Skip to Main Navigation
ARTICLE 22 juin 2021

Bénin : des fruits et légumes bio pour protéger les mangroves

Image

Au Bénin, des coopératives de maraîchers ont décidé de passer à la culture bio pour préserver la santé des communautés et les mangroves environnantes.

Photo: Ministère du cadre de vie et du développement durable du Bénin.


LES POINTS MARQUANTS

  • Au Bénin, des coopératives de maraîchers ont décidé de passer à la culture bio pour préserver la santé des communautés et les mangroves environnantes
  • Grâce à l’appui du projet d’investissements de la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest, elles ont pu diversifier leur production et leurs sources de revenus
  • Les 32 coopératives actuelles réunissent 495 bénéficiaires directs – dont une majorité de femmes – et une nouvelle phase a permis d’étendre les bénéfices pour les communautés comme pour le littoral béninois

ADOUNKO, le 18 juin 2021. Aujourd'hui, c'est jour de marché à Pahou, à une vingtaine de kilomètres de Cotonou au Bénin. Aguenon, une jeune commerçante fait le point de la vente du jour assise devant ses paniers vides, sourire aux lèvres. Le lieu est réputé pour la qualité de ses tomates. « La tomate “écolo”, comme on l'appelle ici. Mes clients préfèrent ces tomates-là. Elles sont sans pesticides et elles ne se gâtent pas vite », confie la jeune femme qui n'a visiblement pas eu de difficulté à écouler ses produits. Heureuse de sa recette, Aguenon doit la réussite de son commerce à son principal fournisseur, la coopérative maraîchère Gbédjromèdé d’Adounko, l’un des villages de la côte ouest de Cotonou dont les mangroves sont fortement menacées par la pression humaine.

Sur une superficie de 3 hectares, la coopérative produit des fruits et légumes de saison pour les marchés environnants. Alors que pendant des années, les membres de la coopérative utilisaient pesticides et engrais chimiques, ils ont dû revoir ses pratiques avec l’appui du projet d’investissements de résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA-ResIP Bénin) financé par la Banque mondiale et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).

Prise de conscience environnementale

« Une mission de la Banque mondiale est venue jusqu'à nous, ici au village, pour nous demander de ne plus détruire les mangroves et en retour, elle nous viendrait en aide », explique Enagnon Benjamin, président de la coopérative. « Quelques mois plus tard, ils sont revenus recenser nos activités et ont décidé de financer celles qui n'ont pas d'impact négatif sur les mangroves. »

Mis en œuvre dans six pays (Bénin, Côte d'Ivoire, Mauritanie, São Tomé-et-Principe, Sénégal et Togo), le projet développe diverses mesures de lutte contre l’érosion côtière afin de renforcer la résilience des communautés dans les régions côtières de l'Afrique de l'Ouest.

Selon une étude de la Banque mondiale intitulée Note sur les forêts du Bénin, publiée en juin 2020, » qui stockent d’importantes quantités de carbone dans le sol, contribuant ainsi à l’atténuation des effets du changement climatique. Pour réduire la pression accrue des communautés riveraines sur les ressources des mangroves, le projet appuie aussi les coopératives riveraines organisées autour des aires communautaires de conservation de la biodiversité, à travers le financement d’activités alternatives génératrices de revenus.

« Ce soutien est un moyen efficace d’améliorer les conditions de vie des populations et de réduire les pressions sur les ressources naturelles des aires protégées », souligne Abdou Salami Amadou, responsable du volet FEM pour le projet WACA-ResIP-Bénin.

Pour bénéficier de cet accompagnement, le projet demande aux maraîchers de se constituer en coopérative pour ne produire que des fruits et légumes bios, respectant les ressources à préserver. « Au début du projet, nous avons reçu des formations où on nous a montré les dangers des pesticides et des engrais chimiques pour l'environnement et la santé. Nous avons appris de nouvelles techniques de fabrication d’engrais biologiques pour entretenir nos champs », explique Benjamin Enagnon, l’un des participants.

En plus de la formation, les maraîchers sont accompagnés sur le terrain par un technicien spécialiste de la production végétale. « Pour conserver la biodiversité et les mangroves, nous avons choisi les pratiques écologiques, comme le compostage et la fabrication de pesticides biologiques par des plantes disponibles dans leur environnement », explique Roméo Affouncho, agronome chargé du suivi de la production dans le cadre du financement du projet de la coopérative Gbèdjromédé. Jeanne Adanbiokou Akakpo, coordinatrice générale adjointe et chargée du suivi-évaluation de l'unité intégrée de gestion des projets ajoute : « Nous assurons un suivi rapproché de leurs activités comme celles de l’ensemble des bénéficiaires du projet. Nous essayons de corriger certains problèmes et les aidons à développer les bons réflexes ».

Image
Au Bénin, la production de fruits et légumes bio a permis aux maraîchers et à leurs familles d'augmenter leurs revenus et de subvenir à leurs besoins. Photo : Ministère du cadre de vie et du développement durable du Bénin.

Des retombées socioéconomiques positives

. « Je faisais le commerce de noix de coco de façon saisonnière. Quant à mon mari, il cumulait l’agriculture avec son métier de couturier. Mais aujourd'hui, avec le projet WACA, nous nous consacrons entièrement au maraîchage et nous ne nous plaignons pas », reconnaît l'une des épouses d'un maraîcher, mère de deux enfants. En moyenne, chaque producteur gagne au minimum 200 000 francs CFA par saison, après soustraction des dépenses liées à la production. Avant l'accompagnement du projet, les maraîchers ne produisaient que de la tomate, dont la saison ne dure que trois mois par an. Aujourd'hui, grâce à WACA-ResIP, leur production est diversifiée : pastèques, concombres, haricots verts, choux sont autant de sources de revenus. Benjamin Enagnon est très heureux de constater que l'activité nourrit directement plus de 70 personnes, membres des familles des maraîchers.

La production végétale a généré des emplois directs et indirects, permanents ou saisonniers, pour les habitants de la région. En plus des transporteurs, vendeuses et techniciens qui apportent leur appui aux maraîchers, les fournisseurs d’intrants servant à produire l’engrais biologique bénéficient aussi des retombées du projet.

En 2019, 32 coopératives composées de 495 bénéficiaires directs—dont 371 femmes—ont été financées à hauteur de 268 millions de francs CFA. Le maraîchage écologique, la transformation de produits agricoles, l’élevage et la pisciculture constituaient l’essentiel des activités. En 2020, une deuxième génération de bénéficiaires a signé des conventions, pour un montant d’enviGrâce à la culture bio, la nature reprend peu à peu ses couleurs et redonne vie à l’aire communautaire de conservation de la biodiversité de la zone d'Adounko.

Image
Avant l'accompagnement du projet WACA-ResIP, les maraîchers d’Adounko ne produisaient que de la tomate, dont la saison ne dure que trois mois par an. Aujourd'hui, leur production est diversifiée : pastèques, concombres, haricots verts, choux augmentent leur revenus. Photo : Ministère du cadre de vie et du développement durable du Bénin.



Api
Api