Défi
La région dispose d'importantes ressources énergétiques, notamment un tiers des réserves africaines de gaz et de pétrole, ainsi qu'une capacité hydroélectrique techniquement exploitable de plus de 23 000 mégawatts (MW). Cependant, ces ressources sont inégalement réparties et la plupart sont situées loin des principaux centres de consommation.
Au moment de la conception du projet en 2011, le Burkina Faso ne dispose que d’une seule interconnexion, avec la Côte d'Ivoire, qui lui assure une capacité d’importation de 100 MW. En outre, environ 90 % de la population utilise encore du bois et du charbon de bois pour satisfaire la plus grande partie de ses besoins énergétiques. De ce fait, le Burkina Faso n'est pas parvenu à améliorer nettement l'approvisionnement et l'accès à l'électricité.
Le Ghana, de son côté, produit son électricité à partir de centrales hydroélectriques et thermiques, et s’emploie à renforcer la part du gaz naturel dans son bouquet énergétique au détriment du pétrole. Ce mix énergétique gaz/hydroélectricité, relativement peu coûteux, doit faciliter les futurs échanges transfrontaliers d'électricité entre les zones de l'EEEOA et bénéficier financièrement au Ghana grâce à l'augmentation des recettes de la vente d'électricité.
Démarche
La première phase du projet de plateforme de transport entre les zones du Système d'échanges d'énergie électrique ouest-africain (EEEOA) visait à réduire le coût de l'approvisionnement en électricité du Burkina Faso, tout en renforçant la capacité d'exportation d'électricité du Ghana. Il s'agissait de créer la deuxième interconnexion transfrontalière pour le Burkina Faso afin d'augmenter de 200 MW supplémentaires la possibilité d'importation d'électricité du pays. Le principal élément du projet était la construction d'une ligne de transport entre Bolgatanga, au Ghana, et Ouagadougou, au Burkina Faso. Par ailleurs, il avait aussi pour objectif de soutenir le renforcement du réseau de transport d'électricité au Ghana, ainsi que l'électrification des localités rurales le long du tracé de la ligne électrique au Burkina Faso.
Résultats
Le Burkina Faso a renforcé avec succès la sécurité de l'approvisionnement en électricité en important de l'électricité du Ghana, qui, pour sa part, a pu augmenter sa capacité d'exportation. Les travaux réalisés ont également permis de rendre les réseaux plus fiables dans chaque pays et d'améliorer leur adéquation et leur disponibilité. Alors que la construction de la ligne électrique Bolgatanga-Ouagadougou a augmenté les possibilités d'exportation du Ghana, d'autres pays membres de l'EEEOA — Mali et Niger notamment — vont par ailleurs bénéficier de la capacité accrue du Burkina Faso à acheminer l'énergie depuis le Ghana et la Côte d'Ivoire.
Entre 2011 et 2018, le projet a permis d'obtenir les résultats suivants :
- Le coût moyen annuel pondéré de la fourniture d'électricité au Burkina Faso a été réduit de 0,26 à 0,20 dollar par kWh.
- La durée annuelle des coupures de courant au Burkina Faso résultant d'un déficit de capacité de production ou à des délestages a été réduite de 130 à 8 heures.
- La durée totale de fonctionnement de la ligne d'interconnexion a été de 849 heures, ce qui représente une disponibilité de plus de 98 % à l'achèvement du projet.
- La capacité du Ghana à exporter de l'électricité a augmenté de 200 MW.
Contribution du Groupe de la Banque mondiale
Le projet a bénéficié d'un appui de l'Association internationale de développement (IDA) d'un montant total de 41,9 millions de dollars, composé d’un don de 16 millions en faveur du Burkina Faso et d’un crédit de 25,9 millions pour le Ghana. Dans le cadre de la stratégie d'aide à l'intégration régionale de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest, le soutien de l'IDA au projet de l'EEEOA a été apporté sous forme d'un prêt-programme évolutif.
Partenaires
La Banque européenne d'investissement a engagé 30,9 millions de dollars et l'Agence française de développement (AFD) a alloué 39,3 millions de dollars au projet. Parallèlement, l'AFD a financé les travaux sur la ligne Kumasi-Kintampo-Bolgatanga, à savoir la construction de sous-stations et de lignes à haute tension, pour un coût estimé à 161 millions de dollars. Ce projet s'inscrit dans le programme de renforcement du réseau de transport d'électricité au Ghana, avec une augmentation de la tension de 330 kV en plus des 161 kV existants.
Perspectives
La Banque mondiale va poursuivre son soutien à la généralisation de l'électrification au Burkina Faso et dans toute la sous-région de l'EEEOA. Elle continuera également à fournir une assistance technique et des conseils d'orientation stratégique au gouvernement burkinabé. Grâce à cette deuxième interconnexion transfrontalière — après la première avec la Côte d'Ivoire —, le Burkina Faso pourra utiliser la ligne de transport de 225 kV pour importer de l'électricité propre et moins chère du Ghana, et ainsi réduire les graves pénuries d'électricité dues au manque de capacités de production du pays. La fourniture supplémentaire d'électricité en provenance du Ghana permettra aussi au Burkina Faso de limiter ses importations de combustibles pétroliers pour produire de l'électricité.
Bénéficiaires
La construction du réseau de distribution et le raccordement des ménages ont permis d'électrifier 25 quartiers ou villages pauvres dans la périphérie de Ouagadougou et le long de la ligne de transport de 188 km. Cette connexion au réseau a amélioré les conditions de vie de la population locale et elle a contribué à stimuler les activités économiques au sein de la population féminine tout au long de ce tracé.
« L'interconnexion permettra de diversifier les sources d'importation d'énergie et aura un impact majeur sur la qualité du service fourni par la Société nationale d'électricité du Burkina Faso. Elle limitera les délestages résultant du déficit énergétique et diminuera aussi le coût de l'approvisionnement en électricité », a souligné François De Salles Ouédraogo, directeur général de la Société nationale d'électricité du Burkina Faso (SONABEL).