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En proie à un déficit énergétique, les entreprises camerounaises se tournent vers l’énergie hydro-électrique

11 janvier 2010


DOUALA, 11 janvier 2010—Basile Nkwesi, Directeur Commercial de Multiprint, parle au nom de beaucoup d’autres responsables frustrés du centre commercial de Douala, lorsqu’il évoque le cercle vicieux dans lequel l’approvisionnement incertain et cher en énergie électrique plonge la plupart des entreprises.

Les coupures intempestives d’énergie interrompent le processus d’impression, endommagent les équipements, retardent les livraisons et créent des coûts supplémentaires aux clients. «C’est une contrainte énorme car nous perdons des clients au profit de nos concurrents asiatiques qui, en dépit de la distance, sont plus compétitifs », souligne M. Nkwesi. Comme presque toutes les autres entreprises de la place, Multiprint est obligée de disposer d’un groupe électrogène pour pallier aux carences de l’approvisionnement en énergie électrique, en dépit des coûts supplémentaires que cette alternative génère.

« Et lorsque les clients s’en vont, il est difficile de grandir, d’investir ou de recruter », insiste–t-il. En fait, au cours des deux dernières années, Multiprint a réduit sa masse salariale à 115 employés, pour une entreprise qui en comptait auparavant 200.

Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et de réaliser la vision du Gouvernement de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, le Cameroun a besoin d’une croissance économique de l’ordre de 7% qui, cependant, reste un leurre, tant l’approvisionnement inadéquat en énergie électrique plombe la compétitivité d’un secteur privé toujours plus dynamique et plus compétitif.

Victime des mêmes déboires 15 jours sur 30 tous les mois, Graphics System, une autre imprimerie de la place, perd environ 10% de ses revenus selon les estimations du Directeur Général Jean Luc Le Gall.

L’enquête sur le climat des affaires au Cameroun révèle que 67% des entreprises manufacturières citent l’approvisionnement cher et incertain en énergie électrique parmi les 5 premiers obstacles majeurs à leur développement.

De l’avis de Justin Fotsing, Economiste en Chef au GICAM (Groupement Inter Patronal du Cameroun), le problème d’énergie a des conséquences sur l’ensemble de l’économie nationale. Et le Secrétaire Général de la Chambre de Commerce, Saidou Abdoulai Bobboy d’ajouter : « Les importants investissements consentis pour acquérir des groupes électrogènes et leurs coûts de fonctionnement obligent des investisseurs à reporter beaucoup d’investissements afin d’anticiper sur les incertitudes de l’approvisionnement en énergie électrique ».

Pour faire face au déficit d’approvisionnement en énergie électrique, le gouvernement entend optimiser son potentiel hydroélectrique - le deuxième du continent en Afrique subsaharienne - à travers la réalisation du projet de Lom Pangar qui déclenchera l’accès au potentiel hydroélectrique de la Sanaga estimé à 6,000 MW, à la satisfaction des responsables du secteur privé qui, cependant, redoutent que l’aboutissement tardif du projet ne suffise à réduire leurs coûts de production à court terme.


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