Skip to Main Navigation
DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS07 juillet 2022

Discours liminaire d’Axel van Trotsenburg, Directeur général des opérations de la Banque mondiale : L’IDA au service de l’Afrique : Sommet des chefs d’État

(Ceci est une traduction. Seul le discours prononcé en anglais fait foi)

Excellence, Monsieur le Président Macky Sall,

Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’État,

Mesdames et Messieurs les Premiers Ministres et Ministres,

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un honneur d’être parmi vous aujourd’hui. Au nom de la Banque mondiale, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Son Excellence Macky Sall, Président de la République du Sénégal et Président de l’Union africaine, pour son aimable invitation et la généreuse hospitalité qu’il manifeste en accueillant aujourd’hui le Sommet des chefs d’État sur le thème : « L’IDA au service de l’Afrique ».

La parole m’est accordée ce matin, mais pour être honnête avec vous, je n’ai qu’un seul message simple à vous transmettre, à savoir :

Notre point de départ, ce sont vos ambitions.

Vos ambitions de croissance économique. Pour des emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Pour le développement du numérique. Pour une intégration plus poussée dans les chaînes de valeur mondiales.

Pour des enfants scolarisés, acquérant les compétences dont ils auront besoin demain.

Pour que les populations aient une chance d’échapper à la pauvreté et devenir prospères.

Et c’est là que l’IDA vous rejoint, pour mettre en œuvre ces ambitions.

Nous sommes investis dans votre réussite.

La Banque mondiale est un partenaire à long terme et le restera, dans les bons moments comme dans les moments les plus difficiles.

Le rôle de la Banque mondiale est de travailler avec vous, main dans la main, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles pour la prospérité à long terme de vos pays.

C’est pourquoi nous voulons collaborer encore plus étroitement avec vous à l’avenir, pour vous donner la priorité, vous apporter le partenariat et les investissements que vous méritez.

Retour sur le Sommet sur l’IDA à Abidjan

Il vous souviendra que nous nous sommes rencontrés il y a un an à Abidjan.

À l’époque, vous nous aviez fait part de vos plus grandes priorités et de vos préoccupations les plus pressantes, que vous aviez formulées dans la Déclaration d’Abidjan de 2021. Cette démarche a été extrêmement bénéfique pour les négociations pour la reconstitution des ressources de l’IDA-20.

Je souhaite saisir cette occasion pour réitérer mon respect et ma satisfaction pour cet effort — et en particulier pour exprimer ma gratitude à Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, pour avoir organisé le premier sommet des chefs d’État sur l’IDA au service de l’Afrique.

La Déclaration d’Abidjan était importante, car elle a donné un cachet politique de haut niveau, purement africain, à ces importantes négociations sur le fonds de développement le plus important et le plus efficace du monde.

Cette Déclaration a envoyé un message fort, à savoir que les ambitions et les besoins de financement des Africains sont importants et méritent d’être soutenus.

La Déclaration d’Abidjan a été très utile pour négocier le train de mesures à poursuivre par l’IDA.

Elle avait, en définitive, retenu quelques idées essentielles, notamment :

L’emploi, l’emploi et encore l’emploi ! Un défi considérable ! Chaque année, des millions d’Africains entrent sur le marché du travail et il n’y a pas toujours d’emplois disponibles pour eux.

L’accent est mis sur l’intégration régionale — y compris le commerce, qui pourrait être un moteur de la croissance et doit être soutenu.

Je vous remercie pour cette forte participation, qui a permis de consolider davantage ce train de mesures.

La dernière reconstitution des ressources de l’IDA-20 permettra la mise à disposition de 93 milliards de dollars au cours des trois prochaines années pour soutenir 74 pays dans le monde, dont 39 en Afrique subsaharienne.

Cette reconstitution a été rendue possible grâce aux 23,5 milliards de dollars de contributions des bailleurs de fonds provenant de 52 pays du monde entier. Ces ressources sont combinées à celles de la Banque mondiale, de sorte que chaque dollar donné permet d’obtenir près de 4 dollars en programmes de l’IDA.

Je tiens à remercier les bailleurs de fonds de l’IDA — dont beaucoup participent au sommet d’aujourd’hui de manière virtuelle.

Ils ont entendu votre appel et se sont réunis dans un extraordinaire élan de solidarité pour soutenir les pays en développement du monde entier, malgré d’importantes pressions budgétaires dans leurs propres pays.

Excellences, j’ai le plaisir de vous assurer que la voix et les ambitions de l’Afrique sont intégrées dans ce programme de reconstitution des ressources d’IDA-20.

Je tiens également à remercier les représentants des emprunteurs de l’IDA. Sur les 14 représentants des emprunteurs ayant participé au processus de reconstitution des ressources de l’IDA-20, environ la moitié sont originaires d’Afrique. Leur plaidoyer, leurs déclarations communes et leurs contributions intellectuelles ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration du programme d’action d’IDA-20.

En particulier, des questions clés telles que le programme d’action pour l’emploi, la fragilité et l’intégration régionale sont considérées comme prioritaires dans ce train de mesures, en conséquence directe de leur plaidoyer.

A présent, transformons ces idées en réalité.

Depuis vendredi dernier, 1er juillet 2022, l’IDA-20 est entrée dans sa phase de mise en œuvre. C’est donc le bon moment pour revenir vers vous.

La rencontre d’aujourd’hui a pour but de recueillir l’appui de haut niveau des dirigeants présents en faveur d’un ambitieux programme de mise en œuvre.

Nous sommes prêts à traduire avec vous le train de mesures retenues en des initiatives concrètes dans les domaines du numérique, de l’énergie, de l’agriculture, de la santé et de l’éducation.

L’IDA au service de l’Afrique

Examinons les dimensions de l’IDA et ce qu’elles signifient pour l’Afrique.

Au cours des 20 dernières années, la taille de l’IDA n’a cessé d’augmenter, tout comme la part de l’Afrique dans ses programmes.

Les financements de l’IDA en faveur de l’Afrique subsaharienne sont passés d’environ 2 milliards de dollars en 2000 à 10 milliards de dollars en 2010, puis à 28 milliards de dollars cette année. [Voire à plus de 34 milliards de dollars, si on inclut la BIRD.]

Et notre appui se veut durable. L’IDA fournit des financements concessionnels prévisibles de longue durée pour atteindre des objectifs à long terme.

Aujourd’hui, environ deux tiers du total des financements de l’IDA sont destinés à l’Afrique, soit quelque 65 milliards de dollars.

Cela rend l’IDA unique par sa taille et son échelle. Cela nous donne à tous, ici présents, l’occasion de « voir grand » en ce qui concerne les transformations importantes que nous voulons accomplir ensemble en Afrique.

Cela dit, l’IDA n’est pas seulement une question d’argent. Il s’agit d’un partenariat pour le succès.

Il s’agit de s’inspirer des meilleurs exemples du monde entier pour contribuer à trouver les solutions les mieux adaptées. Il s’agit de données, de dialogue et d’appui constant à la mise en œuvre.

C’est une question de présence — nous avons environ 1 800 employés présents sur le terrain en Afrique subsaharienne, dont un nombre croissant de directeurs et de cadres, pour travailler avec vous au quotidien.

Cette démarche nous permet non seulement de connaître votre culture et votre histoire, mais aussi de mieux comprendre vos besoins.

C’est la clé qui nous permettra d’aider les pays africains à mieux réussir, alors que nous sommes tous confrontés à de multiples crises, dont la dernière en date est due aux effets de la guerre en Ukraine. Les pays africains sont durement touchés par cette situation, qui se traduit par une hausse des prix des carburants et des matières premières et, conséquence malheureuse, par une inflation accrue. Et l’inflation, nous le savons tous, est le pire ennemi des pauvres.

Nous travaillons avec vous, les pouvoirs publics, mais aussi avec le secteur privé, la société civile, les partenaires de développement et les organisations internationales — ainsi qu’avec quiconque souhaite sérieusement contribuer à la résolution des problèmes.

Ensemble, nous pouvons faire un grand pas en avant.

Il se passe beaucoup de choses dans la région — et nous avons un solide portefeuille IDA pour accompagner cette dynamique.

Accès à l’énergie

L’accès à l’énergie est une question prioritaire pour les dirigeants africains.

Au cours des 20 dernières années, les pays en développement en Asie sont passés d’un accès à l’électricité pour deux tiers de la population à un accès quasi universel.

L’Afrique est capable de réaliser une révolution de cette ampleur.

Nous pouvons nous appuyer sur les efforts d’intégration régionale, tels que le Pool énergétique de l’Afrique de l’Ouest, pour étendre les avantages d’une énergie propre et abordable à l’ensemble du continent.

Voyons comment nous pouvons appuyer et accroître cette ambition dans le domaine de l’énergie — y compris les énergies renouvelables. Nous pouvons tirer parti des nouvelles technologies, améliorer les cadres réglementaires, renforcer les services publics de distribution et faire appel au secteur privé.

Unissons nos forces et, ensemble, traçons la voie vers l’accès universel à l’énergie. Pour notre part, nous sommes prêts.

Développement du numérique

Sur le numérique, je ne peux qu’être d’accord avec le président Kagame du Rwanda qui, en 2019, alors qu’il présidait l’Union africaine, a lancé un appel à faire en sorte que toutes les populations soient connectées au numérique d’ici à 2030.

Dans le cadre de l’initiative Économie numérique pour l’Afrique [de la Banque mondiale], nous nous sommes engagés à doubler le taux de pénétration du haut débit sur cinq ans, de 2016 à 2021 — en fait, nous l’avons triplé.

Poursuivons sur cette lancée.

C’est possible parce que nous avons la bonne combinaison d’instruments, qui englobe, entre autres, la réforme des réglementations publiques, la réduction des risques pour les investissements du secteur privé et les investissements dans les infrastructures.

Nous voulons utiliser au mieux les ressources de l’IDA pour le secteur public, tout en suscitant des investissements du secteur privé dans ces domaines.

Sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire est un autre domaine qui donne à réfléchir. L’insécurité alimentaire augmente et touche des millions de personnes dans le monde, y compris en Afrique.

La Banque mondiale a déclaré que l’on ne pouvait pas attendre et a annoncé en avril qu’elle allait fournir de nouvelles ressources à l’échelle mondiale à hauteur de 12 milliards de dollars, et 18 milliards de dollars supplémentaires provenant des opérations existantes, soit jusqu’à 30 milliards de dollars pour la sécurité alimentaire.

Au cours des trois premiers mois depuis avril, nous avons engagé près de 6 milliards de dollars à travers le monde, dont 3,9 milliards pour l’Afrique.

Nous déployons également deux programmes régionaux de grande envergure sur la résilience des systèmes alimentaires en Afrique qui, ensemble, toucheront 20 millions de bénéficiaires.

Dans le cadre de cet appui, nous poursuivons une approche à double voie — faire face à la crise tout en traitant les questions à plus long terme, ce qui exige de travailler à la réduction à terme de l’insécurité alimentaire, et cela implique une meilleure résilience et de meilleurs systèmes agricoles.

Il y a quelques semaines, lorsque nous discutions du projet sur les systèmes alimentaires en Afrique de l’Est avec notre Conseil des Administrateurs, j’ai déclaré ceci : « Nous sommes réunis près de 50 ans après la conférence de 1974 consacrée à l’éradication de la faim — et la situation n’a pas changé. » Nous devons faire mieux et la seule façon d’y parvenir, c’est de tirer les leçons de ce problème et d’aider une fois pour toutes à le résoudre — et vous pourrez compter sur l’appui de la Banque mondiale pour cela !

Protection sociale

En plus de la sécurité alimentaire, nous devons également penser aux systèmes de protection sociale. La bonne nouvelle est que nous avons beaucoup appris au fil des ans qu’il nous faut avoir des systèmes de sécurité sociale bien meilleurs.

L’un des nombreux enseignements de la COVID-19 a été l’importance de disposer de systèmes de ciblage et de mise en œuvre solides, afin d’aider les plus vulnérables à renforcer leur résistance aux chocs, qu’ils soient dus à des pandémies, à des conflits ou au climat. Permettez-moi de relever ici que la question de la préparation aux crises est désormais primordiale.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la Banque mondiale a touché plus d’un milliard de bénéficiaires dans le monde grâce à ces programmes. Et il est possible de faire plus en Afrique.

Dans le cadre de l’IDA-20, renforçons davantage les systèmes de protection sociale en Afrique afin d’amortir les chocs et d’aider les populations à renforcer leur résilience.

Nous pouvons ensemble appliquer les enseignements du Projet régional d’autonomisation des femmes et de dividende démographique au Sahel et d’autres programmes similaires. Nous pouvons passer à l’échelle supérieure et obtenir un impact beaucoup plus important.

Nous avons tellement tendance à nous concentrer sur les mesures de crise que nous parlons parfois moins des objectifs de développement durable et de la réduction de la pauvreté. Je pense que nous devons continuer à nous forcer à être des gestionnaires de crise efficaces, mais ne devons jamais perdre de vue les défis à plus long terme. Et en la matière, l’investissement dans le capital humain est absolument essentiel.

[Tirer pleinement parti de l’IDA-20]

Excellences, compte tenu de vos positions prestigieuses, les attentes qu’on a de vous sont souvent nombreuses. Mais j’ose aujourd’hui vous soumettre une demande supplémentaire : je souhaite que vous puissiez tirer le maximum de l’IDA-20.

L’IDA propose des incitations — celles-ci sont transparentes et conçues pour accompagner votre réussite.

Pour les trois prochaines années, nous estimons qu’environ 44 milliards de dollars seront alloués aux pays d’Afrique subsaharienne.

Comme vous le savez probablement, chaque pays reçoit une allocation fixée sur la base d’ une formule.

La meilleure façon d’augmenter l’allocation de votre pays — et de maintenir cette augmentation dans le temps — est d’entreprendre des réformes qui renforcent vos politiques et institutions publiques de base.

Si vous le faites, votre score augmente dans la formule chaque année, et l’allocation de votre pays augmente également.

J’engage donc chacun d’entre vous à revoir vos derniers scores et, ensemble, déterminons les mesures nécessaires pour les améliorer.

Tirer pleinement parti des guichets d’IDA-20

Il existe en outre des guichets de l’IDA que vous pouvez utiliser pour obtenir des ressources supplémentaires au-delà de l’allocation prévue pour votre pays.

Ce sont des ressources qui se perdent si elles ne sont pas utilisées. Je souhaiterais que vous les utilisiez, et non que vous les perdiez.

Ensemble :

Grâce au Guichet de financement complémentaire, nous pouvons augmenter les investissements à fort impact qui peuvent produire un effet transformateur.

Grâce au Guichet régional, nous pouvons investir dans des solutions à des problèmes communs afin d’obtenir des retombées régionales positives.

Grâce au Guichet pour les réfugiés, nous pouvons soutenir les programmes de développement destinés aux réfugiés et aux communautés qui les accueillent.

Grâce au Mécanisme de riposte aux crises, nous pouvons faire face aux crises graves et réagir plus tôt aux crises à évolution lente.

Et grâce au Guichet de promotion du secteur privé, nous pouvons mobiliser les investissements du secteur privé dans vos pays en réduisant les risques associés aux investissements de IFC et aux garanties de la MIGA.

Je voudrais également citer l’enveloppe consacrée aux situations de fragilité, de conflit et de violence, qui prévoit des allocations supplémentaires pour les pays IDA qui disposent de plans solides pour sortir de la fragilité et prévenir les conflits.

Maintenant que la mise en œuvre de l’IDA-20 a démarré, mettons-nous au travail !

C’est une tâche difficile. Elle exige de l’attention, de la discipline, de l’endurance et de la volonté politique. Mais avec une bonne coopération, nous pouvons obtenir des résultats transformateurs.

Collaboration avec les vice-présidents

Pour piloter ce travail, je suis accompagné aujourd’hui de deux vice-présidents.

Ousmane Diagana, vice-président pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Beaucoup d’entre vous connaissent bien Ousmane pour sa grande expérience et son engagement envers le continent africain et ses populations.

Et Victoria Kwakwa, notre nouvelle vice-présidente pour l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est. Victoria possède une riche expérience. Elle était notamment, jusqu’à une date récente, vice-présidente pour l’Asie de l’Est, où elle a aidé les pays à opérer de grandes transformations, à accomplir des bonds technologiques, à accroître leur productivité, à renforcer leur capital humain et à stimuler la croissance du secteur privé. Pour mettre en œuvre ces enseignements et poursuivre les transformations dans vos pays, vous pouvez compter sur Victoria.

Ces deux collaborateurs sont prêts à travailler avec vous — aujourd’hui et tous les jours.

Pour conclure, permettez-moi de le redire : notre point de départ, ce sont vos ambitions.

J’espère que dans les prochaines années, nous pourrons nous retrouver et apprécier les résultats obtenus avec l’IDA — mais aussi la manière dont, ensemble, vous avez fait la différence. Et vous pouvez compter sur le soutien total de la Banque mondiale !

Blogs

    loader image

Nouveautés

    loader image