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Podcast30 janvier 2024

Le pouvoir de l’éducation : Des parcours inspirants

Use the following clickable timestamps to listen to the podcast.

[00:00] Introduction

[01:51] Inadéquation formation-emploi

[02:17] Redonner le goût de l'apprentissage à l'enfant

[02:37] Equiper les écoles des ressources matérielles et humaines

[02:57] Appel à l'action d'Accra pour l'éducation

[03:54] Impact de la stratégie régionale de la Banque mondiale pour l'éducation

[05:24] Centres d'excellence africains et Instituts supérieurs d'enseignement professionnel

[07:12] Développement des compétences pour l'employabilité

[09:52] Système éducatif plus inclusif et innovant

[11:12] Valeur de l'investissement dans le capital humain

[12:08] Conclusion

Rama George : Imaginez un monde où tous les enfants, indépendamment de leur origine ou de leur situation socio-économique, puissent bénéficier d'une éducation de qualité. Dans ce monde idéal, chaque jeune aurait les compétences nécessaires pour réussir tant sur le plan professionnel que personnel.  Oui, je sais ... c’est un objectif ambitieux, voire complètement utopique pour certains, mais absolument essentiel pour assurer un avenir prospère à nos sociétés. 

La réalité est malheureusement différente.

Le saviez-vous ? En Afrique de l'Ouest et du Centre, 80% des enfants de moins de 10 ans sont en situation de pauvreté des apprentissages. Cela signifie qu'ils n'acquièrent pas les compétences et les connaissances nécessaires pour réussir leur scolarité et contribuer à la croissance de leurs pays.

Cet épisode du People First Podcast explore, à travers des temoignages, les parcours inspirants qui transforment l'éducation, les solutions innovantes ainsi que les opportunités qui peuvent permettre aux gouvernements d'améliorer leurs systèmes éducatifs et de créer des emplois durables.

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People First Podcast

Malgré de nombreux progrès réalisés dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, beaucoup de jeunes, soucieux et conscients de leur avenir, considèrent que leur formation ou leurs compétences professionnelles ne répondent pas aux exigences actuelles du marché du travail et aux besoins fondamentaux du XXIème siècle. 

De Ouaga à Nouakchott, plusieurs jeunes femmes partagent leur ressenti envers le système éducatif dans leur pays. Écoutons-les :  

Alexandra au Burkina réfléchit à la situation de l'enfant.

 « ... il faut donner le goût de l’apprentissage à l’apprenant. Par apprenant, je pense principalement à l’enfant. Il faut lui donner l’envie de découvrir les différentes matières en innovant au sein de notre système éducatif, et ce, en utilisant le jeu et la manipulation comme des outils clés. »

Binta, mauritanienne, nous a dit.

 « Il faut créer des systèmes de transport tels que les bus scolaires, doter les écoles de ressources matérielles et humaines nécessaires, sensibiliser les familles sur l’importance des études, surtout les jeunes filles qui sont celles qui abandonnent le plus les études à cause des mariages précoces ou forcés et les devoirs familiaux. »

L’appel est urgent. 

En juin 2022, plus de 40 ministres des Finances et de l’Éducation d’Afrique de l’Ouest et du Centre concluaient une réunion à Accra par un appel à l’action pour faire progresser les réformes dans le secteur de l’éducation et offrir un meilleur accès à une éducation de qualité aux jeunes de la région.

Reconnaissant avant tout leur responsabilité en tant que gouvernements, les ministres ont souligné l’importance d’adapter les priorités de la stratégie régionale de la Banque mondiale pour l’éducation aux contextes spécifiques de chaque pays. Cette stratégie fournit une feuille de route pour ces interventions visant à améliorer les résultats scolaires afin que tous les enfants qui arrivent à l’école, prêts à apprendre, bénéficient d’un apprentissage de qualité, et entrent sur le marché du travail avec les compétences nécessaires pour devenir des citoyens productifs et épanouis. 

Depuis Bangui, Boubakar Lompo, le spécialiste principal en éducation pour la Banque mondiale nous en dit plus. Écoutons-le :     

Boubakar Lompo : Je citerais trois exemples concrets pour la République centrafricaine :

Premièrement, en plus de l’augmentation de l’accès à l’éducation, à travers la construction et la réhabilitation de milliers de salles de classe, les projets financés par la Banque mondiale ont développé et mis en œuvre un programme d’éducation accéléré [EEA], qui permet le retour à l’école des enfants exclus du système. A ce jour, environ 20 000 enfants, incluant 12 000 filles en dehors de l’école, pour majorité des déplacés internes ont trouvé le chemin de l’école.

Deuxièmement, pour remédier à la faiblesse des compétences des enseignants, les projets ont accompagné le développement d’un curriculum harmonisé de formation initiale et continue des enseignants du primaire, qui permet la formation chaque année de près de 10 000 enseignants de l’éducation primaire.

Enfin, sur la base des recherches qui montrent que l’enfant apprend plus aisément dans la langue qu’il maîtrise le mieux, aujourd’hui, la Banque mondiale accompagne la RCA à développer des curricula pour l’introduction de la langue Sango, qui est parlée par presque 95 % des Centrafricains, comme langue d’instruction dans les premières années de l’enseignement primaire afin d’améliorer les apprentissages fondamentaux»

Rama George : Pour le secondaire et le supérieur, la stratégie de la Banque mondiale est d’augmenter le taux d’inscription des filles dans ces établissements, et de faire progresser le nombre d’inscriptions dans les écoles supérieures. Les études en sciences, technologies, ingénierie ou en mathématiques, également connues sous l'acronyme STIM, sont les domaines de prédilection, comme le souligne le projet des Centres d’excellence africains. En effet, 52 000 étudiants – dont 35 % de femmes – ont intégré un Centre d’excellence dans la région.

Maintenant, faisons un petit détour à Thiès, au Sénégal, où un nouveau type d’établissement, les Instituts supérieurs d’enseignement professionnelles (ISEP) ont pour vocation d’offrir des programmes courts, niveau Bac+2.  

Le directeur de l’institut, le Professeur Mouhamed Fadel NIANG, nous donne plus de détails :

Professeur Mouhamed Fadel NIANG : « Les ISEP au Sénégal ont été créés il y a une dizaine d’années, en partant du constat qu’une fois que le jeune a son baccalauréat, il suivait des formations plutôt généralistes. Et il y avait un décalage entre la formation et l’adéquation formation-emploi. C’est la raison pour laquelle le gouvernement du Sénégal a pris la décision de créer au niveau supérieur, des formations professionnelles au niveau premier cycle pour former des techniciens supérieurs dans différents domaines. Thiès est le premier ISEP créé avec le concours de la Banque mondiale. »

Et avec cela, de bons résultats. 

Parmi une vingtaine d’apprenants, Soda Mbaye, ancienne étudiante, troisième promotion de cette école, a été recrutée comme assistante relation extérieures, partenariat et appui au placement des apprenants.

Soda Mbaye : On voyait nos grands frères et nos grandes sœurs être à l’université et pourtant faire cinq ans, six ans, sept ans, sortir et ne pas trouver de boulot. Même un stage c’est tout un problème. Donc, on s’est dit, pourquoi pas, tenter l’ISEP. Parce-que nous, lorsqu’on a vu la première promotion…. Tac, ils sortent et arrivent à s’insérer… »

Rama George : Et tac !  Grâce à cette formation, elle a trouvé un emploi. 

En revanche, comment faire lorsque notre situation financière ne nous permet pas de continuer nos études et qu’il faut aider sa famille à joindre les deux bouts ? 

A Brazzaville, la vie du jeune Nzingoula Delaunay, 31 ans, a basculé en très peu de temps. Grâce au projet de développement des compétences pour l'employabilité (PDCE) pour les jeunes déscolarisés et vulnérables, ce jeune homme qui souhaitait devenir électricien, a pu suivre une formation en aviculture et acquérir les compétences nécessaires pour développer sa propre activité. 

Aujourd’hui, nous rencontrons un homme passionné qui allie ses compétences en électricité et sa formation avicole pour développer son entreprise. Il est autonome, diversifie ses activités, forme et partage son savoir-faire avec une cinquantaine de personnes.

Nzingoula Delaunay : réussir ça veut dire que c’est quelqu’un qui a une bonne vie. Tu peux te soigner, tu as de l’argent, tu peux te déplacer, tu dors quand même...tu peux te prendre en fait en charge. Être un peu autonome, ou libre. »  

Rama George : Issu d’une famille de sept enfants, ses frères et sœurs ont pu continuer leurs études universitaires. Pour lui, cela s'est passé différemment. Une fois arrivé au niveau du brevet d’études techniques au collège, Il a dû abandonner ses études faute de moyens financiers. Son apprentissage s’est fait sur le terrain. Il nous raconte son parcours.

Nzingoula Delaunay : J’ai dit aux parents, bon, je veux commencer. Je veux recommencer mes études. Mais, il y avait les amis de mon père, ils étaient des électriciens, c’étaient des retraités, avec quand même un certain niveau. J’ai dit bon, ce qu’on veut tous dans la vie, c’est réussir. 

Rama George : Et maintenant, direction le Cap Vert où Patricia Monteiro, jeune esthéticienne de 29 ans, a reçu une bourse pour reprendre ses études. 

Comme elle, plus de 2 000 jeunes entre 18 et 30 ans ont pu bénéficier du projet d’amélioration de l’éducation et du développement des compétences. Ils ont reçu des bourses et des subventions scolaires pour les aider à trouver un emploi.  Ce projet a contribué à la baisse du taux de chômage dans le pays, surtout en zone rurale. 

[Du Portugais] La formation que j’ai reçue m’a beaucoup aidé et m’a donnée la confiance et le courage d’ouvrir mon propre salon de beauté. Cela m’a permis d’avoir plus de revenus et par conséquent de mieux profiter de mes enfants, notamment en termes de scolarisation et de bien-être.  

Rama George : Ce projet a atteint son objectif avec un taux d’employabilité de 70 % et a promu l'égalité des genres avec 54 % de femmes bénéficiaires. Ces taux sont en accord avec le plan de développement stratégique du Cap Vert.  

Afin de relever tous ces défis, le système éducatif doit se transformer : il doit être plus pertinent, plus inclusif, plus innovant et plus adapté aux besoins et aux aspirations de la jeunesse africaine. Ces jeunes ont un énorme potentiel et sont prêts à les affronter, comme le démontrent ces lycéens.   

Classe de Slam : « Qu’est-ce qui fait du slam un puissant moyen ? C’est le fait qu’on le rend performant quand je dis par exemple… »

Rama George :  Nous voici en Guinée, à Conakry, dans une classe de slam. Les élèves apprennent à être créatifs et à avoir confiance en eux à travers la lecture et l’écriture :  des atouts nécessaires à l’épanouissement personnel et académique.   

Moi c’est Yombounou Paul Soro, je suis prof de slam, formateur et artiste slameur. Ça fait huit ans que je fais du slam. Aujourd’hui c’est une forme d’expression, en plus d’un moyen de sensibilisation, un moyen par lequel on peut s’exprimer sur tout, et toucher des personnes à travers toute l’émotion, toute l’énergie. Ce qui me rend fier  c’est de voir toutes ces personnes que j’ai formées d’ailleurs, aujourd’hui devenir des icônes du slam. »

Et ses élèves partagent avec nous leur fierté de slamer :

«… j’ai choisi de faire slam pour ma passion pour les mots ; 

ce qui m’a motivée de plus parce que j’aime partager les expériences ;

je me suis donc dit que c’est un moyen puissant par lequel je peux passer, afin d’être la voix des sans voix. »

Rama George : L’espoir est là. En favorisant l’accès à une éducation de qualité, l'homme, la communauté et l’ensemble de la société peuvent se transformer grâce au capital humain. La valeur de cet investissement est incontestable parce qu’elle réduit les inégalités entre les femmes et les hommes, améliore le développement économique, favorise la paix et sort les individus de la pauvreté.

Il est temps de se quitter... Terminons avec ce message inspirant et encourageant qui résume tout.

« Si on juge un poisson par sa capacité à grimper un arbre, on trouvera qu’il n’est pas compétent. Il faut prendre en compte la pluridisciplinarité, la singularité, le talent de tout un chacun. Et du coup, selon moi, si on réussit à les conjuguer, on aura non seulement une éducation de qualité, mais on pourra également former une future génération d’Africains qui est consciente de ses talents, qui est confiante à les utiliser au quotidien, et qui est actrice de son destin et de son développement. »  

Rama George : C’est la fin de cet épisode. Au nom de toute l’équipe, nous vous remercions de nous avoir suivis. 

Au micro : Rama George

Pour nous écrire, une seule adresse, peoplefirstpodcast@worldbank.org ou tout simplement pfp@worldbank.org  

A très bientôt pour le prochain numéro ! En attendant, prenez soin de vous et à très vite ! 

***

À propos du People First Podcast :

People First Podcast vient apporter un éclairage humain et concret sur les thématiques de développement spécifiques aux habitants d'Afrique de l'Ouest et du centre, et sur la contribution de la  Banque mondiale. People First Podcast, pour un développement durable et inclusif !

À propos du Groupe de la Banque mondiale :

Le Groupe de la Banque mondiale est l'une des plus importantes sources de financement et de connaissances au monde pour les pays à faible revenu. Ses cinq institutions partagent l'engagement de réduire la pauvreté, d'accroître la prospérité partagée et de promouvoir le développement durable.