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Madagascar : soutien d’urgence à la conservation de la biodiversité

23 juin 2011


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Plus de 600 nouvelles espèces ont été découverte à Madagascar au cours de la dernière décennie.


LES POINTS MARQUANTS
  • Madagascar représente moins de 0,5 % de la masse terrestre mais 5 % de sa biodiversité
  • Un financement de 52 millions de dollars de la Banque mondiale contribuera à protéger 30 parcs nationaux qui s’étendent sur 2,7 millions d’hectares
  • Le projet vise aussi à améliorer les moyens de subsistance des populations vivant à proximité des parcs

Washington, le 23 juin 2011 – Le Conseil d’administration de la Banque mondiale vient d’approuver un financement supplémentaire de 52 millions de dollars destiné à prolonger son appui à la conservation de l’environnement à Madagascar. Ce don, qui vient soutenir la poursuite des efforts menés par le biais du Madagascar National Parks (MNP) — l’organisme indépendant de gestion des parcs nationaux — est financé par l’Association internationale de développement (IDA) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à hauteur de 42 et 10 millions de dollars respectivement.

Sur ce total, 15 millions de dollars iront à des activités de développement communautaire qui visent à offrir aux 90 000 ménages concernés des alternatives légales à l’exploitation illicite des parcs nationaux. Sont également prévus un plan d’action pour la gestion du parc national de Masoala (où se concentrent la plupart des coupes illégales) et l’octroi de 23 millions de dollars pour la gestion d’autres parcs nationaux et corridors forestiers. Enfin, il s’agit aussi d’appuyer le développement d’un secteur dont le potentiel est important et les besoins considérables : l’écotourisme local.

Haleh Bridi, directrice-pays à la Banque mondiale, résume l’enjeu de la situation : « Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde mais ses richesses naturelles, exceptionnelles, sont irremplaçables. Les espèces que l’on trouve sur l’île font partie du patrimoine universel et nous sommes déterminés à les protéger ».

Or, la perspective de la clôture prochaine (fin 2011) d’un projet environnemental financé par la Banque mondiale et portant notamment sur la surveillance des deux tiers des célèbres parcs nationaux malgaches faisait peser de lourdes menaces sur l’avenir : une recrudescence aigue du braconnage et de l’exploitation de ressources naturelles comme l’ébénier et le palissandre et, surtout, la fin des actions de sauvegarde sociale dont bénéficient près de 26 000 familles installées à proximité des parcs.

Conjuguer des objectifs environnementaux et sociaux

Les 15 millions de dollars apportés par le financement additionnel et destinés à ces activités vont donc permettre de financer des travaux de conservation par les communautés et de pérenniser les moyens de subsistance des populations vivant en lisière des aires protégées. Cette enveloppe permettra de recruter des conservateurs, de financer des groupes de surveillance, de recenser les écosystèmes et de mettre en place des projets rémunérateurs.

« En renforçant les moyens de subsistance des personnes vivant à proximité des aires de conservation, nous améliorons également la viabilité de ces parcs et contribuons à protéger les espèces animales et végétales qui s’y trouvent », explique Jean-Christophe Carret, économiste principal pour l’environnement et chef de l’équipe de projet basé dans les bureaux de la Banque mondiale à Madagascar.

« Pour le bien des communautés malgaches et de la biodiversité, l’approbation de ce financement est un soulagement. Avec ses partenaires locaux et internationaux, la Banque mondiale s’engage à assurer un suivi rigoureux des volets environnementaux et sociaux du projet », déclare Idah Pswarayi-Riddihough, responsable du secteur Environnement pour la Région Afrique au sein de la Banque mondiale. « Nous travaillerons en étroite concertation avec la société civile et le MNP en vue de déployer des efforts durables de conservation de l’environnement à Madagascar ».

L’impasse politique, une menace pour la biodiversité

La Banque mondiale intervient depuis plus de 20 ans dans le secteur de l’environnement à Madagascar. Pendant toute cette période, la Grande ’île a connu des crises politiques récurrentes qui ont plus on moins annihilé les efforts de développement et mis en péril les initiatives de conservation.

En 2009, des manifestations de rue soutenues par l’armée ont chassé du pouvoir le président malgache, M. Marc Ravalomanana. Depuis, le programme de la Banque mondiale est suspendu conformément à sa politique de coopération avec les gouvernements ayant accédé au pouvoir par des moyens non prévus par la Constitution du pays.

L’île étant fortement tributaire de l’aide extérieure (40 % de son budget), les dépenses publiques ont mécaniquement chuté. Entre 2005 et 2010, la pauvreté a progressé de plus de 9 points de pourcentage et touche désormais 77 % des ménages. Étant donné le coût de la surveillance des aires de conservation, la situation politique actuelle constitue une menace pour la biodiversité du pays.

Le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé ce financement supplémentaire pour des raisons à la fois environnementales et humanitaires, étant donné l’importance que revêt la biodiversité malgache pour le reste du monde et eu égard aux besoins des populations vivant à proximité des parcs. Cela ne signifie pas que la Banque mondiale se réengage à Madagascar, mais plutôt qu’elle a conscience que les coûts sociaux et environnementaux liés à l’inaction seraient tout simplement trop élevés. La Banque mondiale suspendra le projet si la législation malgache sur les coupes illégales n’est pas appliquée.


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