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Le Groupe de la Banque mondiale prépare son Rapport sur le changement climatique

07 octobre 2008


LES POINTS MARQUANTS
  • Le changement climatique constituera l’un des principaux sujets abordés lors des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, qui se tiendront ce mois-ci.
  • Un nouveau cadre stratégique définit le rôle du Groupe de la Banque mondiale dans la lutte contre les effets du réchauffement climatique.
  • Les Fonds d’investissements climatiques permettront de renforcer les négociations des Nations Unies dans le domaine du changement climatique.

3 octobre 2008 — Malgré la tempête financière qui secoue la planète, plusieurs pays ont décidé de conjuguer leurs efforts pour aider les pays en développement à faire face aux défis du changement climatique.
 
Le 26 septembre, dix pays industrialisés, réunis au siège de la Banque mondiale à Washington, se sont engagés à verser 6,1 milliards de dollars aux deux Fonds d’investissements climatiques récemment institués. Ces Fonds ont pour but de promouvoir le rendement énergétique et les technologies à faibles émissions de CO2 (telles que l’énergie éolienne et l’énergie solaire), de mettre à l’essai de nouvelles approches dans la mise en place de moyens de résistance au changement climatique dans les pays exposés, ainsi que de favoriser les investissements en faveur des forêts et le développement des énergies renouvelables.
 
Il est encourageant de constater que « même en pleine crise économique », un soutien fort est apporté aux efforts engagés pour lutter contre le changement climatique, affirme Kseniya Lvovsky, économiste principal en économie environnementale de la Banque mondiale. « Cet engagement démontre que le changement climatique demeure une priorité très importante pour les dirigeants internationaux ».
 
En effet, le changement climatique constituera l’un des principaux sujets à l’ordre du jour des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, qui se tiendront courant octobre.
 
Le 12 octobre, la Banque mondiale va notamment présenter aux ministres des Finances et du Développement son nouveau rapport intitulé Cadre stratégique pour le changement climatique et le développement. Ce Cadre stratégique, élaboré pendant plus de cinq mois à partir de consultations ayant réuni 1 800 participants de 76 pays, définit le rôle de la Banque mondiale dans la lutte contre un phénomène aux conséquences majeures risquant en outre d’affecter le plus durement des pays qui en sont pourtant le moins responsables.
 
D’après les économistes, le coût de la stabilisation du taux de dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère pourrait être compris, pour les prochaines décennies, entre 200 milliards et plus de mille milliards de dollar par an. De plus, des dizaines de milliards de dollars seront nécessaires chaque année pour aider les pays en développement les plus exposés à s’adapter au changement climatique. Avec seulement 10 milliards de dollars alloués aux pays en développement à l’heure actuelle, M. Lvovsky admet que la tâche est immense.
 
Une mission-clé : aider les pays à s’adapter au changement climatique
 
Tandis que la   Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) coordonne la coopération et la politique internationales en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Groupe de la Banque mondiale (GBM) s’attache surtout à aider certains des pays parmi les plus pauvres à s’adapter au changement climatique et à gérer les risques qui en découlent.
 
Le GBM collabore avec d’autres partenaires du développement afin de mobiliser des fonds destinés à financer les efforts d’adaptation au changement climatique. Sur les 6,1 milliards de dollars promis aux nouveaux Fonds, un peu moins d’un milliard a été versé au Fonds climatique d’investissement stratégique. Une grande partie de ces ressources permettra de mettre à l’essai des programmes destinés à renforcer la capacité de résistance au changement climatique, dans 10 à 15 pays parmi les plus exposés et les plus pauvres.
 
L’accès à l’énergie reste une priorité
 
Améliorer l’accès à l’énergie est également une préoccupation majeure du Groupe de la Banque mondiale. En effet, 1,6 milliard de personnes sont toujours privées d’électricité.
 
D’après M. Lvovsky, même si l’utilisation de sources d’énergie conventionnelles « sera toujours de mise pendant un certain temps », la Banque a pour objectif d’aider les pays à développer des ressources énergétiques durables, en soutenant la mise en œuvre de programmes favorisant les énergies renouvelables, le rendement énergétique et l’utilisation de technologies conventionnelles plus propres.
 
Le nouveau Cadre stratégique s’appuie sur les récentes augmentations de financement dont ont bénéficié les technologies à faibles émissions de CO2 au sein du GBM.
 

  • Les ressources destinées aux énergies renouvelables  et au rendement énergétique ont augmenté de 87% au cours de l’exercice 2008, clos le 30 juin, atteignant ainsi un montant total de 2,7 milliards de dollars environ.
     
  • La part du soutien apporté aux projets en faveur des énergies sobres en carbone est passée de 28 % pour les exercices 2003-2005, à 41 % pour les exercices 2006-2008. Dans leur ensemble, les prêts accordés dans le domaine énergétique sont passés de sept milliards sur les exercices 2003-2005, à 15 milliards de dollars pour l’exercice 2006-2007.
     
  • Les activités liées au marché du carbone ont atteint 2,1 milliards de dollars, par le biais de 10 fonds ayant rassemblé 16 gouvernements et 66 entreprises privées. Grâce à une mobilisation de fonds considérable, le marché du carbone est l’un des meilleurs moyens de soutenir l’investissement en faveur d’une économie à faible intensité de carbone.
     

Au cours des exercices budgétaires 2006-2008, environ 30 % des prêts consentis dans le secteur énergétique ont permis d’aider les populations des pays en développement à accéder à l’énergie, et 12 % à en assurer la transmission et la distribution. L’accès à l’énergie ainsi que les projets en faveur des énergies sobres en carbone ont représenté 66 % de l’ensemble des prêts du GBM au cours de la même période.
 
D’après les prévisions du Cadre stratégique, 50 % des financements accordés par le GBM dans le secteur de l’énergie d’ici à 2011 concerneront des projets en faveur d’énergies à faible intensité de carbone.
 
« Dans le cadre de notre mission principale qui est de vaincre la pauvreté, nous devons impérativement nous assurer que les coûts liés au changement climatique ne soient pas un obstacle à la croissance des pays en développement », déclare M. Lvovsky.
 
De nouvelles opportunités pour les projets favorisant les énergies renouvelables et le rendement énergétique
 
Le nouveau Fonds pour les énergies propres accordera 5,2 milliards de dollars pour financer   le développement des ressources énergétiques et des technologies de transport sobres en carbone, ainsi qu’à promouvoir le rendement énergétique dans les secteurs immobilier, industriel et agricole.
 
D’après Rohit Khanna, Chargé principal des opérations à la Banque mondiale, l’énergie éolienne, l’énergie géothermique, l’énergie solaire concentrée, mais aussi le développement destransports en commun ou bien les efforts pour renforcer la demande et l’offre en matière d’efficacité énergétique sont autant de domaines dans lesquels des investissements sont envisageables.
 
Le Fonds pour les énergies propres est essentiellement destiné à des technologies mises en œuvre pour répondre aux besoins, et ne servira pas à soutenir les technologies qui en sont encore au stade de la recherche. « Nous voulons investir à grande échelle dans des technologies qui sont d’ores et déjà exploitables », confie M. Khanna. « Nous recherchons des technologies qui ont déjà été mises à l’essai, et pour lesquelles le secteur concerné est prêt à entreprendre l’étape suivante de généralisation ».
 
Il ajoute que « si le Fonds pour les énergies propres peut permettre à l’énergie solaire concentrée d’atteindre le même niveau de développement que l’énergie éolienne, ce serait une grande réussite. Le prix de l’énergie éolienne a énormément baissé au cours de ces dix dernières années, et si en cinq ans nous pouvions accélérer la réduction du coût de l’énergie solaire, l’impact serait considérable ».
 
Les FIC : une importante source de financement provisoire
 
Les ressources des Fonds d’investissements climatiques (FIC) iront à des programmes mis en place dans le cadre de la stratégie de développement de certains pays et présentant un potentiel significatif de réduction des émissions de carbone. Toutefois, une clause de caducité permettra de s’assurer que ces Fonds ne portent pas atteinte aux négociations des Nations Unies actuellement en cours dans le domaine du changement climatique. « Nous espérons que le nouvel accord sur le climat permettra aux pays en développement d’accéder à d’importantes ressources financières […]. D’ici là, il existe un besoin urgent d’accroître la mobilisation des ressources disponibles, et de constituer la base de connaissances nécessaire au sein de la communauté du développement » précise M. Khanna.


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