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Podcast28 mai 2025

Le regard des jeunes sur l’emploi et les opportunités en Afrique de l’Ouest et du Centre

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00:00 Introduction

02:23 Aspirations des jeunes et réalités du marché de l'emploi

04:15 Investir dans le capital humain pour libérer le potentiel de la jeunesse

04:53 Quelques projets visant à former les jeunes et à dynamiser les secteurs à fort potentiel

06:46 Soutenir le secteur privé, tout en valorisant l'engagement et l'authenticité

09:58 Conclusion

Dans cette édition spéciale de People First Podcast, nous plongeons au cœur des défis et des opportunités qui façonnent le marché de l'emploi en Afrique de l'Ouest et du Centre.

Nous avons recueilli les témoignages de jeunes de la région, qui partagent leurs visions et aspirations pour un emploi de qualité. Nous explorerons ce que signifie un emploi de qualité pour eux, leurs attentes et leurs propositions pour dynamiser le marché de l'emploi.

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People First Podcast - Saison 3

Rama George: Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans le podcast People First, le podcast qui met en avant les voix de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et du Centre. Je suis Rama George, et je suis ravie de vous retrouver pour une édition spéciale sur l’emploi.

Le saviez-vous ? Dans les dix prochaines années, 1,2 milliard de jeunes entreront sur le marché du travail, prêts à contribuer non seulement à l'économie de leur pays, mais aussi à façonner leur avenir. Cependant, le monde dans lequel ils arriveront n'aura des emplois que pour un tiers d'entre eux.

Générer des opportunités d'emploi de qualité est un levier essentiel pour le développement économique et social d’un pays, et cela joue un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté. C'est encore plus difficile en Afrique de l'Ouest et du Centre où plus de 80 % des emplois sont informels, et des secteurs importants comme les mines, l'énergie et l'agriculture ont du mal à trouver des personnes qualifiées, ce qui oblige les entreprises à faire venir des travailleurs d'autres pays.

Depuis quelques jours, nous avons lancé sur nos réseaux sociaux une campagne pour entendre la voix des jeunes de la région. Nous leur avons proposé de répondre à l’une de ces deux questions : qu’est-ce qu’un bon emploi et quel serait le sésame pour en trouver un ?

Ce podcast est le fruit de leurs contributions. Nous avons soigneusement sélectionné leurs témoignages pour vous offrir un aperçu fidèle de leurs pensées, leurs ambitions et leurs espérances.

Dans ce nouvel épisode, nous vous invitons à explorer ce qui définit un emploi de qualité pour ces jeunes, à comprendre leurs attentes et à découvrir leurs solutions/propositions pour dynamiser le marché de l’emploi.

Chaque année, en Afrique de l'Ouest et du Centre, 6 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail, mais seulement 500 000 nouveaux emplois sont créés. Cependant, tous les jeunes aspirent à trouver un emploi de qualité.

Entre aspirations et réalités, Laetitia Ohin nous partage sa vision de ce qu'elle considère être un emploi de qualité.

Laetitia Ohin : Pour moi, un emploi de qualité ce n’est pas un emploi qui paye de grosses sommes. C’est plutôt un emploi qui t’aide à évoluer aussi bien dans le domaine professionnel que personnel. C’est un emploi dans lequel tu te sens utile, tu te sens valorisé. Mais on ne va quand même pas se mentir : l’aspect financier aussi est très important. C’est un emploi dans lequel tu es épanouie et qui t’apporte une stabilité financière.

Marie-Laurence Mbala rajoute.

Marie-Laurence Mbala : Ce type d'emploi existe bien au Cameroun, mais semble être réservé à un cercle très fermé. La plupart des chercheurs d'emploi sont reversés dans le secteur informel.

Rama George : Aujourd’hui, pour répondre à la demande grandissante, l'Afrique devra créer 1,5 million de nouveaux emplois par mois juste pour suivre le rythme. Ce besoin augmentera à 2,3 millions d'ici 2055. Les économies de la région en créent beaucoup moins, et ces emplois sont souvent mal payés.

Ainsi, selon le rapport de l'Observatoire du Sahel Central publié par la Banque mondiale en février 2025, dans la région du Sahel, la transformation structurelle n'a pas encore eu lieu, ce qui complique la création d'emplois bien rémunérés pour les jeunes. L'emploi est principalement concentré dans l'agriculture, soit environ 70 % de l'emploi total en 2022, mais ne contribuant qu'à environ 30 % du PIB, ce qui souligne sa faible productivité. Le secteur industriel, qui représente environ un quart du PIB, lui n'emploie que 8,5 % de la main-d'œuvre totale.

Pour libérer le potentiel de la jeunesse, il est crucial d’investir dans le capital humain c’est à dire dans une éducation de qualité, la santé, et le développement des compétences, surtout dans le numérique.

Grace Gogbé expose quelques défis que rencontrent les jeunes dans leur recherche d'emploi.

Grace Gogbé : En Afrique, c’est difficile de trouver un emploi décent qui répond à nos besoins, surtout pour les jeunes dus à certaines exigences élevées du marché de l’emploi qui paralyse d’office les candidats. Il est très important que le système éducatif s’imprègne des réalités professionnelles et offrent des formations pratiques et non théoriques aux jeunes. A la sortie de l’école, il serait plus facile pour eux de s’insérer sur le marché de l’emploi.

Rama George : Face à ces enjeux, la Banque mondiale a mis en place plusieurs projets dans la région afin d’aider les jeunes à se former et trouver un emploi conforme aux attentes du marché. On peut citer le Projet RELANCE, au Tchad et en Mauritanie, qui vise à améliorer les systèmes éducatifs, élargir l'accès à une éducation de qualité, et renforcer les opportunités d'emploi pour les jeunes vulnérables.

Dans la même lignée, le programme Azôli (dont le nom signifie « chemin vers l’emploi »), au Bénin, soutient également les jeunes en leur offrant une formation professionnelle, des services de placement et un appui au développement de l’entrepreneuriat.

D'autres pays aspirent à des transformations structurelles significatives. La Côte d'Ivoire, par exemple, via son Plan national de développement 2021-2025, vise à transformer son économie et à améliorer l'accès de ses citoyens à des services essentiels tels que l'eau potable, l'électricité, la santé, la protection sociale et l'emploi.

Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie en Côte d'Ivoire, nous éclaire sur les priorités de ce plan :

Françoise Remarck : Le président de la République dans le Plan National de Développement 2021-2025 a identifié les secteurs prioritaires autour de l'agro-industrie, de la santé, des industries extractives, mais il a aussi identifié les secteurs à potentiel que sont la culture, les industries culturelles et créatives, le tourisme et le numérique. 

Vous savez que l'intelligence artificielle arrive. Le numérique impacte de manière significative ces secteurs-là et donc il faut que nos jeunes soient capables d'intégrer assez rapidement, les nouvelles donnes autour de ces secteurs. D'où l'intérêt d'avoir des formations, des cycles courts et bien sûr des formations qualifiantes.

Rama George : Eh effet, le Groupe de la Banque mondiale considère le tourisme comme l’un des secteurs à fort potentiel. Mais il y a aussi l'énergie, l'agro-industrie, les infrastructures, la santé, et la fabrication.

Prenons un moment pour réfléchir. Les diplômes et les formations sont-ils les seuls facteurs déterminants ?

Pousbila Dianda, directeur de formations continues à l’Institut Panafricain pour le Développement-Afrique de l'ouest Sahel au Burkina Faso intervient :

Pousbila Dianda : Je dirai que même si les diplômes académiques et professionnels constituent une base solide, le véritable sésame pour obtenir un bon emploi en Afrique reste un engagement personnel actif dans les organisations associatives et de volontariat. D’une part, les expériences dans ces organisations offrent une opportunité inestimable pour acquérir des compétences pratiques recherchées par les employeurs. D’autre part, dans un contexte africain où les opportunités d’emploi sont moins utilisées, l’engagement associatif et de volontariat permet de tisser un réseau de contacts professionnels incluant potentiellement des futurs employeurs, ce qui constitue un atout majeur pour accéder aux offres d’emploi à temps et de bénéficier éventuellement de la recommandation de la part de certains collaborateurs.

Oui, favoriser la création d'emploi, c’est soutenir le secteur privé et les organisations, tout en valorisant l'engagement communautaire et le développement personnel.

Roch Diarra : Il faut renforcer les compétences des jeunes mais aussi créer un environnement qui valorise le potentiel local et encourage l’entreprenariat. C’est ainsi qu’on bâtira un avenir plus inclusif pour notre continent.

Diarra a raison de le souligner et le secteur privé joue un rôle crucial dans le développement économique et l'innovation. Un environnement propice à l'entrepreneuriat et à l'investissement peut stimuler la croissance des entreprises existantes et encourager la création de nouvelles entreprises, générant ainsi de nouvelles opportunités d'emploi.

Pensons directement à un facteur déterminant dans ce processus : l'accès à l'électricité ! Le Groupe de la Banque mondiale collabore avec la Banque africaine de développement et d'autres partenaires pour lancer Mission 300, une initiative qui vise à fournir l'électricité à 300 millions de personnes en Afrique subsaharienne d'ici 2030.

Pour illustrer l'importance de l'énergie dans le tissu économique, Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’énergie au Cameroun, explique :

Gaston Eloundou Essomba : Il y a une très forte corrélation entre la disponibilité de l'énergie et la croissance de l'économie, la croissance des richesses et la création des entreprises. Le fait donc de disponibiliser l'énergie permettra une expansion économique, permettra la création des nouvelles entreprises et c'est quand une entreprise est créée. La première conséquence, le premier résultat, c'est la création des emplois.

Comment les jeunes africains envisagent-ils de se démarquer sur le marché du travail ? 

Largaton Fortuné Soro nous livre sa perspective, plaçant l'authenticité au cœur de la réussite :

Largaton Fortuné Soro : Pour moi, le réel sésame pour trouver un bon emploi en Afrique est l’authenticité. C’est dire ce que tu sais, pas ce que tu as lu sur Google. C’est assumer son parcours même s’il est cabossé. C’est montrer que tu as galéré, mais finalement que tu as grandi. Ce n’est pas faire croire qu’on est parfait mais c’est prouver qu’on est réel, fiable et prêt à s’engager dans une aventure avec une entreprise.

Rama George : Ainsi s'achève cet épisode, consacré à la création d’emplois pour les jeunes en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Nous remercions tous celles et ceux qui ont pris le temps de partager leur avis pour aborder les nouvelles dynamiques du marché de l'emploi en Afrique. Il est crucial de dépasser la simple valorisation des diplômes et de se concentrer sur la capacité à apporter des solutions concrètes aux besoins réels.

Je laisse les mots de la fin à Ayi Renaud Dossavi-Alipoeh et Ludivine Ametepe.

Ayi Renaud Dossavi : Trouver un bon emploi en Afrique aujourd'hui, ce n'est plus juste une affaire de diplôme. Le vrai sésame, c'est la capacité à transformer ce que l'on sait, même imparfaitement, en solutions concrètes à un besoin réel. Le marché, largement informel, ne cherche pas que les CV. Il cherche surtout des gens qui savent faire, savent s'adapter, et savent apprendre. Parce que oui, souvent, l'information qu'on a reçue ne colle pas aux réalités du terrain. Alors il faut compléter, se débrouiller, se former autrement, que ce soit sur Internet, ou sur le tas, ou dans la vraie vie. Et surtout, il faut montrer ce qu'on sait faire avec un petit projet, avec un stage, ou une activité utile, se rendre visible et utile. 

Dans l'Afrique d'aujourd'hui, où beaucoup est encore à construire ne cherchons donc pas forcément l'emploi parfait, bien encadré, classique, mais cherchons le besoin, et devenons la réponse.

Ludivine Ametepe : Nous devrions donc accorder plus de crédit au travail dans le sens entreprenariat dans nos pays afin de créer plus d’emploi pour les jeunes. Merci People First.

Au nom de toute l’équipe, je vous remercie de nous avoir suivis et espère que vous avez apprécié ces témoignages. Rejoignez-nous lors de notre prochain épisode pour explorer d'autres solutions innovantes qui contribuent à façonner l'avenir de l'Afrique. 

En attendant, si vous aimez notre podcast, laissez-nous un commentaire et cinq étoiles dans l’appli Apple Podcast ou sur votre plateforme préférée de podcast. Vous avez des propositions de sujets pour nos épisodes à venir ? Nous serions ravis de répondre à vos intérêts et de valoriser votre fidélité. 

Il n’y a plus qu’une chose à faire ! Nous contacter par mail : peoplefirstpodcast@worldbank.org  

A très vite !  

About People First Podcast

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