Skip to Main Navigation
publication25 juin 2025

Note de conjoncture économique des Comores : Un océan d'opportunités - L'économie bleue comme moteur de croissance durable

The World Bank

LES POINTS MARQUANTS

  • L'économie des Comores se redresse progressivement, avec une croissance atteignant 3,4 % en 2024, mais reste insuffisante pour réduire la pauvreté et les inégalités persistantes. Malgré des perspectives positives à moyen terme, le pays demeure exposé à plusieurs risques macroéconomiques : une forte dépendance aux importations, une diversification limitée des exportations et une vulnérabilité face aux chocs climatiques et externes.
  • Pour soutenir une croissance plus robuste, il est essentiel de renforcer la stabilité budgétaire, de stimuler la compétitivité du secteur privé et d’améliorer la gouvernance.
  • L’économie bleue représente une véritable opportunité de transformation. Le développement de la pêche, du tourisme maritime et de la conservation marine, combiné à des investissements dans les infrastructures et la protection de l’environnement, jouera un rôle clé pour bâtir une croissance plus durable et inclusive.

La première édition de la note de conjoncture économique des Comores, intitulée Un océan d'opportunités : l'économie bleue comme moteur de croissance durable, présente les tendances économiques récentes et les perspectives à moyen terme du pays. Sa section thématique explore le potentiel de l'économie bleue pour stimuler la croissance, créer des emplois et protéger les écosystèmes, tout en garantissant une gestion durable des ressources naturelles.

Points clés du rapport :

L'économie est en hausse mais reste insuffisante pour réduire la pauvreté et les inégalités persistantes
En 2024, l'économie des Comores a une légère amélioration, avec un taux de croissance passant de 3 % à 3,4 %, tirée par la consommation des ménages et les services, soutenue par la hausse des envois de fonds et la baisse de l'inflation. L'agriculture et l'industrie ont également progressé, mais le revenu par habitant est resté stable et la pauvreté reste élevée. Les finances publiques sont sous pression. Les recettes sont restées stables à 16,6 % du PIB, tandis que les dépenses ont augmenté en raison de grands projets financés par des fonds extérieurs. Le déficit budgétaire s’est ainsi creusé, passant de 1,3 % à 3,9 %. La dette publique a atteint 36,8 % du PIB, poussant le FMI et la Banque mondiale à classer les Comores comme un pays à haut risque de surendettement. Les envois de fonds représentent en moyenne 11,3 % du PIB au cours de la dernière décennie. Ils constituent une source essentielle de revenus pour de nombreux ménages, mais ne suffisent pas à compenser les déséquilibres commerciaux ni financer le développement à long terme. Le secteur bancaire reste fragile. Il est marqué par un taux élevé de prêts non remboursés et par des problèmes de solvabilité, ce qui limite l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises, et freine ainsi la croissance du secteur privé. Des réformes inclusives sont nécessaires pour renforcer les finances publiques, diversifier l'économie et renforcer la résilience en vue d'une croissance durable à long terme.

Malgré des perspectives de croissance positives, les Comores sont confrontées à des risques macroéconomiques persistants et à des défis structurels qui freinent leur développement
Entre 2025 et 2027, la croissance devrait rester stable, soutenue principalement par la consommation des ménages et les investissements publics, notamment dans les infrastructures et les préparatifs des Jeux des îles de l’océan Indien prévus en 2027. L'inflation devrait continuer à baisser, grâce à des réformes comme la libéralisation des importations de riz. Cependant, plusieurs défis majeurs subsistent. Le pays dépend fortement des importations, dispose d’un éventail limité de produits d’exportation et fait face à des pressions inflationnistes récurrentes. L’adhésion des Comores à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pourrait ouvrir de nouveaux débouchés à l’international, mais risque aussi d’entraîner une baisse des recettes commerciales si elle n’est pas accompagnée de politiques adaptées. Les effets du changement climatique, les catastrophes naturelles et l’instabilité mondiale représentent également des menaces importantes pour la stabilité économique du pays. La faiblesse de la gouvernance, le chômage élevé des jeunes et le manque d’emplois formels limitent la capacité des Comores à répondre efficacement à ces défis.

Pour assurer une croissance durable, les Comores doivent réformer leur politique budgétaire, stimuler le secteur privé et renforcer la gouvernance afin de renforcer leur résilience
Avec une dette publique estimée à 37 % du PIB en 2024 et des recettes fiscales parmi les plus faibles au monde, la marge de manœuvre budgétaire reste limitée. Les principales réformes comprennent l'élargissement de l'assiette fiscale, la modernisation de l'administration fiscale et l'amélioration de la gestion des finances publiques. Il est également crucial d’améliorer la transparence sur la dette et de privilégier les financements concessionnels pour éviter le surendettement. Le développement du secteur privé nécessite l'élimination des obstacles réglementaires, un meilleur accès au financement et la valorisation des envois de fonds. L’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ouvre des opportunités pour diversifier les exportations, notamment dans la pêche et l’agriculture, mais cela doit s’accompagner d’investissements dans la logistique commerciale et les infrastructures de qualité. Des réformes du secteur financier sont également nécessaires pour réduire le nombre élevé de prêts non performants et favoriser l’inclusion financière. Par ailleurs, l’amélioration de la gouvernance, le renforcement de la surveillance des entreprises publiques, la promotion de la décentralisation ainsi que le renforcement des systèmes judiciaire et anticorruption sont essentiels pour améliorer les services publics et restaurer la confiance des investisseurs.

Les Comores peuvent favoriser une croissance inclusive en développant leur économie bleue grâce à des réformes, des investissements et une gestion durable. Le pays possède un important potentiel naturel, notamment dans la pêche et le tourisme maritime, qui reste encore largement inexploité. La richesse halieutique par habitant est élevée, mais la croissance économique liée à ce secteur est freinée par des infrastructures insuffisantes, des méthodes de travail dépassées et un accès limité aux marchés. Une stratégie d’économie bleue bien mise en œuvre, basée sur des réformes de gouvernance, des investissements dans les infrastructures et une gestion responsable de l’environnement, pourrait accélérer la croissance du PIB. Cela soutiendrait l’objectif des Comores de devenir un pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2050. Cette vision s’inscrit dans le Plan Émergent Comores 2030, qui met l’accent sur la gestion durable des ressources et la résilience face au changement climatique. Parmi les priorités figurent la modernisation de la pêche, le développement de l’aquaculture, l’amélioration des infrastructures portuaires et énergétiques, ainsi que le renforcement de l’inclusion financière, notamment pour les femmes et les très petites entreprises. Une bonne gouvernance, une planification efficace de l’espace marin et l’innovation numérique seront essentielles pour gérer durablement ces ressources. En combinant développement des compétences, adaptation au climat et finance inclusive, les Comores peuvent bâtir une croissance durable, inclusive et à long terme.