Le PIB de l’Asie du Sud devrait, selon les prévisions, enregistrer une croissance de 6,8 % en 2022 et de 5,8 % en 2023, mais les conséquences de la guerre en Ukraine ont affaibli cette reprise, qui était déjà inégale et fragile, contribuant à l’inflation, à la détérioration de la balance des opérations courantes et à la hausse de la dette. Les taux de pauvreté sont censés regagner le terrain perdu parallèlement à la croissance économique : le nombre de personnes pauvres vivant avec 3,20 dollars par jour ou moins dans la région devrait, selon les prévisions, se situer entre 615 et 704 millions en 2022, soit un chiffre inférieur à celui de 2019, avant la pandémie.
L’Asie du Sud est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique et des catastrophes naturelles. Plus de la moitié de la population de la région, soit 750 millions de personnes, a été touchée par au moins une catastrophe d’origine climatique au cours des deux dernières décennies. L’inégalité accentue ces effets, car les populations pauvres, vulnérables et marginalisées paient le prix fort face à ces chocs et sont celles qui sont le moins à même de se relever.
L’aide de la Banque mondiale
Durant l’exercice 22, la Banque a approuvé des prêts d’un montant de 9 milliards de dollars pour la région au titre de 44 opérations, dont 4,8 milliards de dollars d’engagements de la BIRD et 4,2 milliards de dollars d’engagements de l’IDA. Nous avons également approuvé 33 services de conseil et de produits d’analyse pour huit pays, représentant au total 6 millions de dollars. Des avis techniques ont été ainsi fournis sur des questions telles que la préparation aux pandémies et la vaccination, la gestion de la dette, la création d’emplois et la participation des femmes à la vie active, la lutte contre la pollution, la gestion des risques de catastrophes et la résilience climatique.
En Asie du Sud, nous nous attachons à accélérer les investissements dans le capital humain pour favoriser le développement inclusif, en promouvant une croissance verte et en renforçant la résilience dans l’ensemble de l’économie, des marchés et de la société.
Riposter aux crises
Nous continuons d’aider le peuple afghan à la suite de la crise politique d’août 2021 par l’intermédiaire du Fonds fiduciaire multidonateurs pour la reconstruction de l’Afghanistan. Cela permet de financer des projets qui soutiennent les moyens de subsistance de la communauté, la sécurité alimentaire et les soins de santé primaires, en accordant une attention aux femmes et aux filles. Ces projets sont mis en œuvre par des organismes des Nations Unies et des organisations non gouvernementales internationales. Nous avons également agi rapidement pour aider le peuple sri-lankais à surmonter la pire crise économique qu’il ait connue depuis des décennies en réaffectant le financement de projets existants pour répondre aux besoins urgents en matière de santé, de protection sociale, d’agriculture et d’énergie.
Accélérer l’investissement dans le capital humain
Malgré l’importance des progrès réalisés, l’Asie du Sud doit faire face à un déficit important et persistant de capital humain. Ce déficit a été accentué par la crise liée à la COVID‑19, qui a ralenti les progrès ou a réduit à néant les avancées. En moyenne, les enfants nés dans la région aujourd’hui ne peuvent espérer atteindre que 48 % de leur plein potentiel. Pour remédier à ces déséquilibres, nous aidons à renforcer les systèmes de santé, à élargir l’accès aux soins primaires et à mettre en place des systèmes de protection sociale plus solides, ciblés et répondant aux besoins au lendemain de chocs. Nous appuyons également les politiques d’éducation qui garantissent l’apprentissage pour tous, renforcent les compétences pour les besoins futurs et améliorent l’accès aux marchés du travail.
En Inde, un projet de 125 millions de dollars aide l’État du Bengale occidental à mettre en place un registre social consolidé qui permettra aux groupes pauvres et vulnérables de bénéficier d’une meilleure couverture sociale et d’améliorer leur accessibilité à l’aide sociale. Au Pakistan, nous accompagnons une série d’opérations aux niveaux fédéral et provincial afin d’améliorer les résultats en matière de santé primaire et d’éducation et de renforcer les moyens d’existence, les filets de sécurité sociale ciblés et la préparation aux crises.
Malgré des décennies de croissance économique, la progression de l’éducation et la baisse de la fécondité (qui reste néanmoins élevée par rapport au reste de la région), les femmes pakistanaises se heurtent toujours à une forte limitation des possibilités qui s’offrent à elles. Notre programme au Pakistan appuie les réformes politiques visant à améliorer le taux d’activité des femmes en élargissant l’accès à des salaires équitables et à la sécurité sociale pour les travailleurs à domicile du secteur informel, qui sont en majorité des femmes ; en améliorant l’accès aux services de garde d’enfants, aux toilettes séparées et aux transports pour les travailleuses du secteur formel ; en assurant l’égalité des rémunérations et en mettant fin à la discrimination fondée sur le sexe. Dans nos travaux analytiques, nous cherchons à déterminer comment les pays de la région peuvent supprimer les entraves à la participation des femmes à la vie active et soutenir la qualité des emplois dans les secteurs formel et informel.
Renforcer la résilience dans l’économie
Nous aidons les pays à libérer de nouvelles sources de possibilités, de croissance et d’emplois en soutenant les solutions proposées par le secteur privé, une amélioration de la transparence en matière de dette et d’investissement, l’accès aux marchés et au crédit pour les PME et la transformation numérique. Nous examinons, dans le cadre de nos travaux de recherche, les moyens par lesquels les pays peuvent abandonner progressivement la croissance tirée par le secteur manufacturier au profit d’un modèle de développement axé sur les services qui renforce la résilience à long terme.
Au Bangladesh, nous aidons à renforcer les secteurs budgétaire et financier, à moderniser la fiscalité et à promouvoir une industrie d’exportation compétitive au niveau mondial. Nous soutenons en outre les plateformes de transferts monétaires qui peuvent réagir plus rapidement face aux phénomènes climatiques extrêmes, tels que les inondations et les cyclones. Au Népal, une opération de 150 millions de dollars permet d’accroître la stabilité du secteur financier, de diversifier les solutions financières, d’élargir l’accès aux services financiers et d’ouvrir à la concurrence les marchés des capitaux, de l’assurance et du financement de la lutte contre les catastrophes. Elle apporte un appui aux mesures politiques visant à adopter des principes et des mesures pour les prêts respectueux de l’environnement.
Promouvoir une croissance verte
Environ 80 % des grandes villes d’Asie du Sud sont exposées aux inondations, et l’élévation du niveau de la mer présente des risques importants d’ondes de tempête pour les zones côtières de faible élévation et densément peuplées. Les systèmes d’approvisionnement en eau et les systèmes alimentaires sont particulièrement menacés : la variabilité accrue des précipitations et la hausse des températures entraînent une pénurie d’eau, réduisent la productivité des cultures et ont une incidence sur les prix des produits alimentaires, la nutrition et les moyens de subsistance des agriculteurs. L’évolution du climat pourrait entraîner une forte dégradation des conditions de vie pour près de 800 millions de personnes dans la région.
Durant l’exercice 22, nous avons lancé notre Feuille de route pour l’action climatique en Asie du Sud afin d’aider les pays à lutter contre les risques climatiques, à créer plus d’emplois de meilleure qualité et à réduire la pauvreté en tirant parti des possibilités offertes en matière d’action climatique. Il faut pour cela rendre les villes plus efficientes et plus vivables, investir dans des systèmes d’énergie propre et promouvoir une agriculture intelligente face au climat. Au Bangladesh, un projet de 120 millions de dollars permet de protéger les cultures et les pêcheries grâce à une meilleure gestion des inondations ainsi qu’à une irrigation et un drainage climatiquement rationnels ; ces initiatives promeuvent la sécurité alimentaire, renforcent les moyens de subsistance et améliorent la productivité. Au Sri Lanka, un projet de 92 millions de dollars permet de moderniser le système de prévision des conditions météorologiques, des inondations et des glissements de terrain, d’améliorer les systèmes d’alerte précoce et investit dans des infrastructures résistantes aux inondations, dont bénéficient plus de 11 millions de personnes. Au Bhoutan, nous renforçons la résilience face au changement climatique et aux catastrophes naturelles dans le cadre d’une évaluation des risques innovante qui servira de base aux investissements dans l’agriculture et la construction de routes.
Promouvoir l’intégration et la coopération régionales
Nous encourageons la coopération régionale pour améliorer la connectivité économique, la résilience climatique et le développement humain. Dans notre rapport intitulé Regional Investment Pioneers in South Asia, nous analysons les obstacles aux investissements intrarégionaux et recommandons des mesures et, dans notre rapport intitulé South Asia’s Digital Opportunity, nous cherchons à savoir comment la transformation numérique permet d’accroître la vitalité de l’économie régionale.
Au Bangladesh, au Bhoutan, en Inde et au Népal, nous appuyons la remise en état de 3 500 km de voies navigables et aidons à les interconnecter aux réseaux routier et ferroviaire. Nous avons également lancé un programme à phases multiples visant à accélérer la connectivité des transports et des échanges dans la partie orientale de la région, avec un investissement initial de plus de 1 milliard de dollars au Bangladesh et au Népal. Notre Climate Innovation Challenge et le programme TechEmerge Resilience India appuient des solutions expérimentales visant à répondre aux besoins climatiques et à renforcer la résilience face aux catastrophes. Nous engageons également dans le cadre de forums régionaux dans des actions collectives, dont WePower, qui est un réseau de femmes professionnelles dans les secteurs de l’énergie et de l’électricité, et le South Asia HydroMet Forum, qui est une plateforme permettant d’améliorer les services d’informations météorologiques et les services climatologiques.
Plus d’informations: Asie du Sud (a) >
Engagements et décaissements régionaux pour les exercices 20-22
| ENGAGEMENTS (MILLIONS DE DOLLARS) | DÉCAISSEMENTS (MILLIONS DE DOLLARS) |
| EX. 20 | EX. 21 | EX. 22 | EX. 20 | EX. 21 | EX. 22 |
BIRD | 5 565 | 3 746 | 4 781 | 3 158 | 3 665 | 3 129 |
IDA | 6 092 | 7 127 | 4 217 | 5 235 | 5 744 | 4 202 |
Portefeuille d’opérations en cours d’exécution au 30 juin 2022 : 57,4 milliards de dollars. |
Pleins feux: Aider le Bangladesh à se protéger de l’élévation du niveau de la mer et du changement climatique
Le Bangladesh, qui enregistrait autrefois un nombre de décès catastrophique après le passage d’un ouragan, est devenu un chef de file mondial de la résilience côtière, car il est parvenu à promouvoir une croissance économique rapide tout en se préparant à faire bien mieux face aux tempêtes qui déferlent de plus en plus fréquemment sur son littoral. Ce pays de 165 millions d’habitants situé sur un delta à l’embouchure de la baie du Bengale — qui attire les cyclones et amplifie les ondes de tempête — dispose maintenant d’un réseau d’abris, d’un système d’alerte précoce qui permet d’évacuer rapidement des millions de personnes, et de remblais qui protègent plus de 6 000 kilomètres de côtes vulnérables.
La Banque a appuyé ces efforts en contribuant à la reconstruction et à la remise en état de plus de 1 000 abris pouvant assurer une protection à plus de 1,2 million de personnes durant les cyclones, et de 550 kilomètres de routes revêtues pour améliorer l’accès des villages avoisinants. Les abris servent d’écoles primaires en temps normal et peuvent résister à des vents soufflant à une vitesse de plus de 260 kilomètres à l’heure. Derrière les peintures vives qui décorent les salles de classe se trouvent des murs en béton armé ; les pièces situées en sous-sol peuvent héberger plus d’un millier de personnes ainsi que des animaux d’élevage. Des panneaux solaires et des réceptacles d’eau de puits assurent l’alimentation en électricité et l’approvisionnement en eau. En dehors de la saison des cyclones, ces installations attirent une communauté dynamique, servent de lieux de réunion, de bureaux de vote, et de cabinets médicaux. Elles sont équipées de rampes pour permettre aux personnes handicapées d’y accéder.
Nous avons également fourni un appui au Programme de préparation du Bangladesh aux cyclones ; ce système d’alerte précoce fonctionne grâce à plus de 76 000 bénévoles formés à la poursuite d’intervention en cas de catastrophe, dont la moitié sont des femmes. Dans les milliers de collectivités isolées situées le long de la côte et dans l’intérieur du pays, les bénévoles ont accès à des prévisions à jour et aident les ménages à se réfugier dans les abris, comme ils l’ont fait en mai 2021 lorsque le cyclone Yaas a frappé le littoral. Le Bangladesh a également renforcé sa première ligne de défense, constituée de 139 polders ou digues sur la côte. Depuis 2013, la Banque contribue à la remise en état de plus de 700 kilomètres de remblais, de réseaux de drainage et d’équipements pour protéger le pays des ondes de tempête et de marée, de l’intrusion saline et de l’érosion côtière.
Le Bangladesh assure la présidence du Forum de la vulnérabilité climatique, qui compte 48 membres, durant la période 2020–2022. Dans le cadre de ces fonctions, il aide à tracer une trajectoire durable et résiliente pour les pays vulnérables au changement climatique. En 2018, les autorités nationales se sont engagées à investir 2,5 % du PIB annuel, soit environ 6 milliards de dollars, dans le cadre du Plan pour le delta du Bangladesh à l’horizon 2100 pour renforcer la résilience et promouvoir le développement social et économique du pays. En novembre 2021, le Bangladesh a également lancé le premier plan pour la prospérité climatique jamais établi dans le monde dans le but d’accroître la résilience, de stimuler la croissance économique, de créer des emplois et de promouvoir les énergies renouvelables. L’amélioration probante de la résilience du pays permet de sauver un nombre incalculable de vies, et ouvre la voie à la réalisation d’investissement à long terme dans l’adaptation, la mobilisation des collectivités et la préparation aux situations de catastrophe.
La région en bref
INDICATEUR | 2000 | 2010 | DONNÉES ACTUELLESa |
Population totale (millions) | 1 391 | 1 639 | 1 878 |
Croissance démographique (% annuel) | 1,9 | 1,4 | 1,1 |
RNB par habitant (méthode de l’Atlas, dollars courants) | 445 | 1 147 | 2 104 |
Croissance du PIB par habitant (% annuel) | 2,2 | 5,9 | 7,1 |
Population disposant de moins de 1,90 dollar par jour pour vivre (millions) | 577b | 425 | 262 |
Espérance de vie à la naissance, femmes (années) | 64 | 68 | 71 |
Espérance de vie à la naissance, hommes (années) | 62 | 66 | 69 |
Émissions de dioxyde de carbone (mégatonnes) | 1 073 | 1 877 | 2 784 |
Extrême pauvreté (% de la population disposant de moins de 1,90 dollar par jour pour vivre, PPA 2011) | 39,6b | 25,9 | 15,2 |
Service de la dette en proportion des exportations de biens et des services et du revenu primaire | 17 | 7 | 16 |
Taux d’activité des femmes par rapport aux hommes (%) (estimation modélisée de l’OIT) | 37 | 34 | 31 |
Emploi vulnérable, total (% de l’emploi total) (estimation modélisée de l’OIT) | 80 | 78 | 69 |
Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes | 93 | 62 | 39 |
Taux d’achèvement des études primaires (% du groupe d’âge concerné) | 69 | 87 | 92 |
Utilisateurs d’Internet (% de la population) | 0 | 7 | 39 |
Accès à l’électricité (% de la population) | 56 | 73 | 96 |
Consommation d’énergie renouvelable (% de la consommation énergétique finale totale) | 49 | 39 | 36 |
Accès à des services d’assainissement au moins de base (% de la population) | 18 | 43 | 69 |
Accès à des services d’eau potable au moins de base (% de la population) | 82 | 86 | 91 |
Note : OIT = Organisation internationale du travail ; PPA = parité de pouvoir d’achat. a. Données les plus récentes entre 2014 et 2021 ; consulter le site http://data.worldbank.org pour les données actualisées. b. Données de 2002. Pour les estimations de la pauvreté, voir les groupes régionaux à l’adresse http://iresearch.worldbank.org/PovcalNet/data.aspx. |