NOUAKCHOTT, le 1e juin 2021 – Comme dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, la crise de la COVID-19 a perturbé l’activité économique en Mauritanie et fait chuter la croissance de 5,9 % en 2019 à -1,5 % en 2020. Cette contraction tient essentiellement à la mauvaise performance des secteurs de la pêche et des services, fortement affectés par les mesures de confinement. La COVID-19 a particulièrement affecté le bien être des ménages, les trois quarts d’entre eux ayant déclaré avoir subi une diminution de leurs revenus professionnels. Cette tendance est plus marquée dans les villes de Nouakchott et Nouadhibou, où se concentre la majorité des employés du secteur des services.
Le rapport, Un meilleur avenir : accélérer la relance économique en misant sur le potentiel des femmes, note que si l’activité économique s’est ralentie en raison de la pandémie, le soutien des bailleurs de fonds et l'amélioration des termes de l'échange ont permis d'alléger les pressions sur le compte courant et le budget. Ainsi, le ratio de la dette au PIB est resté stable, bien que le risque de surendettement demeure élevé. À moyen terme, la croissance devrait rebondir grâce à la reprise du secteur non extractif, à l'augmentation de la production minière et au début de la production de gaz en 2023. « Les perspectives macroéconomiques restent cependant sujettes à quatre risques principaux : l’impact prolongé de la pandémie, les aléas climatiques, des retards éventuels dans les réformes structurelles et l'insécurité régionale », souligne Samer Matta, principal auteur du rapport et économiste à la Banque mondiale.
Partant du constat que le renforcement du potentiel et des opportunités des femmes et des filles est une condition essentielle au développement de l’économie, le second chapitre du rapport porte son attention sur les femmes et analyse les principaux obstacles à leur épanouissement économique. Selon le rapport, les inégalités hommes-femmes en matière de capital humain coûtent à la Mauritanie 19 % de sa richesse nationale.
Présentent dès l’enfance, ces disparités se produisent dans de nombreuses sphères de la vie, et empêchent les femmes de participer pleinement à l’activité économique.
La loi protège moins les femmes que les hommes
Malgré les progrès réalisés au cours de la dernière décennie, l'environnement juridique en Mauritanie reste discriminatoire à l'égard des femmes. En 2020, le pays se classait au 177e rang mondial dans l'Indice sur les femmes, l’entreprise et le droit. Cette discrimination juridique se retrouve dans des domaines aussi divers que l’inaccessibilité à certains emplois, l’incapacité juridique à être chef de famille, le manque de protection contre l’inégalité d'accès à un prêt bancaire ou à un emploi, sans compter les inégalités de salaires et de droits de propriété.