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Madagascar : quelques pistes pour réduire la pauvreté

20 mars 2017


L’activité économique non-agricole dans le monde rural contribuerait à réduire la pauvreté et pourrait être stimulée par de meilleures connections routières et un accès à l’électricité

ANTANANARIVO, 21 mars 2017 – Au cours de ces quinze dernières années, la population de Madagascar a été confrontée à deux crises politiques qui ont ralenti la croissance économique, a subi des désastres climatiques sévères, et a encaissé la hausse mondiale des prix des produits alimentaires. Dans ce contexte, il est peu surprenant qu’en 2012, les Malgaches n’avaient pas vu d’amélioration sensible de leur bien-être : 70,7 pourcent d’entre eux vivaient dans la pauvreté.

Un nouveau rapport Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar : Récentes découvertes analyse les données d’enquêtes de ménages successives réalisées par l’INSTAT (En 2001, 2005, 2010, et 2012) et tente de mettre à jour certaines des dynamiques expliquant ce manque de progrès.

Madagascar fait face à d’innombrables défis dans sa lutte pour réduire la pauvreté : un manque aigu d’infrastructures, chocs climatiques sévères, mauvaises connections en transport, accès limité aux marchés, et dans certains cas, des politiques contre-productives en réponse aux chocs externes. Le rapport souligne que les micro-entreprises ne parviennent pas à augmenter leur productivité et leurs bénéfices à cause de la pauvreté généralisée, de la faible demande pour les biens et services non-agricoles, de la performance de la main d’œuvre, et des difficultés à rembourser des emprunts. Ces entreprises, qui emploient la vaste majorité des travailleurs non-agricoles, ne peuvent donc ni croître, ni générer plus d’emplois, ni augmenter les salaires.

Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :

  • Les personnes les plus pauvres à Madagascar ont subi une diminution conséquente de leur bien-être entre 2005 et 2012, alors même que leur situation s’était améliorée entre 2001 et 2005. Entre 2005 et 2012, la consommation des ménages les plus pauvres a diminué de 3,1 pourcent en moyenne.
  • L’ampleur de la pauvreté à Madagascar est très préoccupante. 30 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et cette part a augmenté depuis 2005, après avoir diminué entre 2001 et 2005.  L’augmentation des revenus nécessaires pour amener plus de 70 % de la population au-dessus du seuil de pauvreté reste énorme. L'augmentation des revenus nécessaires pour sortir 70% de la population de la pauvreté reste énorme.
  • Entre 2001 et 2012, la population a réagi aux fluctuations économiques et aux chocs climatiques en migrant d’abord vers le secteur agricole, et ensuite vers les activités non agricoles en 2012. On observe une nette augmentation d’occupation secondaire dans le secteur des services en 2012. Ces stratégies n’ont pu que partiellement aider les ménages à compenser les chocs car la demande de travailleurs dans les secteurs non-agricoles est restée faible et les opportunités économiques limitées.
  • Un facteur important de la tendance après 2005 a été le déclin de la rentabilité de l’agriculture. Bien qu’ayant accumulé plus d’actifs -- plus d’éducation et de moyens de transport et ayant vécu moins de chocs climatiques— les populations pauvres rurales ont été incapables de compenser entièrement le déclin de la rentabilité de leurs activités agricoles entre 2005 et 2010, notamment à travers l’emploi non-agricole.
  • Les politiques visant à contrer la flambée des prix mondiaux du riz, couplées à la détérioration des conditions de transport, ont induit une réduction du revenu agricole en 2010. Des mesures ont été prises par le gouvernement pour assurer la stabilité du prix du riz. Toutefois, ces mesures n’ont pas permis aux producteurs nationaux de profiter de l’augmentation des prix mondiaux du riz, compte tenu de l’importances des coûts des intrants, et ont conduit à une baisse de leurs bénéfices. Les coûts de transport d’un sac de 50 kg de riz ont augmenté de 42 pourcent et le temps requis pour atteindre un marché urbain a doublé à près de 12 heures.
  • Pour réduire la pauvreté, il est essentiel d’améliorer les connections routières et améliorer l’accès à l’électricité dans les communautés pour stimuler les activités de production non-agricoles. Les distances au marché et l’accès à l’électricité sont d’excellents prédicteurs du bien-être. Dans les zones urbaines, le niveau d’éducation est également un déterminant important. Dans le milieu rural, un prix du riz élevé est aussi lié à un niveau de bien-être supérieur.
  • Les salaires et profits gagnés par les hommes sont significativement plus élevés que ceux par les femmes. Bien que les ménages dirigés par des femmes ne soient pas plus pauvres en moyenne ceux ayant un chef masculin, les hommes gagnaient en moyenne 37 pourcent de plus que les femmes sur le marché du travail en 2012, après avoir pris en compte les effets de l’éducation, l’âge, la région d’origine et les conditions rurales/urbaines. Les ménages dont le chef est masculin avaient donc plus de chance que les ménages dirigés par des femmes de compenser les pertes résultant de désastres climatiques ou de maigres récoltes en étant employés dans le secteur non-agricole.
Contacts médias
À Madagascar
Dia Styvanley
Téléphone : +261 32 05 001 27
dstyvanley@worldbank.org



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