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publication02 février 2023

L’action climatique, clé de voûte de la prospérité économique en République du Congo

Republic of Congo Economic Update - Ninth Edition

Le présent ouvrage constitue la neuvième édition du rapport de suivi de la situation économique de la République du Congo. Chaque édition de ce rapport annuel présente un aperçu de l’évolution de la situation macroéconomique de la République du Congo, suivi de l’étude approfondie d’un thème particulier.

LES POINTS MARQUANTS

  • Malgré la reprise de l’activité économique en 2022, il demeure prioritaire de poursuivre les actions visant à renforcer la viabilité des finances publiques et de la dette et à maîtriser l’inflation, selon la dernière édition du Rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo.
  • Un programme de relance économique durable et inclusive doit aussi intégrer l’impact du changement climatique sur le développement du pays.
  • Pour cela, le rapport fournit des recommandations sur les mesures d’adaptation et d’atténuation pertinentes et sur les pistes de financement.

BRAZZAVILLE, 2 février 2023 — La Banque mondiale a publié aujourd’hui la neuvième édition du Rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo, intitulée Impacts du changement climatique, adaptation et opportunités. Voici ce qu’il faut en retenir :

1. L’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie congolaise

En tant que pays exportateur de matières premières, la République du Congo tire actuellement profit de la hausse des prix du pétrole provoquée en grande partie par la guerre en Ukraine. Ses rentrées d’exportation ont augmenté de manière significative, renforçant les recettes publiques. Les ménages et les entreprises subissent cependant les contrecoups de la guerre, avec la montée des prix alimentaires, la désorganisation des chaînes d’approvisionnement et les pénuries de carburant. Par ailleurs, la facture des subventions publiques (sur les produits pétroliers et l’électricité en particulier) a grimpé en 2022, le gouvernement maintenant une politique de contrôle des prix sur un large éventail de produits de première nécessité (notamment l’essence, les tarifs d’électricité et plusieurs produits alimentaires de base). Tout ceci vient s’ajouter aux problèmes socio-économiques existants et aux effets de la pandémie de COVID-19.

Solde budgétaire et dette du Congo (en % du PIB)

Republic of Congo Economic Update - Ninth Edition
Source : Estimations des services de la Banque mondiale basées sur les données fournies par les autorités du pays.

2. La perspective d’une reprise économique

L’économie congolaise a renoué avec la croissance, après avoir connu une récession de 2,2 % en 2021. Le taux de croissance a atteint 1,9 % en 2022 selon les estimations, à la faveur de la progression du secteur non pétrolier, qui a bénéficié de la suppression des restrictions liées à la COVID-19 et de l’apurement partiel des arriérés de l’État envers les entreprises nationales. Le secteur non pétrolier devrait continuer de se développer en 2023-2024, tandis que la reprise des investissements par les compagnies pétrolières devrait favoriser l’essor du secteur pétrolier. La croissance globale devrait se consolider à 3,7 % en 2023 et à 4,5 % en 2024. Toutefois, plusieurs risques de dégradation pèsent sur ces perspectives économiques, à savoir notamment les incertitudes liées à la production pétrolière, une guerre prolongée en Ukraine et la persistance de prix alimentaires élevés, et des conditions météorologiques défavorables qui pourraient affecter la production agricole.

Principaux indicateurs économiques du Congo

Republic of Congo Economic Update - Ninth Edition
Sources : Autorités congolaises, BEAC et estimations et projections des services de la Banque mondiale.

3. L’aggravation de la pauvreté

Le retour à la croissance entamé en 2022 fait suite à plusieurs années de contraction économique qui ont eu pour effet d’annuler les progrès réalisés en matière de réduction de la pauvreté. Le taux de pauvreté (sur la base du seuil de pauvreté international de 2,15 dollars par jour) a atteint 52 % en 2021, alors qu’il avait été ramené à 33 % en 2014. De plus, les populations pauvres subissent de plein fouet la hausse des prix des denrées alimentaires engendrée par les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales depuis le début de la pandémie. La guerre en Ukraine a accentué les problèmes d’approvisionnement existants et a entraîné des pénuries qui augmentent davantage les prix des aliments. 

Des taux de pauvreté en hausse face à des prix alimentaires toujours plus élevés

Republic of Congo Economic Update - Ninth Edition
Sources : Banque mondiale et Institut national de la statistique.

4. Une grande vulnérabilité au changement climatique

Le rapport analyse l’impact du changement climatique au Congo et suggère des mesures d’atténuation et d’adaptation qui mettent l’accent sur l’agriculture, en raison de la vulnérabilité de ce secteur aux dérèglements du climat, de son rôle essentiel pour la sécurité alimentaire et la diversification économique, et de son importance pour le Plan national de développement 2022-2026. Le Congo est très vulnérable au changement climatique : au cours des dix dernières années, le pays a enregistré une hausse des températures moyennes et connu des précipitations plus irrégulières. Les effets du changement climatique sur le bien-être de la population congolaise se manifestent déjà à travers des inondations plus fréquentes, une plus faible croissance de la productivité agricole et une incidence accrue des maladies liées à la chaleur et à transmission vectorielle, comme le paludisme.

Augmentation de la température moyenne et faible évolution du niveau des précipitations au Congo

Republic of Congo Economic Update - Ninth Edition
Source : Portail de connaissances sur le changement climatique de la Banque mondiale.

5. De l’importance de protéger la population et de renforcer la résilience face aux risques climatiques

Le Congo doit se préparer à un climat plus chaud, plus humide ou moins prévisible à l’avenir. Afin de renforcer la résilience du pays, le rapport recommande d'agir en priorité dans les quatre domaines suivants : 

  • Agriculture : L'un des enjeux majeurs de l'adaptation dans le secteur agricole réside dans le renforcement de la sécurité alimentaire. Face à la hausse des températures et à la modification des régimes de précipitations, il est essentiel que les agriculteurs (en particulier les plus petits et les plus vulnérables) soient informés de l’impact de ces changements sur les rendements des cultures et puissent avoir accès à des variétés de semences plus résistantes. La promotion d’une agriculture climato-intelligente peut accroître la productivité, renforcer la résilience, faire baisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) et contribuer à l’augmentation des revenus ruraux, tout en réduisant la déforestation et les émissions qui en résultent et en préservant la biodiversité.

  • Productivité du travail : Le secteur agricole emploie un tiers de la main-d’œuvre congolaise. Or, le changement climatique devrait entraîner un déclin considérable de la production agricole, qui se traduira par une baisse des revenus ruraux et une aggravation de la pauvreté. Diverses mesures pourront aider à améliorer la productivité de la main-d’œuvre : ajustement des heures de travail, allongement des pauses, utilisation d’équipements de protection contre la chaleur. 

  • Santé : Le Congo est vulnérable aux maladies climato-sensibles. Source de préoccupation majeure pour le pays, le paludisme, en particulier, constitue la principale cause de mortalité des enfants et des adolescents et absorbe environ 40 % des dépenses de santé. La mise en place d’un système d’alerte précoce est une mesure qui s’est avérée efficace pour réduire la mortalité due aux vagues de chaleur. Par ailleurs, il faut également investir dans l’eau potable et dans la lutte contre les moustiques (moustiquaires, pulvérisation résiduelle, traitement rapide des patients diagnostiqués, sprays et serpentins antimoustiques, entre autres).

  • Zones côtières : Le littoral congolais est déjà exposé à l’élévation du niveau de la mer et à des ondes de tempête. Le Congo pourrait élaborer et mettre en œuvre un plan détaillé de protection des côtes. Les solutions fondées sur la nature, lorsqu’elles sont bien conçues et mises en œuvre, peuvent générer d’importantes retombées économiques. Elles doivent être envisagées dans le cadre d’une transformation structurelle des zones côtières visant à faire face à la hausse du niveau marin et à modification des écosystèmes côtiers induites par le changement climatique.

6. La contribution du Congo aux efforts mondiaux de réduction des émissions

Outre le renforcement de la résilience face au changement climatique, le pays doit continuer à contribuer aux initiatives mondiales de réduction des émissions de GES et étudier de nouvelles possibilités de financement, notamment en menant les actions suivantes : 

  • Gérer avec soin l’aménagement des forêts et la protection des tourbières (sur le territoire de la République du Congo) afin de bénéficier de la vente de crédits carbone internationaux et d’assurer la préservation de la biodiversité du pays ;

  • Réduire le torchage et l’éventage de gaz en appliquant le décret d’octobre 2022 qui réglemente ses pratiques dans les activités en amont du secteur des hydrocarbures.

Changements induits par le climat dans la production agricole (en volume)

Republic of Congo Economic Update - Ninth Edition
Source: IFPRI (2017).