L’Algérie doit faire face à une récession dans un contexte marqué par les difficultés liées aux strictes mesures de confinement adoptées pour contenir la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19) et par la baisse significative des cours et des exportations d’hydrocarbures au premier semestre 2020. Si les mesures de confinement ont permis de freiner la contagion, elles ont eu de graves conséquences sur des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre — à savoir les services et de la construction, deux secteurs d'activité relevant encore en grande partie de l’économie informelle —, avec à la clé de nombreuses suppressions d’emplois temporaires ou permanentes, et un nombre encore plus grand d’emplois en danger.
Ces derniers développements font suite à une année 2019 marquée par une mobilisation sociale et une transition politique, et au cours de laquelle l’économie algérienne a connu une contraction de la production d’hydrocarbures et une contribution plus modeste des services, de l’agriculture et de la construction à la croissance. Le produit intérieur brut (PIB) réel de l’Algérie a progressé de 0,8 % en 2019, contre 1,2 % en 2018, l’expansion de 2,4 % enregistrée dans les secteurs hors hydrocarbures étant largement éclipsée par un déclin de 4,9 % dans les hydrocarbures. Le taux de chômage, qui s’est maintenu globalement à 11,4 % en 2019, s’est réduit chez les hommes pour passer de 9,5 % en 2018 à 9,1 % en 2019, tandis qu’il a augmenté chez les femmes de 19,5 à 20,4 %. Les comptes de l’État ont continué d’afficher un double déficit important, tributaire des recettes provenant des hydrocarbures : le déficit budgétaire global s’est creusé pour atteindre 9,6 % du PIB, sous l’effet de la baisse des revenus des hydrocarbures et de l’augmentation des dépenses d’investissement, tandis que le déficit du compte courant est resté relativement stable autour de 10 % du PIB. Le niveau des réserves de change a diminué progressivement, pour couvrir 13,6 mois d’importations fin 2019.
La croissance économique à long terme de l’Algérie s’essouffle, dans un contexte marqué par le recul du secteur des hydrocarbures, un modèle de croissance tirée par le secteur public et un secteur privé qui peine à s’imposer comme le nouveau moteur de croissance. Le secteur des hydrocarbures, qui contribue à 19,5 % du PIB, 41 % des recettes budgétaires et 94 % des exportations, connaît actuellement un déclin structurel. L’Algérie devra, à l’instar des autres pays exportateurs de pétrole de la région MENA, évoluer vers un modèle économique plus diversifié pour pouvoir accélérer la croissance et la création d’emplois. Compte tenu du tarissement des revenus des hydrocarbures, l’État n'est plus en mesure de maintenir son niveau actuel de dépenses. Les politiques visant à diversifier l’économie et à accroître les recettes budgétaires doivent s’accompagner de mesures destinées à améliorer l’efficacité et l’équité des dépenses publiques afin de protéger les segments les plus vulnérables de la population. La réussite du plan de relance économique national, en cours d’élaboration, reposera sur sa capacité à restaurer la stabilité macroéconomique et sur l’adoption de politiques résolues pour soutenir le développement du secteur privé, tout en continuant à assurer la délivrance de services essentiels.
Au cours des deux dernières décennies, le boom des hydrocarbures a permis à l’Algérie de progresser sur le plan du développement économique et humain. Le pays a pu apurer sa dette extérieure, investir dans des projets d’infrastructure et mettre en œuvre des politiques de redistribution sociale qui ont contribué à une réduction importante de la pauvreté et amélioré considérablement les indicateurs de développement humain. Avec un taux net de scolarisation en primaire de 97 % en 2015 (qui s’accompagne en outre de la parité filles/garçons), l’Algérie a atteint l’objectif de scolarisation universelle — sachant que les taux d’inscription dans le supérieur ont également augmenté. La qualité de l’éducation dispensée est toutefois problématique : l’Algérie se classe 71e sur 72 dans l’étude PISA de 2015, qui mesure les compétences des jeunes de 15 ans en sciences, en mathématiques et en lecture. Selon les dernières estimations du Groupe de la Banque mondiale, son indice de capital humain, qui reflète les niveaux de santé et d’éducation des enfants avant la pandémie, n’a globalement pas évolué depuis 2010 et s’établit à 0,53 en 2020. Soit une valeur supérieure à la moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, mais plus faible que la moyenne de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Dernière mise à jour: 01 oct. 2020