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publication26 juillet 2023

Note sur la situation économique du Mali 2023 : Renforcer la résilience financière en réponse aux sécheresses récurrentes

The World Bank

Photo : Vincent Tremeau, Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • Les sécheresses récurrentes auxquelles le Mali fait face depuis une trentaine d’années font l’objet d’une analyse approfondie dans le dernier rapport sur la situation économique du pays.
  • Le Mali a subi pas moins de 40 chocs climatiques majeurs entre 1970 et 2020 avec la sécheresse touchant environ 400 000 personnes par an et réduisant les revenus agricoles liés aux récoltes de 9,5 millions de dollars annuels.
  • Renforcer la résilience financière face à cette sécheresse est possible par la mise en place d’instruments pour protéger des secteurs aussi cruciaux que le pastoralisme et l’agriculture.

BAMAKO, le 26 juillet 2023 - Les sécheresses récurrentes ont contribué à modifier les caractéristiques et la composition de la végétation au Mali. Les éleveurs et les agro- éleveurs se trouvant généralement dans les zones arides et semi-arides du nord, où les précipitations sont inférieures à 400 mm par an, sont particulièrement vulnérables à l’impact des chocs climatiques. Alors que le Mali fait face ces dernières années, à des sécheresses récurrentes ainsi qu’à des inondations et invasions acridiennes, ayant des impacts économiques et sociaux majeurs, le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du pays vient apporter une connaissance approfondie sur ces chocs climatiques.

La Note sur la situation économique du Mali 2023 révèle que les sécheresses affectent sérieusement le secteur de l’élevage, l’un des secteurs économiques les plus importants du Mali et de la région. L’élevage représente en effet, 40% du PIB du secteur primaire et environ 15% du PIB national, fait vivre 85% des paysans et génère des revenus pour environ 30% de la population (environ six millions de personnes). En outre, le Mali possède le deuxième plus grand cheptel après le Nigéria parmi les pays de la CEDEAO avec 60,1 millions de têtes de bétail en 2019.

Selon l’étude, le Mali a subi pas moins de 40 chocs climatiques majeurs entre 1970 et 2020. La sécheresse, par exemple, aurait touché environ 400 000 personnes par an et réduit les revenus agricoles liés aux récoltes de 9,5 millions de dollars par an. Les infestations acridiennes de 1985-1988 et 2003-2005 ont détruit des millions d’hectares de cultures, mais l’impact sur les populations n’a pas été mesuré.

En termes d’impacts négatifs, le rapport souligne que les sécheresses peuvent également conduire à des conflits, ou exacerber ceux déjà existants, lorsque les éleveurs migrent vers des régions utilisées par d’autres, telles que des zones de culture ou des terres de parcours. L’escalade des insurrections djihadistes à partir de 2017 a accru les tensions et les violences ethniques, en particulier dans les régions centrales, et a exacerbé la vulnérabilité des éleveurs. La perte de moyens de production et les pillages liés à la violence et aux incidents sécuritaires ont entraîné la perturbation des marchés et des moyens de subsistance des ménages dans les zones touchées.

Pour faire face aux effets de la sécheresse, les éleveurs ont dû fuir leurs villages frappés par la sécheresse à la recherche d’autres ressources en eau et en pâturages. L’analyse de la Banque mondiale mentionne également que si la mobilité est une stratégie efficace pour les éleveurs afin de protéger leurs biens, en particulier pendant les sécheresses, elle peut entraîner des conflits avec les agriculteurs des systèmes de production agricole sédentaires. Il a été ainsi noté que dans de nombreux cas, les éleveurs optent souvent pour la vente rapide de leurs animaux à bas prix afin d’acheter de la nourriture comme principale stratégie d’adaptation. Cette stratégie est préjudiciable, car elle épuise des actifs clés qui sont difficiles à récupérer après les sécheresses, ce qui accroît la vulnérabilité des ménages à la prochaine sécheresse.

En réponse à cette situation, le rapport préconise la mise en place d’instruments pour protéger les secteurs aussi clés que le pastoralisme et l’agriculture et suggère qu’il est ainsi possible de « renforcer la résilience financière [du pays] face à la sécheresse ». L’introduction de ces instruments de financement et d’assurance des risques de catastrophe pourraient réduire les impacts socio-économiques négatifs des chocs climatiques et fournir des financements opportuns et ciblés en réponse à un choc ou en prévision de celui-ci. Selon l’étude de la Banque mondiale, environ 15 % de la superficie du Mali est parfaitement adaptée au financement et à l’assurance des risques de catastrophes basés sur un indice (IBDRFI) pour les éleveurs, tandis que 10 % supplémentaires pourraient l’être après une analyse plus approfondie.

Abordant les perspectives macroéconomiques du pays, le rapport indique que le Mali a connu une croissance du PIB résiliente en dépit des nombreux chocs subis en 2022, y compris les sanctions de la CEDEAO, l’inflation alimentaire et les attaques de parasites affectant la production cotonnière. La croissance du PIB estimée à 1,8 % est soutenue par la reprise de l'agriculture vivrière et la résilience de l'or et des télécommunications. L'inflation annuelle moyenne a augmenté pour atteindre 9,7 % en 2022, principalement en raison de l'augmentation des coûts des denrées alimentaires.