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Déclaration 30 mars 2020

Déclaration de Mari Pangestu lors de la réunion virtuelle des ministres du commerce du G20

Telle que préparée pour l’allocution

Mesdames et Messieurs les ministres du commerce et Mesdames et Messieurs les participants. Merci de l’occasion donnée au Groupe de la Banque mondiale de partager avec vous quelques réflexions à l’occasion de cette importante réunion.

Comme indiqué par les orateurs précédents, nous sommes confrontés au choc le plus dévastateur que le monde de l’après-guerre ait connu, avec des impacts sanitaires, sociaux et économiques sans précédent. Selon divers scénarios, l’économie mondiale devrait entrer dans une profonde récession, pire que la crise financière mondiale de 2008.

Le Groupe de la Banque mondiale est particulièrement préoccupé par l’impact sur les marchés émergents et les pays en développement. En plus de la perturbation initiale des chaînes d’approvisionnement mondiales, une combinaison de la demande intérieure et des chocs du côté de l’offre a provoqué des effets de contagion de portée internationale sur les  voyages, le commerce, la finance, les marchés des produits de base et la confiance des investisseurs. La perturbation frappe maintenant d’importantes plaques tournantes du commerce mondial. Dix-sept pays enregistrant le nombre de cas de COVID-19 parmi les plus élevés sont des plaques tournantes essentielles pour le réseau du commerce mondial.

En raison de l’offre limitée de produits médicaux dans les pays en développement, ceux-ci sont menacés. Les marchés mondiaux des 17 produits identifiés par l’Organisation mondiale de la santé comme essentiels pour lutter contre la pandémie de COVID-19 sont très concentrés. Les pays les plus pauvres sont extrêmement vulnérables aux politiques des pays exportateurs, y compris les restrictions commerciales sur les fournitures médicales – en plus du risque d’être exclu des marchés par les pays riches en raison des prix.

De nombreux pays taxent leurs propres systèmes de santé et entravent la riposte en imposant des tarifs sur les importations des principaux produits en rapport avec la pandémie de COVID-19. Les tarifs appliqués sur ces produits sont inférieurs à 4 % dans les économies avancées, supérieurs à 8 % dans les économies en développement et dépassent 11 % dans les économies les moins avancées.

Nous suggérons aux ministres du commerce du G20 de décider de mesures concrètes pour atténuer la pandémie et accélérer la reprise. Les membres du G20 pourraient immédiatement prendre les mesures suivantes tout en préconisant une initiative parallèle de tous les membres de l’Organisation mondiale du commerce.

  • S’abstenir d’imposer de nouvelles restrictions à l’exportation sur les fournitures médicales essentielles, les aliments ou autres produits clés. Lorsque de telles mesures d’urgence sont appliquées, elles doivent être ciblées, transparentes, proportionnées aux besoins d’urgence et limitées dans le temps.
  • Éliminer ou réduire les tarifs sur les importations de produits en rapport avec la pandémie de COVID-19, et baisser ou suspendre temporairement les tarifs et les taxes à l’exportation sur les produits alimentaires et autres produits de base pour protéger les revenus des ménages et l’activité économique.
  • Veiller à ce que les produits essentiels puissent traverser les frontières en toute sécurité, en garantissant la continuité du dédouanement des fournitures essentielles par les services douaniers, ainsi que des transports et de la logistique dont on ne saurait se passer.
  • Assurer un accès continu aux capitaux et au financement commercial aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME).

Le Groupe de la Banque mondiale fournit des réponses rapides et modulables pour atténuer l’impact de la COVID-19 sur les pays en développement. Le mécanisme de financement accéléré de 14 milliards de dollars approuvé le 17 mars aide les pays et les entreprises dans leurs efforts de prévention, de détection et de riposte à la propagation rapide de la  COVID-19. Nous avons des interventions d’urgence déjà en place dans 60 pays et d’autres sont en préparation.

Nous entamons la prochaine phase de notre riposte pour mieux répondre à l’impact économique et social plus large. Le Groupe de la Banque mondiale décaissera 160 milliards de dollars sur 15 mois pour :

  • Protéger les personnes pauvres et vulnérables par le biais de programmes de filets de protection sociale.
  • Offrir à titre gracieux, par l’intermédiaire de l’institution, des services de facilitation des achats pour aider les clients à accéder aux fournitures et équipements médicaux nécessaires, afin de remédier aux perturbations importantes des chaînes logistiques.
  • Soutenir les entreprises et leurs employés, en particulier les MPME, par le biais des dispositifs d’IFC à l’appui du commerce et de l’accès au crédit.
  • Renforcer la résilience économique et la vitesse de reprise grâce à l’appui budgétaire et à des interventions sectorielles, notamment dans le commerce et l’investissement.

La Banque mondiale et le FMI demandent également à tous les créanciers bilatéraux de suspendre les remboursements de dette des pays IDA qui sollicitent des mesures de tolérance.

Nous sommes disposés à continuer de proposer des contributions et partager des connaissances avec les membres du G20 et tous les partenaires de développement.

 

Les incertitudes actuelles affectent tous les pays. La coopération internationale est le seul moyen de les surmonter.

La poursuite de la coopération internationale pour maintenir un système commercial ouvert et fondé sur des règles sera essentielle à la reprise et au développement durable et inclusif. Il existe des preuves empiriques écrasantes qui indiquent que le commerce contribue à accélérer la croissance et réduire la pauvreté.

Les pays qui restent globalement intégrés seront les mieux placés pour réagir efficacement à court terme et se relever plus rapidement à moyen et long terme. Faire cavalier seul n’est pas une option. Nous sortirons beaucoup plus forts si nous travaillons tous ensemble en nous concentrant résolument sur l’avenir.

Merci !

Annexe 1. Impact économique mondial de la pandémie de Covid-19

  • La pandémie a un impact profond sur l’économie mondiale. Il s’agit du choc le plus dévastateur qu’ait connu l’économie mondiale de l’après-guerre.
  • De nombreux pays ont imposé des mesures de confinement certes  nécessaires mais économiquement coûteuses, dont la durée dépendra nécessairement des évolutions et des impacts des flambées dans différents pays.
  • Les mesures de confinement entraînent des perturbations importantes du côté de la demande : une part substantielle de la consommation privée nécessite des interactions sociales, qui font défaut ; l’investissement est réduit en raison de la hausse des coûts de financement ; en outre, les dépenses de consommation et d’investissement subissent les effets de l’érosion de la confiance et de l’augmentation de l’incertitude. Les mesures de confinement entraînent également une série d’interruptions du côté de l’offre : l’offre de main-d’œuvre diminue fortement car un grand nombre de personnes sont soumises à des restrictions de mouvement ; et de nombreuses entreprises ont du mal à fonctionner en raison de retards accusés dans la livraison des intrants et d’un accès limité au financement.
  • La combinaison de ces effets négatifs sur la demande et l’offre affecte non seulement l’activité économique intérieure, mais entraîne également des effets de contagion de portée internationale, y compris pour les pays émergents et en développement (EMDE) par le biais de multiples canaux :
    • Les canaux de l’économie réelle, y compris la perturbation du commerce mondial, des chaînes logistiques, du voyage et du tourisme. Il s’en suivra des conséquences pernicieuses sur les pays émergents et en développement qui sont profondément intégrés dans les chaînes de valeur mondiales.
    • Des canaux financiers, y compris d’importantes sorties de capitaux dans un climat d’envolée vers la sécurité. Cela affectera particulièrement les pays émergents et en développement ayant d’importants besoins de financement extérieur.
    • Les prix des produits de base sont déprimés par une forte baisse de la demande mondiale de produits de base et, dans le cas du pétrole, l’anticipation d’une offre abondante, alors que l’OPEP et ses partenaires optent de ne pas réduire la production. Cette situation aura des effets néfastes sur les exportateurs de matières premières des pays émergents et en développement, en particulier les producteurs de pétrole.
  • Le commerce mondial a essuyé un revers tout particulier.
    • L’activité portuaire a fortement reculé partout dans le monde. Alors que les stocks d’achats des fabricants ont baissé en février, les délais de livraison des fournisseurs ont fortement augmenté.
    • Faute d’intrants, la production a baissé dans des secteurs tels que l’automobile et l’électronique.
    • Comme mentionné ci-dessus, le tourisme et les voyages dans le monde ont été largement réduits en raison des restrictions de voyage et de l’aversion au risque chez les consommateurs.
  • Les marchés financiers mondiaux ont également subi de fortes fluctuations. Dans ce contexte, les conditions de financement se sont considérablement resserrées pour les pays émergents et en développement.
    • Les flux de capitaux vers les pays émergents et en développement sont devenus fortement négatifs, le suivi journalier indiquant que le rythme des sorties au titre des investissements de portefeuille dépassent le rythme observé pendant la pire période de la crise financière mondiale.
    • Les spreads sur les obligations souveraines et d’entreprise des pays émergents et en développement se sont envolés.
    • La plupart des pays émergents et en développement ont connu de fortes corrections des indices boursiers : en moyenne, les marchés boursiers des plus grands pays émergents et en développement ont chuté de près d’un tiers depuis le début de l’année, la plupart des pertes s’étant produites depuis la dernière semaine de février.
    • Les devises des pays émergents et en développement se sont dépréciées, certaines grandes devises ayant baissé d’environ 20 % par rapport au dollar américain jusqu’à présent cette année.
    • L’impact du resserrement des conditions de financement sera particulièrement grave pour les entreprises aux ressources limitées, y compris les petites et moyennes entreprises des pays émergents et en développement.
  • Les impacts économiques dépendront de la durée et de la propagation de l’épidémie, des mesures prises pour « aplatir la courbe » des infections, et des réponses en termes de politiques économiques. Les mesures visant à contenir le virus ont entraîné une baisse drastique de la consommation et des voyages, un ralentissement du commerce et des investissements transfrontaliers, la volatilité des marchés financiers et des produits de base et une incertitude accrue.
  • Si la COVID-19 a initialement perturbé le commerce par le biais des chaînes d’approvisionnement mondiales, les chocs de l’offre et de la demande sont désormais les principaux facteurs de perturbation. Les pays font face à un triple choc dû à : i) des contraintes d’approvisionnement à l’exportation, ii) la baisse de la demande des partenaires commerciaux et iii) un repli de la demande intérieure d’importations. Les pays recourent au confinement, ralentissant ainsi un large éventail d’activités de fabrication et de services.
  • Les perturbations de la chaîne logistique risquent d’être aggravées par les restrictions commerciales et les retards aux frontières. Les chaînes de valeur mondiales aggravent les effets négatifs d’un tel ralentissement sur la production. Les secteurs industriels optimisés pour une production « juste à temps » sont exposés aux perturbations de l’offre et aux chocs de la demande.
  • Les tensions résultant de la crise actuelle sont particulièrement importantes pour les micro, petites et moyennes entreprises (MPME). Elles ont souvent moins de capitaux pour assurer leurs opérations quotidiennes et sont très vulnérables aux chocs mondiaux, ce qui pèse sur leurs taux de survie.
  • Impacts sectoriels : Les services traditionnels et en face à face sont les plus durement touchés ; les services modernes (en grande partie numériques) seront probablement les moins touchés. L’industrie du voyage et du tourisme est la première et la plus durement touchée. Les services échangeables à distance tels que les services aux entreprises, les communications et les services bancaires peuvent être moins affectés. Le commerce électronique est susceptible de se développer tant que les marchandises peuvent être transportées et livrées.
  • Des perturbations sont probables dans les services de logistique et de fret aérien, les pays en développement étant plus négativement touchés. Les services logistiques sont plus exigeants en main-d’œuvre, faisant appel à moins d’automatisation et à une plus grande interaction humaine dans les pays en développement. Cela est particulièrement le cas en Afrique et en Asie du Sud. Les perturbations du fret aérien international affecteront gravement les pays en développement, en particulier les petits pays qui dépendent des avions de passagers pour des livraisons de fret en soutes. D’autant plus que les fournitures liées à la Covid-19 sont susceptibles d’être acheminées par voie aérienne.
  • Il est possible que le commerce de produits agricoles soit touché par la perturbation des transports, le commerce des denrées périssables pouvant être la filière la plus largement perturbée. Dans l’intervalle, la demande croissante de produits non périssables peut entraîner des flambées de prix que les perturbations du transport pourraient exacerber.

Contacts

David Theis
+1 (202) 458-8626
dtheis@worldbankgroup.org
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