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Capitaliser sur l’abondance des ressources naturelles pour lutter contre la pauvreté

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  • Volume 08


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LES POINTS MARQUANTS
  • De nouvelles données sur l’Afrique montrent que les pays d’Afrique subsaharienne continuent d’enregistrer une croissance économique robuste
  • Une solide demande intérieure et la hausse des exportations de minéraux, de métaux et de pétrole soutiennent cette croissance
  • Si l’Afrique veut promouvoir une croissance inclusive, elle devra mettre en place des programmes sociaux afin de venir à bout des inégalités

WASHINGTON, le 7 octobre 2013— Cinq ans après le début de la crise financière mondiale, la majorité des pays d’Afrique subsaharienne continuent d’enregistrer une croissance relativement vigoureuse. L’activité économique dans l’ensemble de la région poursuit son expansion : la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 4,9 % en 2013, contre 4,2 % en 2012, et elle devrait grimper jusqu’à 5,5 % en 2015, selon les prévisions de la nouvelle édition d’Africa’s Pulse, une analyse des tendances et des données économiques de ce continent publiée deux fois par an par la Banque mondiale.

L’activité économique florissante est soutenue par une solide demande intérieure, attribuable à une hausse de la consommation des ménages, et par une augmentation de la production dans les domaines des ressources naturelles, de l’agriculture et des services. L’expansion des exportations de matières premières stimulée par le renforcement graduel des économies développées du monde demeure la clé de la dynamique de croissance dans la région, note le rapport.

« Les économies d’Afrique connaissent une robuste expansion et la pauvreté diminue », dit Punam Chuhan-Pole, co-auteure d’Africa’s Pulse et économiste principale pour la région Afrique de la Banque mondiale. « Parallèlement, notre analyse montre qu’en l’absence de programmes visant à créer une croissance inclusive, d’importantes réductions de la pauvreté seront plus difficiles à réaliser, même dans les pays africains connaissant la plus forte croissance », ajoute madame Chuhan-Pole.

Au sein de la région, les gouvernements ont accru leurs dépenses d’investissement. Les investissements publics dans la plupart des pays de la région (par exemple, en Éthiopie, au Ghana, en Namibie, au Niger, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie) continuent de porter sur la fourniture d’infrastructures de base, telles que la production d’énergie, les routes et les ports, qui demeurent essentiels pour améliorer la compétitivité de la région.

Les résultats en matière de pauvreté progressent

Africa’s Pulse montre également que la pauvreté en Afrique subsaharienne a diminué. Environ 58 % des habitants de la région vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour en 2000, selon des estimations. Ce taux de prévalence aurait diminué de presque 10 points de pourcentage pour se situer à 48,5 % en 2010.

En dépit de cette impressionnante expansion économique, l’analyse montre qu’il existe des variations en termes de performances économiques entre les groupes de pays. Au sein des pays riches en ressources naturelles, l’écart de croissance entre les pays exportateurs de pétrole et non exportateurs de pétrole s’est réduit. Parallèlement, un certain nombre de pays du groupe des pays non riches en ressources naturelles ont enregistré des taux élevés et soutenus de croissance depuis plus d’une décennie. C’est notamment le cas de l’Éthiopie, du Mozambique et du Rwanda. L’Afrique du Sud est l’un des rares pays où les niveaux de croissance sont moindres qu’avant le début de la crise.

De plus, les efforts déployés pour que cette croissance se traduise par une importante réduction de la pauvreté ont été lents et entravés par d’importantes inégalités.

« L’Afrique a connu cette dernière décennie une croissance plus importante que la plupart des autres régions, mais l’impact de cette croissance sur la pauvreté est bien moindre que ce que nous aurions souhaité. La croissance de l’Afrique n’a pas été un facteur de réduction de la pauvreté aussi puissant qu’il aurait pu l’être en raison des niveaux élevés d’inégalités. Une croissance équitable est possible, mais elle nécessite une diminution des inégalités tant au niveau des revenus que des opportunités », déclare Francisco Ferreira, économiste en chef adjoint pour la région Afrique de la Banque mondiale.

Les prix des denrées alimentaires demeurent stables

Le risque immédiat de flambée des prix des denrées alimentaires semble maîtrisé pour le moment. Les récents développements en matière de prix des denrées alimentaires montrent que les prix des principales matières premières (maïs, sorgho, riz et blé) ont baissé entre janvier et août 2013.

Sauf quelques exceptions, les prix intérieurs des denrées de première nécessité (maïs, millet et sorgho) ont légèrement augmenté dans l’ensemble de la région et sont demeurés bien en deçà des niveaux de l’an dernier. Dans certains endroits, notamment au Sud, des sécheresses ont fait diminuer les stocks de maïs et augmenter les prix. Au Mozambique, par exemple, le prix du maïs a augmenté de plus de 9 % à Maputo. Entre temps, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, une amélioration de la sécurité et de bonnes récoltes ont fait baisser les prix du sorgho et du millet.

Sur le continent, des catastrophes naturelles, tant anciennes (sécheresses) que nouvelles (inondations), surviennent de plus en plus souvent et continuent de nuire à la productivité agricole, souligne le rapport. Le secteur agricole joue encore un rôle dominant dans la majorité des économies africaines et les familles consacrent une part considérable de leur budget à l’achat de denrées alimentaires. C’est pour ces raisons que les pays doivent encore prendre des mesures pour accroître la résilience de l’agriculture et la protéger des impacts négatifs du changement climatique, note le rapport.

Parallèlement, la menace de conflit perdure, comme le démontrent les évènements survenus au cours des 18 derniers mois en République centrafricaine, au Kenya et au Mali. Renforcer la résilience à ce type de volatilité est essentiel pour soutenir la croissance économique et réduire la pauvreté en tant que mesure pour accélérer l’expansion économique, ajoute le rapport.

Perspectives d’avenir

Face à cette performance économique impressionnante de la région au cours de cette période d’insécurité mondiale, Africa’s Pulse s’interroge : si l’économie mondiale subit d’autres chocs, la croissance économique se poursuivra-t-elle en Afrique subsaharienne et quel impact cela aurait-il sur la réduction de la pauvreté ? Deux scénarios distincts simulant des chocs sur les prix internationaux du pétrole et des métaux montrent que parmi les régions en développement, l’Afrique subsaharienne serait la plus touchée.

Le rapport indique que les pays de la région pourraient éviter les effets commerciaux négatifs des variations des prix internationaux en mettant en place les politiques et mesures appropriées pour promouvoir la diversification économique.

Africa’s Pulse examine aussi la manière dont les problèmes économiques des pays à revenu élevé pourraient nuire à la récente croissance et aux progrès en matière de réduction de la pauvreté de l’Afrique. Les résultats de cette simulation montrent que les économies africaines sont en grande partie imperméables à une récession économique prolongée dans les pays à revenu élevé, à moins qu’elle ne soit accompagnée d’une baisse des investissements à destination de la région.

Trois pour cent d’ici 2030

Inspirées par les récentes réalisations en matière de réduction de la pauvreté dans le monde en développement et par le renversement de tendance en Afrique après de nombreuses années de déclin, la communauté internationale et la Banque mondiale ont convenu de trouver des moyens de faire diminuer le taux de prévalence de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour jusqu’à 3 % d’ici 2030. Compte tenu de cet objectif, Africa’s Pulse se pose une deuxième question : quelles sont et seront les répercussions de la cible mondiale de réduction de la pauvreté en Afrique « 3 % d’ici 2030 » à l’heure actuelle et en 2030 ?

L’analyse présente trois scénarios de croissance pour la région d’ici 2030 et chacun de ces trois scénarios illustre le défi que constitue l’accélération de la réduction de la pauvreté en Afrique. En dépit de la croissance enregistrée par le continent et de ses progrès dans la lutte contre la pauvreté, les pauvres du monde seront de plus en plus concentrés en Afrique, selon l’analyse. Ce changement placera le continent davantage au centre de l’effort mondial de lutte contre la pauvreté, ajoute le rapport.

À la lumière de cela, le rapport conclut que la réduction de la pauvreté de l’Afrique doit être accélérée et non pas reportée. L’expansion et la croissance économiques seules ne seront pas suffisantes pour réduire rapidement la pauvreté dans la région, conclut le rapport. 



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