Maurice est un État insulaire d’environ 1,25 million d’habitants (2021) situé au large de la côte Sud-Est de l’Afrique et voisin de l'île française de la Réunion. Le pays a fortement progressé sur le plan économique depuis son indépendance en 1968 et fait désormais partie des économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Il doit s’atteler aujourd’hui à deux grands défis : la transition vers une économie de la connaissance et l’adaptation aux conséquences du changement climatique.
Situation politique
Maurice est une démocratie parlementaire dont la vie politique est marquée par des alternances de coalitions. Le président de la République est le chef de l’État tandis que le Premier ministre est le chef de gouvernement et dispose des pleins pouvoirs exécutifs. Les élections législatives de novembre 2019 se sont soldées par la victoire de l’Alliance morisien, qui a remporté 42 sièges sur 70. Constituée autour du Mouvement socialiste militant (MSM), cette coalition comprend le Muvman Liberater (ML), le Mouvement Alan Ganoo et la Plateforme militante. Le Premier ministre sortant Pravind Jugnauth (MSM) a été reconduit dans ses fonctions. Les prochaines élections se tiendront en 2024.
Maurice est bien classé selon divers indicateurs politiques et économiques, comparé à de nombreux pays de la région. Le pays a conservé sa première place sur 54 États africains dans l’indice Ibrahim 2020 de la gouvernance en Afrique, malgré un recul de 0,5 point par rapport à la décennie précédente. Et même s’il a perdu quatre places depuis 2012, il est également en bonne position en ce qui concerne l’indice de perception de la corruption, où il occupe actuellement le 52e rang sur 180 pays.
Évolution de la situation économique
Maurice a accédé au rang d'économie à revenu élevé en juillet 2020 (sur la base des données de 2019). À la suite de la pandémie de COVID-19, le pays est toutefois repassé en 2021 dans la catégorie des économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Malgré une gestion efficace de l'urgence sanitaire, les répercussions économiques ont été sévères et le PIB s'est contracté de 14,6 % en 2020.
La croissance du PIB a rebondi d'un taux relativement modeste de 3,5 % en 2021 et s'est accélérée pour atteindre environ 8,3 % en 2022, soutenue par la forte reprise du tourisme malgré les vents contraires de la vague variante Omicron et la guerre en Ukraine. La croissance devrait se modérer à 4,7 % en 2023, impactée négativement par le ralentissement de la demande mondiale, avant de converger vers sa tendance de long terme à moyen terme.
L’inflation globale, qui était de 4 % en 2021, a grimpé à 10,8 % en 2022 — son niveau le plus élevé en plus de dix ans — en raison de chocs externes du côté de l’offre engendrés par la guerre en Ukraine, qui a entraîné une hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, dont Maurice est importateur net. Le déficit des transactions courantes s’est creusé à 14,4 % en 2022, et son financement continuera de dépendre des flux financiers et des apports de capitaux dans le secteur des entreprises de commerce international. Pour tenter de maîtriser l’inflation, la banque centrale a relevé six fois le taux de pension entre mars et décembre 2022, de 265 points de base au total, pour le porter à 4,5 %. Un ralentissement progressif de l’inflation est attendu à moyen terme, en raison d’un resserrement de la politique monétaire chez les principaux partenaires commerciaux, alors que le déploiement d’un nouveau cadre de politique monétaire en janvier 2023 devrait contribuer à stabiliser les anticipations d’inflation dans le pays.
La dette publique semble soutenable, et la capacité d’emprunt de l’État est relativement élevé (80 % du PIB selon une estimation du FMI), mais les passifs éventuels ont fortement augmenté depuis le début de la pandémie, et les pressions budgétaires restent élevées. Le déclin de la population en âge de travailler et la hausse du taux de dépendance continueront d’exercer une pression accrue sur le système de protection sociale dans les prochaines décennies, ce qui risque de freiner la croissance. Il sera essentiel de renforcer les institutions macro-budgétaires et d’assainir progressivement les finances publiques, notamment à travers une réforme des retraites, pour préserver la viabilité de la dette à court et moyen terme. Le pays devra aussi s’attaquer aux pénuries de qualifications et promouvoir une nouvelle génération de réformes visant à stimuler l’innovation dans le secteur privé et à soutenir des stratégies d’adaptation « verte » pour pouvoir développer de nouveaux secteurs de pointe et parvenir ainsi à retrouver et conserver son statut d'économie à revenu élevé.
Dernière mise à jour: 11 avr. 2023