DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS

Pour des dépenses publiques agricoles plus performantes en Afrique subsaharienne

10 octobre 2013


Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, Makhtar Diop Assemblées annuelles 2013 de la Banque mondiale et du FMI Washington DC, États-Unis

Tel que préparé pour l'allocution

Chère Madame Peace, Messieurs les Ministres du Burkina Faso et du Ghana, Mesdames et Messieurs les administrateurs et conseillers, chers collègues et amis, je suis très heureux de vous accueillir pour échanger avec vous sur les bonnes pratiques de dépenses publiques dans le secteur agricole.

C’est également un grand plaisir d’avoir parmi nous des institutions partenaires qui s’impliquent fortement dans l’agriculture en Afrique subsaharienne. Je voudrais particulièrement saluer la participation de la Fondation Bill et Melinda Gates, représentée par Monsieur Alan Rennison, à de nombreux projets qui valorisent les réussites des politiques publiques dans ce secteur. Je souhaite également remercier de sa présence Monsieur Ousmane Badiane, directeur Afrique de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) qui est l’un de nos principaux partenaires dans notre action en faveur de l’agriculture africaine.

Nous abordons aujourd’hui un sujet qui me tient particulièrement à cœur : celui de l’agriculture en Afrique. Il s’agit à mon avis d’un des secteurs clés pour transformer ce continent en un moteur de l’économie mondiale. Nous examinerons aujourd’hui les politiques publiques de cinq pays africains : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Libéria et le Togo.

En Afrique, plus qu’ailleurs, la croissance agricole est déterminante pour réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Ce secteur domine en effet les économies de la région dont il représente 30 à 40% du PIB et emploie 65 à 70% de la population active. Qui plus est, il est démontré que l’amélioration de la productivité agricole a 3 fois plus d’impact sur la pauvreté que d’autres secteurs.

Nous avons besoin d’une agriculture forte, créatrice d’emplois. Entre 2010 et 2050 la population rurale augmentera de 150 millions de personnes en Afrique subsaharienne. Cette hausse de 30% créera un vrai « atout-jeunesse », mais les villes ne pourront absorber cette offre de travail. L’agriculture restera donc le premier employeur pour de nombreuses années.

Nous disposons d’études récentes de la Banque mondiale et de l’IFRI qui prouvent qu’un secteur agricole prospère peut offrir de nombreuses perspectives d’emploi à cette jeunesse. 

Certains travailleront dans l’exploitation familiale cumulant parfois cette activité avec du travail hors-ferme : Ainsi 89% des jeunes des campagnes travaillent pour leur famille ou à leur compte mais ils sont généralement peu éduqués et peinent à développer leur potentiel.

Certains quitteront la ferme familiale pour créer leur propre exploitation, mais ils auront besoin de terres, d’argent, de matériel agricole et d’appui.

D’autres monteront leur entreprise de services agricoles (de transport, de protection des cultures, de services vétérinaires, de machines agricoles) au profit d’une agriculture moderne et plus performante. Pour y parvenir, ils auront besoin de compétences techniques et commerciales, ainsi que de financements. 

Enfin, certains seront salariés de grandes exploitations commerciales ou de leurs prestataires de services. Mais ils auront besoin de formation pour devenir des travailleurs qualifiés et améliorer ainsi leur niveau de vie. 

Pour tirer pleinement parti de cet « atout-jeunesse », il nous faut des politiques et des investissements créateurs de marchés fonciers plus fluides, y compris de marché de location de terres. Il nous faut également renforcer l’offre de formation, aider le développement des marchés de crédit et améliorer les services annexes à l’activité agricole. Cela représente autant de priorités pour l’investissement public dans l’agriculture.

Conscient du rôle moteur de l’agriculture pour la croissance en Afrique, vous vous êtes fixés comme objectif dans la Déclaration de Maputo de consacrer 10% de la dépense publique à l’agriculture. Des progrès considérables ont été réalisés dans ce but.

Ainsi, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Ghana, la Guinée, le Malawi, le Mali, le Niger et le Sénégal ont déjà dépassé cet objectif.

Mais je sais que les ministres des finances que vous êtes s’inquiètent de l’efficacité de ces dépenses supplémentaires. Trop souvent, la majeure partie des dépenses publiques pour l’agriculture a bénéficié à des programmes peu performants. Je citerai par exemple les subventions aux intrants agricoles qui sont mal ciblées mais politiquement avantageuses.

Il existe pourtant de bons investissements publics dans l’agriculture qui peuvent générer des bénéfices à moyen et long terme et une croissance agricole plus forte.

L’Union africaine à travers le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) s’est engagée à améliorer la qualité des programmes d’investissements publics dans l’agriculture. Des études internationales démontrent que les investissements dans la recherche et le développement de technologies agricoles innovantes ont un très bon retour sur investissement. Ainsi, des économies comme la Chine, l’Inde et le Brésil ont investi massivement dans la recherche agricole pendant leurs années de forte croissance.

En Afrique subsaharienne, on estime qu’un investissement initial 100 dollars dans la recherche agricole permettra des bénéfices d’environ 35 dollars sur plusieurs années. C’est un retour sur investissement très élevé.

Autre exemple, une étude récente montre que doubler les dépenses nationales de recherche agricole par rapport à 2005, soit une croissance de 7% par an, aurait un impact supérieur sur la productivité que le fait de multiplier par deux les surfaces irriguées. 

La Banque mondiale soutient fortement l’agriculture en Afrique. Notre région a atteint l’objectif fixé dans son Plan d’action agricole en doublant quasiment ses prêts au secteur depuis la crise alimentaire de 2008. Les prêts sont ainsi passés de 700 millions à 1,36 milliard de dollars au cours de la dernière année fiscale soit près de 40% de l’ensemble des prêts agricoles de la Banque mondiale.

Nous poursuivrons notre soutien en faveur de l’agriculture pour vous aider à améliorer la qualité de vos dépenses publiques dans ce secteur.

En collaboration avec la fondation Gates, nous avons appuyé le PDDAA en menant une évaluation des dépenses publiques agricoles dans un certain nombre de pays.

D’ici fin juin 2014 cette évaluation concernera 18 pays africains.

De plus, notre partenaire l’IFPRI soutien la mise en place de systèmes d’évaluation de la performance qui contribueront à améliorer la qualité et la performance de la dépense publique.

Nous espérons que notre table ronde d’aujourd’hui vous permettra de partager vos expériences d’évaluation des dépenses publiques et de débattre des voies et moyens pour améliorer les politiques publiques agricoles.


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À Washington
Phil Hay
Téléphone : +1-202-473-1796
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