Un panel d’universitaires a ouvert le colloque avec un débat sur les défis découlant des nouvelles règles encadrant les médias dans certains pays. Roberto Saba, de l’université Palermo en Argentine, et le Mexicain Alejandro Madrazo, du Center for Economic Research and Teaching et de la Georgetown Law School, ont présenté des études de cas de leurs pays.
Parmi les participants à cette discussion, Ricardo Trotti, de l’Inter-American Press Association, a notamment rappelé les propos d’un ancien président de la Banque mondiale, James Wolfensohn : « La liberté de la presse est un outil fantastique pour le développement économique des communautés. Pour réduire la pauvreté, nous devons libéraliser l’accès à l’information et en améliorer la qualité, parce que l’information rend les individus autonomes et que des individus autonomes sont à même d’opérer des choix plus judicieux ».
Presse et développement
Joseph Stiglitz a ensuite exposé son point de vue d’économiste sur le rôle crucial de la presse en ce qu’elle « attire l’attention sur les abus de gouvernance, dans le secteur public comme dans le secteur privé », et en soulignant l’essence même de l’information, qui constitue selon lui un bien public qui doit profiter à chacun.
Il a évoqué les obstacles auxquels se heurte la presse traditionnelle, notamment la concentration des médias, l’absence de diversification, la difficulté d’accès à l’information dans certains cas et la concurrence avec les nouveaux supports numériques. Pour le prix Nobel d’économie, il faut surmonter ces problèmes pour pouvoir disposer de moyens de communication solides qui relaient l’opinion de tous et contribuent ainsi à la réduction des inégalités.
La conférence s’est penchée sur deux études de cas : des responsables des journaux Clarín et La Nación, en Argentine, et des juristes se sont penchés sur la situation des médias dans ce pays, et notamment de la législation régissant l’audiovisuel ; un panel consacré au Mexique s’est intéressé aux conséquences d’une loi récente qui introduit une concurrence accrue sur le marché et confère un nouveau rôle au gouvernement.
Une autre table ronde a discuté des évolutions en cours en matière d’autorégulation des médias et de concentration, ainsi que de leurs retombées sur le plan politique.
À ce propos, Sergio Jellinek, responsable des relations extérieures pour la Région Amérique latine et Caraïbes à la Banque mondiale, a insisté sur la nécessaire inclusion sociale qui doit découler des nouveaux médias tels que la télévision numérique et de leur réglementation.
Pour lui, « un paysage médiatique pluriel dans ses contenus, sa vision et ses actionnaires garantit une participation plus active de l’opinion publique aux processus de développement et implique les citoyens dans les décisions associées à la définition des priorités de développement d’un pays ».
Enfin, rendez-vous a été pris pour la suite de la conférence, les 21 et 22 octobre prochains, à l’occasion de la 75e édition du prix Maria Moors Cabot, l’une des récompenses les plus prestigieuses du continent américain dans le domaine du journalisme et que décerne l’école de Columbia. Ce second volet, comme l’a annoncé M. Schumacher, sera consacré au rôle d’Internet, des réseaux sociaux et des médias à travers des études de cas du Venezuela et du Brésil.