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ARTICLE09 novembre 2022

Bénin : Le retour des forêts classées grâce aux communautés

The World Bank

Une synergie communauté-État-partenaires pour la restauration des forêts classées.

© Gnona AFANGBEDJI / Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • Après avoir contribué à leur destruction, les communautés riveraines se mobilisent autour de la renaissance des forêts classées au Bénin.
  • Grâce à un financement de la Banque mondiale, des forêts classées sont reconstituées avec l’implication des communautés dans les travaux de reboisement.
  • Les activités de reboisement dans les réserves forestières couvertes par le projet ont généré plus de 32 951 emplois directs et indirects dont 29% de femmes et ont également procuré plus de 18.962 millions de dollars de revenus aux communautés.

DAN, Benin, le 15 octobre 2022. Chaussé de ses bottes, Apollinaire Atinzovè, le président du conseil de coordination des unités d’aménagement forestier de Dan vient de boucler, sourire aux lèvres, sa ronde hebdomadaire de suivi des travaux de reboisement. Il observe satisfait, le retour de la végétation sur la quasi-totalité de la forêt classée de Dan. Alors qu’il y a encore trois ans, 85% de celle-ci avait disparue en raison des feux de brousse et de l’abattage incontrôlé du bois. Une catastrophe écologique dont la responsabilité incombait aussi aux communautés riveraines.

« Avant, pour nos cultures et pour fabriquer le charbon de bois, nous coupions et brûlions les arbres malgré les sensibilisations et représailles des gardes forestiers. Nous avons vraiment péché contre la nature. Aujourd’hui, nous sommes fiers de nous rattraper. Toutes les communautés autour de la forêt sont mobilisées pour reboiser et regénérer la forêt », confie-t-il. 

Nous avons été formés sur les différentes étapes du reboisement, depuis la production de plants en pépinière avec les semences jusqu’au gardiennage, en passant par les techniques de mise en terre, de piquetage, de réalisation et d’entretien des pares-feux. De prédateurs de la forêt, nous sommes devenus experts et artisans du reboisement
Apollinaire Atinzovè,
Président du conseil de coordination des unités d’aménagement forestier de Dan
The World Bank

Une parcelle reboisée dans la forêt classée de Dan.

© Gnona AFANGBEDJI / Banque mondiale

De part et d’autre des pistes qui desservent les 1 530 hectares de forêt classée de Dan, sont alignées des parcelles d’Acacia auriculiformis. Cette nouvelle forêt en croissance est le fruit d’intenses travaux de reboisement conduits depuis trois ans par les communautés regroupées au sein des unités d’aménagement forestier. Cette forêt a été organisée en trois séries (séries de production, séries agricoles et séries de protection) et deux unités d’aménagement (Azoua et Finli) dans lesquelles opèrent 12 groupements, soit 217 personnes au total, dont 50% de femmes ainsi que 1 292 travailleurs occasionnels dont 27% de femmes.

« Nous avons été formés sur les différentes étapes du reboisement, depuis la production de plants en pépinière avec les semences jusqu’au gardiennage, en passant par les techniques de mise en terre, de piquetage, de réalisation et d’entretien des pares-feux. De prédateurs de la forêt, nous sommes devenus experts et artisans du reboisement, » assure le président du conseil de coordination des unités d’aménagement forestier de Dan dont les actions ont permis de reconstituer plus de 876 ha de forêt et de procurer plus de 1 074 millions de dollars de revenus aux communautés.

Les femmes, actrices et promotrices du reboisement

Le Projet Forêts Classées Bénin (PFC-B) financé par la Banque mondiale a permis la mobilisation et l’implication des communautés dans les actions de reboisement. Il vise à améliorer la gestion intégrée des forêts classées et développer les chaînes de valeur des produits forestiers non ligneux au profit des communautés dépendantes des forêts, utilise une approche participative, permettant aux communautés d’être les vrais acteurs de la reforestation.

Le projet convient particulièrement aux femmes des groupements. Comme le raconte Francisca, “Grâce à ces revenus additionnels, je fais la transformation du manioc et je peux vendre du gari. J’ai aussi un élevage de poulets et de porcs. Cela me permet de prendre aisément soin de ma famille et de couvrir les besoins de santé de mes enfants.” Depuis, elle incite tous ceux et celles qu’elle croise à s’engager aussi auprès de la forêt classée de Dan.

Ma vie a positivement changé”, ajoute Clémentine, une autre bénéficiaire. “Avant le projet, je ne faisais que survivre. Depuis le début des activités de reboisement, j’y participe activement et nous sommes payés dans les délais. Cela me permet d’acheter régulièrement de quoi prendre soin de moi et de mes enfants’’.

Exode rural éradiqué et nouvelles vocations

Les jeunes profitent également de ce projet de reboisement. “J’ai arrêté l’école en classe de troisième. Je n’avais aucune activité rémunérée avant l’arrivée de ce projet et j’envisageais de partir du village pour m’installer à Bohicon (principale ville du centre-Bénin) afin d’y trouver un travail,” confie Komlan, la vingtaine, casquette visée à la tête. Ce projet est une aubaine pour lui, car bien qu’harassant, l’emploi est bien rémunéré et ne nécessite pas de qualifications importantes.

Grâce au bouche-à-oreille, de nombreux jeunes comme Komlan travaillent à la reconstitution de la forêt classée de Dan. Une fierté pour Rémi Houéhounha, président du groupement de FIFONSI et forestier passionné. Evoluant dans ce secteur depuis des années, il n’a jamais connu un tel engouement : “J’espère que ces jeunes qui s’intéressent à leur environnement proche resteront au village pour s’investir dans ce domaine vital. Je connais des parents qui souhaitent maintenant que leurs enfants fassent des études d’agronomie”, affirme-t-il.

L’avenir de la forêt aux mains des communautés

The World Bank

Un périmètre de reboisement à Ketou-Dogo.

© Gnona AFANGBEDJI / Banque mondiale

Tous sont unanimes, la forêt apporte des bienfaits dont il ne faut se priver. Les espèces telles le teck, les acacias et les cocotiers sont sources de richesse pour la communauté. Pour Joseph Zimazi, officier des Eaux et Forêts, coordonnateur de la Cellule Technique d’Aménagement Forestier (CTAF) de Dan, il est important de penser à l’après-projet : “Nous devons continuer à travailler main dans la main avec les communautés impliquées pour la bonne santé de la forêt classée” explique-t-il.

Financé en 2019, à hauteur de 60 millions de dollars, le Projet couvre 14 forêts classées d’une superficie de 917 951 ha, soit 63 % de la superficie totale (1 457 247 ha) des 46 forêts classées que compte le Bénin.

Au 15 octobre 2022, la superficie totale reboisée est estimée à 17 716 ha sur les 22 000 ha prévus dont 13 715 ha de plantations de bois énergie (Acacias auriculiformis). Les activités de reboisement dans huit réserves forestières ont généré plus de 32 951 emplois directs et indirects (29% de femmes) mobilisant plus de 13 415 membres de groupements et 19 536 travailleurs occasionnels. Au total depuis 2020, plus de 18.962 millions de dollars ont été transférés aux communautés dans l’ensemble des huit forêts classées, objet de reboisement de grande envergure.

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