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À Madagascar, une communauté parvient à exceller dans l’adversité

12 septembre 2013


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Les élèves de l’école primaire d’Anketa-bas, au sud-ouest de Madagascar, complétement inondée après le passage d’un cyclone, sont parvenus à obtenir des résultats honorables grâce au soutien de la communauté.  

© Felana Rajaonarivelo

LES POINTS MARQUANTS
  • Un chantier communautaire financé par la Banque mondiale a permis de nettoyer l’école primaire d’Anketa-bas, complétement inondée après le passage du cyclone Haruna à Toliara en février 2013
  • Privés de salaires, suite au passage de l’ouragan, les six enseignants communautaires ont continué à enseigner jusqu’à la fin de l’année scolaire
  • Malgré ces difficultés, le taux de réussite aux examens sanctionnant la fin du cycle primaire était de 75,86%

Toliara, le 12 septembre 2013 – Clarisse Rasoarilalao, la directrice de l’école primaire publique (EPP) d’Anketa-bas, un quartier de Toliara, ville côtière de 100 000 habitants à la pointe sud-ouest de Madagascar, sous le tropique du Capricorne, ne cache pas sa fierté. Son établissement affichait cette année un taux de réussite record aux examens CEPE (certificat d’études primaires élémentaires) qui sanctionnent la fin du cycle primaire : 75,86% contre 52% en 2012. Si ce chiffre reste inférieur à la moyenne nationale (88,9%), pour les enseignants, les élèves et les parents, il représente une belle revanche contre l’adversité. 


« La dernière fois que nous avons touché nos salaires, c’était en février 2013. Mais depuis le passage du cyclone, les difficultés financières des parents ne leur ont plus permis de nous payer. Cela ne m’a pas empêché de continuer à enseigner car il fallait penser aux enfants  »

Ifaliako Nomenjanhary

Institutrice à l’école d’Anketa-bas

Victime du cyclone Haruna, qui a dévasté le sud de l’île en février dernier, l’école avait en effet été complétement inondée à quelques mois des examens de fin d’année. Alfred Rocky Helliot Raharison, président de l’association des parents d’élèves de l’EPP, montre du doigt une ligne à 1,50 m du sol qui cisèle les murs d’une salle de classe. Elle a été tracée par l’eau lorsqu’elle tout le quartier fut inondé suite à la rupture d’une digue de protection. « Tout a été perdu, les craies, les bulletins scolaires, les manuels, les cahiers » témoigne Ifaliako Nomenjanahary, une institutrice.

Les dégâts étaient tels que l’école a dû fermer ses portes pendant plus d’un mois: « L’arrêt prolongé des classes a nui aux classes de septième qui étaient en train de préparer l’examen du CEPE », assure Clarisse Rasoarilalao, la directrice de l’établissement. Selon Aurélie, une mère de famille dont la fille étudie dans cet établissement, « Ce sont les enfants eux-mêmes qui ont insisté pour que l’école soit nettoyée afin de leur permettre de réintégrer les salles de classe ». À la demande des habitants d’Anketa-bas, et grâce au Fonds d’intervention pour le développement (FID), un chantier communautaire d’assainissement et de nettoyage de l’école a vite été mis en place.

Solidarité communautaire

Dans tout le sud-ouest de l’île, 61 chantiers à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) ont été organisés immédiatement après le passage d’Haruna afin d’assainir et nettoyer les zones sinistrées. Le choix des tâches à effectuer au cours des chantiers a été fait de manière collective à l’occasion d’une assemblée générale de la communauté. Sur chaque site, 150 personnes ont travaillé cinq heures par jour pour un salaire quotidien de 2.500 ariary (12,50 dollars), et ce pendant 30 jours. Plus de 9000 personnes réparties dans sept districts ont travaillé sur ces chantiers.

Ce programme social, appelé « argent contre travail »,  présente des avantages par rapport aux programmes« vivres contre travail », estime Ialy Radio Donat, directeur régional du FID à Toliara. « Les sinistrés ont des besoins qui dépassent le seul cadre de l’alimentation et recevoir ce salaire leur permet de faire face au plus pressé, tout en leur redonnant la dignité de pouvoir travailler», explique-t-il.

La Banque mondiale avait immédiatement débloqué 170.000 dollars (mis à la disposition du FID) afin de financer dans l’urgence ces chantiers communautaires. « « L’aide de la Banque mondiale et du FID nous a vraiment permis de relever la tête. Grâce à eux, l’école a pu être rapidement nettoyée pour permettre à nos élèves de reprendre les cours et préparer leurs examens », affirme Clarisse Rasoarilalao.

 « L’objectif était de permettre aux populations sinistrées d’avoir accès à des ressources financières immédiates. Ce sont souvent des gens vivant dans la pauvreté, et les cyclones ont accentué leur précarité » explique Haleh Bridi, directrice-pays de la Banque mondiale à Madagascar. « Si les bons résultats obtenus par les étudiants d’Anketa-bas attestent de la pertinence des actions post-cycloniques financées par la Banque mondiale et exécutées par le FID, il faut cependant rendre hommage au remarquable esprit d’entraide dont l’ensemble de la communauté a fait preuve face à l’adversité », ajoute-t-elle.

 Rien n’illustre mieux ceci que le témoignage d’Ifaliako Nomenjanhary, institutrice communautaire normalement rémunérée par l’association des parents d’élèves (ce système d'enseignants communautaires a été mis en place pour suppléer au manque de moyens de l'Etat. Aujourd’hui, à Madagascar, seuls 33% des enseignants sont fonctionnaires dans l'enseignement public). « La dernière fois que nous avons touché nos salaires, c’était en février 2013. Mais depuis le passage du cyclone, les difficultés financières des parents ne leur ont plus permis de nous payer. Cela ne m’a pas empêché de continuer à enseigner car il fallait penser aux enfants », assure-t-elle.

Grâce à ces chantiers communautaires de nettoyage et d’assainissement, la vie a repris son cours dans les quartiers de Toliara dévastés par Haruna. Toutefois, les défis restent énormes. « Les zones agricoles situées au nord de la ville de Toliara ont été touchées de plein fouet par Haruna et beaucoup de pêcheurs ont perdu leurs pirogues», souligne ainsi le Dr. Fiacre Hatimo, le maire de Toliara. « Cela pose un risque pour l’alimentation future de la population de la ville ». 



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