants de la presse et des experts, dont le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz.


« Un paysage médiatique pluriel dans ses contenus, sa vision et ses actionnaires garantit une participation plus active de l’opinion publique aux processus de développement et implique les citoyens dans les décisions associées à la définition des priorités de développement d’un pays. »

Sergio Jellinek

responsable des relations extérieures pour la Région Amérique latine et Caraïbes à la Banque mondiale

Un panel d’universitaires a ouvert le colloque avec un débat sur les défis découlant des nouvelles règles encadrant les médias dans certains pays. Roberto Saba, de l’université Palermo en Argentine, et le Mexicain Alejandro Madrazo, du Center for Economic Research and Teaching et de la Georgetown Law School, ont présenté des études de cas de leurs pays.

Parmi les participants à cette discussion, Ricardo Trotti, de l’Inter-American Press Association, a notamment rappelé les propos d’un ancien président de la Banque mondiale, James Wolfensohn : « La liberté de la presse est un outil fantastique pour le développement économique des communautés. Pour réduire la pauvreté, nous devons libéraliser l’accès à l’information et en améliorer la qualité, parce que l’information rend les individus autonomes et que des individus autonomes sont à même d’opérer des choix plus judicieux ».

Presse et développement

Joseph Stiglitz a ensuite exposé son point de vue d’économiste sur le rôle crucial de la presse en ce qu’elle « attire l’attention sur les abus de gouvernance, dans le secteur public comme dans le secteur privé », et en soulignant l’essence même de l’information, qui constitue selon lui un bien public qui doit profiter à chacun.

Il a évoqué les obstacles auxquels se heurte la presse traditionnelle, notamment la concentration des médias, l’absence de diversification, la difficulté d’accès à l’information dans certains cas et la concurrence avec les nouveaux supports numériques. Pour le prix Nobel d’économie, il faut surmonter ces problèmes pour pouvoir disposer de moyens de communication solides qui relaient l’opinion de tous et contribuent ainsi à la réduction des inégalités.

La conférence s’est penchée sur deux études de cas : des responsables des journaux Clarín et La Nación, en Argentine, et des juristes se sont penchés sur la situation des médias dans ce pays, et notamment de la législation régissant l’audiovisuel ; un panel consacré au Mexique s’est intéressé aux conséquences d’une loi récente qui introduit une concurrence accrue sur le marché et confère un nouveau rôle au gouvernement.

Une autre table ronde a discuté des évolutions en cours en matière d’autorégulation des médias et de concentration, ainsi que de leurs retombées sur le plan politique.

À ce propos, Sergio Jellinek, responsable des relations extérieures pour la Région Amérique latine et Caraïbes à la Banque mondiale, a insisté sur la nécessaire inclusion sociale qui doit découler des nouveaux médias tels que la télévision numérique et de leur réglementation.

Pour lui, « un paysage médiatique pluriel dans ses contenus, sa vision et ses actionnaires garantit une participation plus active de l’opinion publique aux processus de développement et implique les citoyens dans les décisions associées à la définition des priorités de développement d’un pays ».

Enfin, rendez-vous a été pris pour la suite de la conférence, les 21 et 22 octobre prochains, à l’occasion de la 75e édition du prix Maria Moors Cabot, l’une des récompenses les plus prestigieuses du continent américain dans le domaine du journalisme et que décerne l’école de Columbia. Ce second volet, comme l’a annoncé M. Schumacher, sera consacré au rôle d’Internet, des réseaux sociaux et des médias à travers des études de cas du Venezuela et du Brésil.


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