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Une solution « en béton » pour une meilleure maîtrise de l’énergie

05 septembre 2014



LES POINTS MARQUANTS
  • La production de ciment est particulièrement énergivore et génère 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
  • Cependant, les cimenteries peuvent réduire leurs émissions et autoproduire 30 % de l’énergie qui leur est nécessaire grâce à des techniques de récupération de la chaleur perdue.
  • Au sein du Groupe de la Banque mondiale, l’IFC encourage le recours à cette technologie dans cinq régions du monde où l’industrie cimentière devrait connaître une forte croissance.

Le ciment, composant principal du béton, est le matériau de construction le plus largement utilisé dans le monde. Son processus de fabrication est très énergivore et génère environ 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Or, dans les années à venir, l’urbanisation croissante et la construction de routes, de bâtiments et d’infrastructures dans les pays en développement risquent fort d’augmenter le niveau de ces émissions. Par conséquent, il est important que l’industrie du ciment adopte des technologies efficaces pour garantir un développement sobre en carbone. Parmi ces technologies figure notamment la récupération de la chaleur rejetée par les usines.

Ce procédé consiste à capter la chaleur excédentaire résultant d’un processus industriel et à l’utiliser pour produire de l’électricité. Il peut s’appliquer à de nombreuses industries lourdes, par exemple l’acier et la chimie. Toutefois, hormis en Chine, cette technologie n’est pas utilisée à grande échelle alors qu’elle recèle un fort potentiel d’amélioration de l’efficacité énergétique et d’atténuation du changement climatique. Ainsi, sur plus de 850 installations de récupération de chaleur opérationnelles dans l’industrie du ciment mondiale, 739 sont en Chine, 26 en Inde et le Japon en compte 24.

Selon un rapport (a) publié par la Société financière internationale (IFC), l'institution de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé, et par le Institute for Industrial Productivity (a), les cimenteries pourraient autoproduire 30 % de l’électricité qui leur est nécessaire en recourant à cette technologie, ce qui leur permettrait en outre d’améliorer leur résultat net de 10 à 15 %.

Ainsi, comme l’a souligné Michel Folliet, spécialiste responsable du secteur à l’IFC, « les fabricants de ciment peuvent disposer d’une électricité plus fiable et moins chère, tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre ».

À la recherche des possibilités de déploiement en Asie et au-delà  

Le rapport étudie la situation du marché dans 11 pays de cinq régions du monde où l’industrie cimentière devrait connaître une forte croissance. Ses auteurs estiment qu’un investissement de cinq milliards de dollars dans ces techniques de récupération de la chaleur permettrait de produire environ deux gigawatts (GW) d’électricité dans les pays en développement. De quoi alimenter, à titre de comparaison, entre 1,3 et 1,5 million de foyers. 



« Les fabricants de ciment peuvent disposer d’une électricité plus fiable et moins chère, tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre  »

Michel Folliet

Expert en industrie, IFC


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En s’appuyant sur l’expérience de l’Asie où cette technologie est bien connue, l’IFC étudie les possibilités de partenariat avec de grands fabricants et revendeurs d’équipements, notamment, dans le but de promouvoir sa diffusion.

Après le Japon qui a ouvert la marche dans les années 1980, la récupération de chaleur a été introduite en Chine par une coentreprise fondée par Kawasaki Engineering Co. (Japon) et Anhui Conch (Chine). La technologie s’est largement répandue en Chine depuis 1998 en réponse à la forte augmentation du coût de l’électricité. Son développement a aussi été favorisé par le gouvernement chinois qui a adopté des mesures d’allègement fiscal et, en 2011, une réglementation sur l’efficacité énergétique rendant obligatoire la récupération de la chaleur résiduelle dans les nouvelles cimenteries.

Le rapport analyse de façon exhaustive les possibilités de déploiement de cette technologie en fonction des conditions propres à différents pays. Sont ainsi pris en compte la situation du secteur du ciment, le prix de l’électricité à usage industriel, les problèmes d’approvisionnement par le réseau électrique, les exigences réglementaires et écologiques ainsi que la stabilité politique du pays.

L’une des grandes questions auxquelles l’IFC souhaite apporter des réponses est la nécessité de limiter le risque financier lié à la mise en œuvre de ce procédé. Pour cela, Michel Folliet explique que l’IFC s’appuie sur son expérience de la structuration de financements de projets innovants, sous la forme notamment d’instruments hors bilan.

L’IFC soutient déjà plusieurs projets dans ce secteur. Ainsi, le programme de financement d’équipements à haut rendement énergétique (a) a permis le financement de nombreux projets de récupération de chaleur par les banques privées — tandis qu’un autre projet soutenu par la Banque mondiale (a) soutient les initiatives de renforcement de l’efficacité énergétique des entreprises chinoises. Sur l’exercice 2014, l’IFC a par ailleurs accordé un prêt de 40 millions de dollars et contribué à collecter 25 millions de dollars pour financer un projet de récupération de chaleur en Turquie, mené par la société Cimko Cimento ve Beton Sanayi ve Ticaret A.S. (Cimko [a]).

« L’IFC s’attache à soutenir le développement de ce marché en aidant à constituer des montages financiers innovants qui répondront à la fois aux attentes des cimentiers, des professionnels de la récupération de chaleur et des banquiers, mais aussi en finançant de tels projets », conclut Michel Folliet.


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