ARTICLE

La réfection des routes relance les échanges entre la ville et les campagnes

18 avril 2012


Image

LES POINTS MARQUANTS
  • Les réparations des routes ont eu un impact important sur la vie des populations vivant dans des zones autrefois enclavées
  • Depuis la réouverture des routes, l’agriculture est plus rentable et les prix des produits de consommation ont baissé
  • La réhabilitation des routes à Belgica a engendré un boom commercial et a permis la construction d’un centre commercial offrant un grand choix de produits et services

KISANGANI, le 18 avril 2012 - Les travaux de réhabilitation des routes d’intérêt national en cours sur la RN 4 (axe Kisangani-Banalia-Buta-Bondo) et la RN 5 (axe Kalemie-Bendera-Uvira) sur financement de la Banque mondiale et du DFID dans le cadre du projet Pro-Routes commencent à désenclaver certaines contrées de la Province Orientale et de la province du Katanga restées longtemps isolées. C’est le cas des districts de la Tshopo et du Bas-Uélé dans la Province Orientale et du district de Tanganika dans le nord de la province du Katanga. Cela réjouit les agriculteurs qui relancent leur production et sécurise les nombreux commerçants qui assurent les échanges commerciaux entre les villes et l’arrière-pays.

Désenclavement de Banalia

Les populations qui habitent le long de la route nationale n°4, sur le tronçon allant de la ville de Kisangani jusqu’à Dulia et Bondo dans la Province Orientale sortent petit à petit de leur isolement. Depuis plus d’une décennie, cet axe routier long de 485 Km qui traverse des localités importantes comme Banalia, réputée pour l’exploitation artisanale de diamant, et Buta, un grand centre d’exploitation de bois, était devenu impraticable. Ponts coupés, bourbiers infranchissables, herbes folles et arbustes ont fini par transformer la route quasiment en un sentier, où seuls les motos et les vélos pouvaient circuler… Pour parcourir les 132 Km qui séparent le chef-lieu de la province à Banalia, il fallait faire preuve d’un grand courage. A vélo, le trajet prenait cinq jours. Grâce aux travaux de réouverture de la route exécutés par l’Office des Routes depuis juillet 2009 dans le cadre du projet Pro-Routes, le trafic automobile a été rétabli sur le tronçon à partir de décembre 2010, entraînant une reprise de l’activité économique et commerciale le long de la route avec de nombreux marchés où se côtoient produits manufacturés et produits agricoles: Riz, manioc, bananes " Nous voyons maintenant des voitures passer. C'était inimaginable avant " s’exclame Paul Liofondja , chef du groupement Abata a 18 km de Kisangani." Restée enclavée pendant longtemps, la circulation des gens et des marchandises s’active à présent dans la contrée. A Belgica (PK 66) par exemple, il y a aujourd'hui ’une galerie marchande neuve offrant tout un éventail de services : pharmacie, habillement, produits manufacturés, alimentation. Devant, sur un parking géré par l’Association des Chauffeurs du Congo (ACCO), quelques voitures attendent patiemment des passagers pour Kisangani. C’est une image qu’on n’oublie pas. Aujourd’hui, on peut parcourir en automobile le trajet entre Kisangani et Banalia en deux heures et quelques minutes. Selon les relevés de comptage du trafic, la moyenne journaliere est de 141 véhicules sur l'axe Kisangani-Banalia.

Avec la réouverture de la route, on constate également une baisse de prix de certains produits. Par exemple à Kisangani, le panier de cossettes de manioc qui se vendait à 7.500 FC avant la réouverture de la route s’écoule maintenant à 2.500 FC. A Banalia, la bouteille de bière se vend depuis décembre 2010 à 1000 FC alors qu’elle se vendait à 2 500 FC avant les travaux. La Bralima envisage même d’y implanter un dépôt relai. Le riz, le maïs, la banane, pour ne citer que ces produits, ont vu également leurs prix sensiblement baisser à la suite des travaux de réouverture exécutés sur l’axe Kisangani-Banalia. Quant à la production agricole, elle est sensiblement en hausse, comme le confirme l’Administrateur de Territoire de Banalia : “ Avec la réouverture de la route, la reprise économique est significative. Aujourd’hui la population s’attèle à l’agriculture parce qu’elle a la possibilité d’évacuer ses produits. IL y a assez de trafic et de mouvements“

Un autre élément qui a pesé dans le désenclavement du district de Banalia, c’est bien la réhabilitation du bac de Banalia financée par le projet Pro-Routes. Depuis la mise hors service du bac, la rivière Aruwimi a été pendant des décennies un point de rupture de charges et la remise en service du bac au début du premier trimestre 2011 a permis non seulement de poursuivre les travaux sur la RN 4 au–delà de la rivière Aruwimi en facilitant la traversée des engins et de matériaux, mais aussi d’ouvrir la voie au transport de biens et personnes en direction de grandes agglomérations comme Kole, à 80 Km de Banalia, connue pour sa production agricole. Aujourd’hui, le bac assure une moyenne quotidienne de cinq à six traversées, gratuitement pour les véhicules, les motocyclistes et les piétons. Au-delà de la rivière Aruwimi, la route est rouverte jusqu’à la localité de Télé, à 240 Km de Kisangani et… 87 Km seulement de Buta, en attendant la réhabilitation du pont sur la rivière Télé, qui marque la frontière entre le district de la Tshopo et le district du Bas-Uélé.

Soulagement pour les agriculteurs de Bendera dans le nord du Katanga

Dans le nord de la province du Katanga, précisément dans le district de Tanganika, la Brigade Pro-Routes est à pied d’œuvre sur la RN 5, sur l’axe Kalemie-Bendera–Uvira. Les travaux ont débuté en août 2010 et actuellement la réouverture de la route est au kilomètre 156, à l’intérieur de la pointe de la frontière avec la province du Maniema. Le gouvernement provincial est satisfait : “ Grace a la reouverture de la route, le trafic est rétabli mais personne n’a une idée de ce qu’était cette route. Elle n’existait pratiquement pas. C’était une piste, accessible seulement aux motos. Le trafic automobile était coupé. De Bendera à Kalemie, le coût de transport s’élevait à 50 $, en plus de 10 litres de carburant qu’il fallait remettre au motocycliste. Aujourd’hui, le trafic automobile est rétabli et l’impact de la route est très visible pour les populations” confirme le commissaire de district adjoint. Sur la route, le trafic automobile est, en effet, devenu plus significatif, avec des taxis, des taxis-bus et de nombreuses motos qui desservent les localités de Mapanda (Bendera) au point kilométrique 125 et de Musakaité au point kilométrique 137. Au dernier comptage, la moyenne journalière est de 67 véhicules, toutes catégories confondues sur le tronçon Kalemie-Bendera.

Parallèlement à la reprise du trafic, l’activité économique et commerciale est en plein développement le long de la route. Les marchés ont repris. Même dans les petits villages, on ne s’étonne plus de voir des boutiques bien achalandées avec de nombreux produits manufacturés. Consécutivement, les prix ont sensiblement baissé. A titre d’exemple, la bouteille de bière qui se vendait à 4000 FC à Musakaite avant les travaux est à présent obtenue au prix de 2.000 FC. Le prix du litre d’essence est tombé à 3.000 FC alors qu’il était à 4500 FC dans la même localité avant les travaux de réouverture de la route. Le verre de sel, qui était à 1000 FC avant les travaux est à présent à 400 FC.

Démarré en 2009, le projet d’appui a l’Ouverture et l’entretien des Routes hautement prioritaires (Pro Routes) est financé par la Banque mondiale et le DFID pour un montat de 123 millions de dollars US. Il s’est fixé comme objectif le rétablissement et la préservation durable des infrastructures de transport pour garantir l’accès aux marchés et aux services sociaux et administratifs nécessaires à la relance socio-économique et à la réintégration du pays par l’ouverture et l’entretien de 2.917 Kms de routes. Pour Alexandre Dossou, responsable du projet a la Banque mondiale, " les impacts socio économiques du projet sont indéniables et très visibles sur le terrain aussi bien au niveau des réalisations physiques que de la prise en compte des volets environnementaux et sociaux, les performances globales du projet ont cependant besoin d'être améliorées non seulement pour accélérer les réalisations mais aussi sur les aspects réformes dans la gestion du secteur routier".


Api
Api

Bienvenue