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publication01 juin 2022

Perspectives économiques de Madagascar : Surmonter la Tempête, Accélérer les Réformes

Dernier numéro: 
  • Juin 2022
The World Bank

LES POINTS MARQUANTS

  • Alors que Madagascar se remet à peine de l’impact de la pandémie de COVID-19, la dernière note de conjoncture économique met en garde contre de nouvelles menaces qui pèsent sur les perspectives économiques du pays.
  • Une croissance plus forte et inclusive est nécessaire pour réduire la pauvreté, appelant un nouvel élan de réformes.
  • La note met l'accent sur l'importance d'améliorer les performances des écoles publiques à la suite de la récente détérioration des résultats d'apprentissage.

ANTANANARIVO, 1 juin 2022 – Selon les dernières Perspectives économiques de Madagascar : Surmonter la Tempête, le développement du pays continue d'être entravé par le faible potentiel de croissance du pays et son exposition à des crises fréquentes, profondes et persistantes.

« Dans un contexte de ralentissement économique face à de nouveaux chocs, il est devenu urgent pour le gouvernement de mettre en œuvre des réformes audacieuses pour stimuler l'investissement privé et la création d'emplois, améliorer la gouvernance du secteur public et renforcer la résilience aux chocs », a déclaré Marc Stocker, économiste principal de la Banque mondiale à Madagascar et auteur du rapport.

Voici quelques-unes des principales conclusions de la dernière note de Perspectives économiques pour Madagascar :

La réduction de la pauvreté a peu progressé avant la crise

La croissance avant la crise du COVID-19 était insuffisante pour relever significativement le niveau de vie et réduire la pauvreté. Malgré le retour à l’ordre constitutionnel, la réouverture des principaux marchés d’exportation et le réengagement des partenaires techniques et financiers, la croissance n'a atteint que 3,5 % en moyenne de 2013 à 2019, à peine supérieure à celle de la croissance démographique et s'est avérée bien plus faible que la reprise du milieu des années 2000. Dans l'ensemble, le produit intérieur brut (PIB) par habitant a augmenté à un taux moyen de 0,7 % par an durant la période d’avant crise, ce qui était insuffisant pour sortir une partie significative de la population de la pauvreté.

Croissance du PIB

The World Bank
Source: Instat, BAnque mondiale

Taux de pauvreté 

The World Bank
Source: Instat, Banque mondiale

La pandémie de COVID-19 a déclenché l'une des récessions les plus profondes de l'histoire de Madagascar.

Malgré un nombre relativement modeste de cas de COVID-19 (coronavirus) à Madagascar, le choc associé à la pandémie a déclenché une récession environ trois fois plus profonde que dans le reste de l'Afrique subsaharienne, avec un effondrement des recettes d'exportation et des investissements privés entraînant une contraction du PIB de 7,1 % et du revenu par habitant de 9,8 %. En conséquence, on estime que 1,8 million de personnes supplémentaires seraient passées sous le seuil de pauvreté international en 2020, ce qui portera le taux de pauvreté à un niveau historique de 80,7 %. La hausse de la pauvreté reflète les pertes d'emplois dans les secteurs les plus exposés tels que le transport, le tourisme et le commerce, les retards dans le versement des salaires et la baisse des revenus dans les secteurs informels. Une série de phénomènes climatiques extrêmes ont également impacté les moyens de subsistance des populations exposées et endommagés des infrastructures clés pour la connectivité.

Des nouvelles turbulences économiques pèsent sur les perspectives

La croissance devrait s’affaiblir en 2022, sous l'effet de la troisième vague de la pandémie au tournant de l'année, d’une saison cyclonique particulièrement active et de l'escalade du conflit en Ukraine. Selon les dernières projections de la Banque mondiale, cela entraînera un fléchissement de la croissance en 2022 à 2,6 %, tandis que l'inflation s'accélère à 7,5% et que le déficit budgétaire se creuse à plus de 7 % du PIB. La croissance devrait se redresser en 2023 pour atteindre 4,2 %, grâce à un modeste rebond des dépenses de consommation et de l'investissement privé. La reprise attendue de l'activité économique se traduira par une baisse modeste du taux de pauvreté, qui passera à 80,2 % en 2023.

Taux de pauvreté

The World Bank

Une nouvelle escalade des tensions géopolitiques liées à l'invasion russe de l'Ukraine pourrait avoir des répercussions plus importantes que prévues sur les prix mondiaux de l'énergie, des engrais et des céréales et déclencher une récession chez les principaux partenaires commerciaux. De nouvelles variantes de COVID-19 pourraient également accroître le risque d'un ralentissement plus prononcé de la croissance. Par ailleurs, de nouveaux chocs climatiques pourraient entraîner des dommages supplémentaires aux infrastructures et aux capacités de production agricole.

En l'absence d'un nouvel élan de réformes, Madagascar risque d’accentuer son retard

Sur la base des tendances d’avant la crise, il faudrait environ 10 ans de croissance ininterrompue pour inverser la perte de revenus moyens survenue pendant la crise de 2020-22 et 73 ans pour atteindre le niveau de vie qui prévalait au Rwanda en 2019.

Figure 1.41: Years needed to reach pre-crisis living standards of peers

The World Bank

Pour avoir une chance de réduire la pauvreté de manière significative, le pays devrait maintenir une croissance bien supérieure à ses moyennes historiques. Cela ne peut se produire que si le gouvernement lance des réformes d’envergure qui permettront de nouveaux investissements dans les secteurs essentiels à la création d’emplois et à la transformation structurelle, un meilleur accès aux services et infrastructures de base, une plus grande résilience aux chocs et plus de transparence et de redevabilité dans les politiques publiques. Plusieurs priorités sont mises en avant comme particulièrement urgentes dans cette note, notamment (i) une stratégie claire pour accélérer la vaccination des personnes vivant en situation de vulnérabilité, dans les zones urbaines et touristiques ; (ii) la restauration des services publics essentiels et des infrastructures de connectivité suite aux récents chocs climatiques ; (iii) des mesures fortes visant à réduire l’insécurité alimentaire et à stimuler la production agricole nationale; (iv) des réformes des mécanismes de tarification du carburant et de l’électricité ; (v) un nouvel élan pour stimuler l'accès au haut débit et aux services numériques ; et (vi) davantage de transparence et de redevabilité dans le secteur public.

Focus spécial : renforcer les performances du système scolaire

Les résultats d'apprentissage se sont détériorés au cours de ces dernières années, ce qui est étroitement lié à la qualité des enseignants, à leur satisfaction professionnelle et à la gestion des établissements. Les enseignants ont généralement de faibles qualifications académiques, en particulier les enseignants communautaires. En outre, les systèmes de gestion des écoles n'apportent pas un soutien adéquat aux enseignants et ne les responsabilisent pas en cas de mauvaises performances ou de comportement contraire à l'éthique. La satisfaction professionnelle du personnel des écoles publiques est faible, en raison des difficultés à être payé, de l'insécurité de l'emploi, du manque de formation, des ratios élèves/enseignant élevés et du manque d'infrastructures et de matériel pédagogique. Les stratégies de réforme qui combinent des mesures renforçant la transparence et l'efficacité de la sélection et de l'évaluation des enseignants, de la gestion des salaires et des subventions aux écoles, de l'engagement des citoyens, de la gestion des écoles et des incitations aux enseignants peuvent considérablement améliorer les performances scolaires et les résultats d'apprentissage.