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Fiches de résultats 10 novembre 2020

Gestion des inondations dans la région de l'Extrême-Nord au Cameroun : les riverains n'ont plus peur des pluies diluviennes depuis que la digue du Logone et le barrage de Maga ont été réhabilités

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Content de sa bonne récolte, un agriculteur de la région de l’Extrême-Nord au Cameroun brandit des bottes de jeunes pousses de riz.

Photo: Odilia Hebga/World Bank


Mis en œuvre de 2014 à 2020, le projet d'urgence contre les inondations a réhabilité 70 kilomètres (km) de la digue du Logone, 27 km du barrage de Maga et partiellement 7 500 hectares de périmètres d'irrigation. Le projet a également fourni des formation et contribué à créer des emplois. Huit associations d'usagers de l'eau et environ 103 000 personnes, dont 30 % de femmes en ont directement bénéficié.

Enjeux

En 2012, le nord du Cameroun a connu des précipitations exceptionnellement élevées, qui ont provoqué des inondations dans les régions du Nord et de l'Extrême-Nord. Dans la région de l'Extrême-Nord, où la pauvreté était déjà élevée, les inondations ont causé des dégâts importants aux infrastructures hydrauliques, affaiblissant davantage le barrage de Maga. Une estimation des dégâts a estimé qu'une potentielle rupture de barrage aurait inondé environ 150 km² et mis en danger près de 120 000 habitants. Les pluies et les inondations qui ont suivi ont également causé des dommages importants aux infrastructures d’irrigation de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (SEMRY) et détruit plus de 25 km de la digue du Logone, touchant environ 60 000 personnes (dont 1 222 familles dans le district de Maga et 9025 familles dans le district du Logone-et-Chari).

Approche

Finance à hauteur de 108 millions de dollars, le Projet d'Urgence de Lutte contre les inondations s'est concentré sur la protection de la population locale en réparant les principales infrastructures hydrauliques. De multiples solutions innovantes ont permis sa mise en œuvre, par exemple, tous les plans d'action de réinstallation ont été mis en œuvre étape par étape (au lieu de l'approche intégrale habituelle) le long des 70 km de la digue du Logone. Un mécanisme efficace de règlement des plaintes a été mis en place, ce qui a permis de recevoir et de traiter efficacement les préoccupations des riverains. Ces mesures ont permis une réalisation harmonieuse de ces grands travaux effectués dans une zone où vivent plus de 150 000 personne qui n’ont pas entraîné contentieux graves ou insolubles de la part des communautés locales. De plus, les chefs traditionnels et religieux qui jouent un rôle clé dans la société de la région de l'Extrême-Nord ont participé à la supervision du projet. Cela a permis aux communautés à s'approprier les infrastructures réhabilitées.

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Section renforcée du Barrage de Maga, pour lutter contre les effets d'érosion des vagues. Région de l’Extrême-Nord, Cameroun. © Odilia Hebga, Banque mondiale

Résultats

  • Le projet a renforcé la résistance contre les inondations d’une digue de 70 km de long de la rivière Logone et 27 km du barrage de Maga, ce qui a contribué à protéger les communautés locales. Il a également remis en état les infrastructures d'irrigation, y compris certaines prises d'eau, les canaux principaux et les canaux secondaires. Il a contribué à assurer un approvisionnement en eau fiable et adapté. Tous les travaux ont été achevés en 2018-2019.
  • Environ 30% des infrastructures d'irrigation en aval ont fait l’objet de travaux supplémentaires de réhabilitation.
  • Environ 103 000 personnes ont directement bénéficié du projet dont : les familles des riziculteurs, les familles réinstallées, les emplois générés par les travaux, les familles bénéficiant de l'approvisionnement en eau grâce à la construction de forages d'eau, les membres des comités locaux de gestion de crise et les personnes formées à la préparation aux catastrophes et à la gestion des urgences.
  • Un plan d'urgence contre les inondations a été élaboré et diffusé. Il a passé avec succès l'épreuve des inondations de 2019.
  • Un réseau sur le bassin du Logone au Tchad et au Cameroun a permis d'améliorer la collecte de données météorologiques en étroite coordination avec la Commission du bassin du lac Tchad.
  • Pendant la durée du projet, qui a été conçu en raison d'une situation d'urgence, le secteur privé a augmenté sa participation, ouvrant ainsi la voie à la participation future du secteur privé et à son financement.
  • Le projet a permis de créer et de consolider huit associations d'usagers de l'eau, qui disposent désormais de bureaux et d'équipements pour la maintenance des canaux tertiaires.

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Un bateau pour soutenir les activités de sauvetage en cas d'inondations, région de l’Extrême-Nord, Cameroun. © Odilia Hebga, Banque mondiale

Contribution de la Banque mondiale

L'Association internationale de développement (IDA) a soutenu ce projet avec un financement de 108 millions de dollars. Divers fonds d'affectation spéciale, tels que le Programme mondial pour l'eau et l'assainissement et le Service d'experts de l'eau, ont soutenu sa mise en œuvre et fourni de nombreux experts.

Partenaires

Le Projet d'urgence de lutte contre les inondations a été mis en œuvre en étroite coordination avec le ministère de l'Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire le ministère de l'Agriculture et du Développement Rural. Dans le cadre d’un accord de jumelage, la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (SAED) a apporté son expérience en matière de restructuration d’institutions parapubliques pour permettre la participation du secteur privé. La Commission du bassin du lac Tchad a contribué à améliorer la gestion des ressources en eau au niveau régional. En outre, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a introduit de nouvelles technologies agricoles, par exemple un nivellement précis qui a contribué à améliorer les rendements du riz.

Prochaines étapes

Ce projet a ouvert la voie à une série de projets au nord du Cameroun. Deux projets financés par l’IDA sont actuellement en cours, ils se concentrent sur l’amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs. Le Projet de valorisation des investissements dans la vallée du Bénoué a été récemment approuvé, et le Projet de valorisation des investissements dans la vallée du Logone est en préparation.

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Couple de producteurs transportant du riz paddy, région de l’Extrême-Nord, Cameroun. © Odilia Hebga, Banque mondiale

Bénéficiaires

Depuis 2018, plus de 100 000 personnes vivant dans les plaines inondables du Logone ne craignent plus les inondations et se sentent en sécurité, grâce à la réhabilitation du barrage de Maga et de la digue du Logone. La réhabilitation des périmètres d'irrigation a aidé les communautés locales à augmenter leurs revenus, à payer les frais de scolarité et de soins de santé, et globalement à améliorer leurs moyens de subsistance.

Suzanne cultive du riz et vit dans le village appelé Djogoidi situé dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun. La maison dans laquelle elle vivait avec sa famille se trouvait à environ 50 mètres de la rivière Logone. Chaque année, pendant les deux mois de pluie dans cette région, les habitants de son village et elle vivaient dans la peur des inondations et de ce qui pouvait leur arriver s'ils perdaient leurs maisons, leurs troupeaux. Grâce au projet, Suzanne et la plupart de ses voisins ont été réinstallés dans des maisons rénovées. « Avec la réhabilitation des digues et la réinstallation dans des maisons construites en parpaings, nous pouvons désormais dormir en paix et ne plus avoir peur des fortes pluies. Ma famille est en sécurité, mon troupeau est en sécurité et ma rizière est désormais en sécurité. »