LES POINTS MARQUANTS
En 2018, le Royaume du Maroc s’est fixé pour objectif d’atteindre un accès universel à l’enseignement préscolaire pour les enfants de 4 à 5 ans d’ici 2028. Cet engagement met un accent particulier sur les communautés rurales et défavorisées, où les possibilités d’apprentissage précoce restent limitées.
Six ans plus tard, les progrès sont remarquables : le taux de préscolarisation est passé de 45 % à 80 % au niveau national et de 33 % à 91 % dans les zones rurales. La couverture de l’enseignement préscolaire s’est ainsi considérablement élargie depuis 2018.
Plus de 9 500 nouveaux postes d’enseignants préscolaires ont été créés, principalement en milieu rural. Cette expansion a non seulement amélioré les résultats d’apprentissage des enfants, mais elle a également généré des opportunités économiques et renforcé l’autonomisation des femmes dans les communautés locales.
Le taux de préscolarisation des filles est passé de 25 % en 2017 à 93 % en 2024, marquant une avancée majeure dans la réduction des inégalités entre les sexes dans l’éducation préscolaire. Cette progression remarquable résulte d’interventions ciblées pour lever les obstacles et d’une mobilisation accrue des communautés, permettant aux filles de bénéficier pleinement des avantages essentiels de l’apprentissage précoce.
LA PETITE ENFANCE, CLÉ DE L’APPRENTISSAGE DURABLE
L’éducation de la petite enfance ne représente pas seulement un avantage individuel ; elle constitue un investissement national stratégique. Pour bâtir un avenir plus équitable et prospère, il est essentiel de concentrer les efforts sur les premières années de la vie, une période où le développement du cerveau est plus rapide que jamais. Offrir un accompagnement de qualité aux enfants durant leurs cinq premières années pose les bases de l’apprentissage et favorise le bien-être social tout au long de la vie. Un enseignement préscolaire de qualité stimule les capacités cognitives, renforce la confiance en soi et nourrit la curiosité, donnant à chaque enfant les moyens de réaliser pleinement son potentiel.
« J’aime étudier et lire des livres », confie Marwane, un jeune élève de préscolaire à Soukane El Kebir, un village situé à une heure de Marrakech. Ses propos traduisent une transformation profonde : grâce à un accès élargi à l’enseignement préscolaire, de plus en plus d’enfants au Maroc découvrent le plaisir d’apprendre.
Dans les zones rurales, de nombreux parents qui n’ont jamais eu l’occasion de fréquenter l’école préscolaire veillent aujourd’hui à ce que leurs enfants ne soient pas confrontés aux mêmes désavantages. « Il y a une grande différence entre un élève qui a suivi l’école préscolaire et un élève qui entre directement à l’école primaire », explique Fatima, mère de famille à Soukane El Kebir. Revenant sur sa propre expérience, elle ajoute : « Quand je suis entrée à l’école primaire, je ne connaissais ni les lettres de l’alphabet, ni les chiffres, et ne savais pas lire l’heure… Si j’avais fréquenté le préscolaire, j’aurais appris l’alphabet, le Coran, les mathématiques, et bien d’autres choses. »
Souad Sahraoui, la sœur d’un élève de préscolaire du même village, partage ce constat : « J’aurais aimé avoir la chance d’aller à l’école préscolaire. Dans notre village, beaucoup de choses ont changé pour les enfants de cette classe, et je l’ai remarqué chez chacun d’eux. »
Cette évolution est particulièrement marquée pour les filles. En 2017, seules 25 % des filles vivant en zones rurales étaient préscolarisées. En 2024, ce taux a atteint 93 %.
Au cœur de ce changement, une nouvelle génération d’éducateurs de la petite enfance, majoritairement des femmes, joue un rôle clé. Depuis 2018, plus de 9 500 emplois ont été créés dans le secteur préscolaire, offrant aux femmes des zones rurales un emploi stable et la possibilité de contribuer activement à l’avenir de leurs communautés. Ces éducatrices transmettent des compétences fondamentales et favorisent le développement cognitif et social des enfants grâce à des approches innovantes.
« Grâce au jeu, j’enseigne aux enfants de nombreux concepts d’apprentissage », explique Ghizlaine Jabrani, éducatrice préscolaire. « C’est un moyen efficace de communiquer et de créer du lien. »
Ces avancées contribuent à réduire l’écart entre zones urbaines et rurales en matière d’éducation. Des enfants qui, autrefois, commençaient l’école avec un retard important intègrent aujourd’hui l’école primaire mieux préparés, avec les compétences, la confiance et les aptitudes sociales nécessaires pour réussir.
« Quand je serai grande, je veux devenir enseignante parce que j’aime apprendre », confie Wahiba, une autre élève de préscolaire à Soukane El Kebir. Ce rêve prend aujourd’hui vie grâce aux opportunités offertes par l’apprentissage précoce.
UN ENGAGEMENT NATIONAL ANCRÉ DANS UNE TRANSFORMATION AU NIVEAU LOCAL
En 2018, le Maroc a pris un engagement ambitieux : garantir l’accès universel à l’enseignement préscolaire pour tous les enfants de 4 à 5 ans d’ici 2028. Pour atteindre cet objectif, une étroite coordination a été mise en place entre les institutions nationales, les organisations de la société civile et les communautés locales. Aujourd’hui, le pays tient ses promesses : entre 2018 et 2024, le taux de préscolarisation est passé de 45 % à 80 % au niveau national, et de 33 % à 91 % dans les zones rurales.
Ces progrès reposent sur un engagement national de longue date en faveur du développement humain. Lancée en 2005 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) vise à lutter contre l’exclusion sociale et économique. Depuis sa troisième phase en 2018, l’INDH a évolué, passant d’approches centrées sur les infrastructures à un modèle plus intégré, axé sur les communautés. Ce changement permet aux autorités locales et aux partenaires de s’assurer que les enfants et les familles ont accès à des services coordonnés, notamment dans les domaines de la santé, de la nutrition, de l’apprentissage précoce, ainsi qu’en matière de protection contre la pauvreté et le stress.
Une alliance solide s’est formée autour de cette stratégie nationale. Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Éducation préscolaire et des Sports, l’INDH, ainsi que des ONG de premier plan telles que la Fondation Marocaine du Préscolaire (FMPS) et la Fondation Zakoura, ont lancé ensemble l’une des expansions préscolaires les plus vastes et les plus réussies au monde.
Pour accompagner ces efforts, la Banque mondiale a fourni un soutien financier et une expertise technique à chaque étape de la mise en œuvre. Grâce à des programmes tels que le Projet d’amélioration des résultats du développement de la petite enfance en milieu rural au Maroc (a) et le Programme d’appui au secteur de l’éducation, la Banque mondiale a contribué à élargir l’accès à des services préscolaires de qualité, veillant à ce qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte dès le début de son parcours éducatif.
Aujourd’hui, plus de 900 000 enfants sont inscrits dans des écoles préscolaires à travers le pays. Des centaines de milliers d’entre eux ont déjà intégré l’école primaire, mieux préparés, plus confiants et dotés des compétences fondamentales nécessaires à leur réussite.
Le Maroc met en place des systèmes éducatifs inclusifs, résilients et tournés vers l’avenir, afin que ses citoyens développent les compétences clés nécessaires à leur réussite future, en commençant par ce qui compte le plus : la petite enfance.