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Fiches de résultats15 avril 2025

Cajou made in Côte d’Ivoire : la transformation locale change la donne

The World Bank

Résultats

  • Entre 2015 et 2024, la Côte d’Ivoire a vu ses capacités de transformation du cajou passer de 68 515 à 350 000 tonnes
  • 18 321 emplois ont été créés, dont 66 % occupés par des femmes
  • Trois zones agro-industrielles dédiées à la transformation des noix brutes ont vu le jour
  • 1 800 km de routes de desserte locale ont été construits ou rénovés
  • 12 000 emplois directs supplémentaires sont attendus d’ici la fin de 2025 grâce à la mise en service des trois zones agro-industrielles

Le défi 

Le cajou est le deuxième produit d’exportation de la Côte d’Ivoire après le cacao, et une source de revenus cruciale pour les petits exploitants et transformateurs de la partie nord du pays, plus pauvre. La production de noix de cajou brutes a augmenté de 380 000 tonnes en 2010 à 1,2 million de tonnes en 2023, ce qui représente 40 % de l’offre mondiale, avec des exportations estimées à plus de 800 millions de dollars.

Entre 2018 et 2024, le volume de noix transformées localement est passé de 68 515 à plus de 345 000 tonnes, soit environ 30 % de la récolte nationale. Mais l’ambition affichée par le gouvernement est de porter ce pourcentage à plus de 50 % d’ici à 2030. Ce qui implique de moderniser ou construire de nouveaux équipements, et de remédier aux difficultés d’accès au financement. Les rendements et la qualité de la production pâtissent en outre de plusieurs faiblesses : plantations mal entretenues, manque de semences de qualité et autres intrants, services de vulgarisation insuffisants et pertes après récolte dues à des problèmes de manutention et de stockage. Le secteur de la noix de cajou présente un fort potentiel de croissance et de création d’emplois pour la Côte d’Ivoire, à condition de renforcer l’ensemble de la filière, et en particulier la transformation locale.

L'approche du Groupe de la Banque mondiale 

Le projet d’appui à la compétitivité de la chaîne de valeur de l’anacarde s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie d’IFC et de la Banque mondiale pour l’agroalimentaire. Celle-ci vise à réformer la gouvernance du secteur et à améliorer l’accès des petits exploitants agricoles aux marchés, aux technologies et aux formations. Le projet insiste sur l’enjeu de la création d’emplois dans les opérations de transformation, en mettant en particulier l’accent sur les femmes. Il est parvenu à attirer des investissements privés dans la filière cajou en soutenant des mesures d’incitation ciblées, en améliorant la productivité, en investissant dans les équipements de transformation et en facilitant l’accès aux financements.

Le projet appuie les organisations nationales chargées de la supervision de la filière, afin qu’elles fédèrent les parties prenantes, fournissent des formations en matière de contrôle de la qualité et de commercialisation, et facilitent l’enregistrement légal et le développement des coopératives. Il aide également à évaluer les coûts de la réglementation pour la vente, l’achat et la commercialisation des produits dérivés du cajou, et recommande des améliorations. Il œuvre également au déploiement d’une plateforme informatique mise au point par IFC pour accélérer la distribution des demandes de permis environnementaux aux transformateurs de cajou. Le projet continue d’aider les transformateurs à investir dans les technologies nécessaires au traitement des résidus de l’anacarde et en particulier dans la production d’huile extraite des coques.

Le projet a appuyé la construction d’un laboratoire spécialisé pour l’amélioration de la culture de l’anacarde et aide les pépinières locales à produire des semis pour les petits exploitants. Il a remis en état environ 1 600 kilomètres de routes de desserte pour améliorer l’accès des petits agriculteurs aux marchés. En partenariat avec le secteur privé, le projet contribue à la construction et à l’équipement de trois zones de transformation du cajou et à la formation de leurs employés, en promouvant les meilleures pratiques et des techniques novatrices. Huit centres satellites permettront aux agriculteurs des districts plus éloignés d’entrer plus facilement en contact avec les transformateurs. IFC continuera de solliciter des investisseurs privés pour financer les installations de stockage et de transformation, soit par leurs propres moyens, soit dans le cadre de partenariats public-privé.

Les investissements dans le secteur ont permis d’augmenter les capacités de transformation locale et de créer 18 321 emplois, dont 66 % sont occupés par des femmes. La grande majorité d’entre eux est concentrée dans les activités de transformation du cajou (17 213 emplois), le reste concernant la fourniture d’intrants et de services agricoles (958) et la logistique de la chaîne d’approvisionnement (150). Quelque 12 000 emplois directs supplémentaires sont attendus d’ici à la fin de l'année 2025 grâce à la mise en service des trois zones agro-industrielles dédiées à la transformation des noix à Bondoukou, Korhogo et Séguéla dans le Nord.

Avant le projet, notre coopérative ne disposait pas d’un seul emploi permanent dans notre unité de transformation locale. Aujourd’hui, nous avons créé une cinquantaine d’emplois stables. Les femmes représentent 60 % de nos effectifs, et nous avons déjà commencé à les enregistrer dans le système de sécurité sociale. Nos 400 membres ont constaté une augmentation significative de leurs rendements et de leurs revenus. Grâce à des techniques améliorées de plantation et replantation, et aux plants de qualité supérieure fournis par le projet, le rendement moyen par hectare est passé de seulement 200-300 kg à près d’une tonne de noix de cajou depuis 2023-2024.
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Inza Coulibaly
Président de la coopérative agricole SCAB COOP-CA dans la région de Worodougou, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire.

Enseignements 

Le projet adopte une approche globale de la filière cajou, en traitant tous les goulets d’étranglement dans la chaîne de valeur. Cette approche permet d’éliminer les obstacles à chaque étape, de la production à la commercialisation. Cette approche globale des filières est désormais utilisée dans de nombreux programmes financés par la Banque mondiale dans l’agriculture et l’agroalimentaire.

Prochaines étapes 

De nouveaux investissements permettront de valoriser et commercialiser les sous-produits de l'anacarde — notamment les coques, qui représentent environ 70 % des déchets issus de la transformation du cajou —, avec à la clé plus d’emplois et de meilleure qualité. Les pouvoirs publics travaillent actuellement sur les cadres réglementaires régissant la gestion des zones agro-industrielles. La poursuite éventuelle du projet est à l’étude, avec une deuxième phase dotée d’un budget de 150 millions de dollars, qui serait axée sur la transformation des coques de noix de cajou, l’amélioration de la qualité et le développement du marché.