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TRIBUNE 04 juillet 2022

Face aux récentes crises, la communauté internationale sera-t-elle aux côtés de l’Afrique ?

Ces derniers temps, il semble qu’une crise chasse l’autre : pandémie de COVID-19, conflits, climat, dette, et la liste s’allonge. La dernière en date, la crise alimentaire mondiale, atteint des proportions inquiétantes. Plus de 282 millions de personnes à travers l’Afrique se trouvent en situation d’insécurité alimentaire, et ce nombre va grandissant.

L’un des pires effets est que ces crises encouragent la tendance des pays à se replier sur eux pour défendre leurs propres intérêts – alors qu’il leur faudrait justement manifester davantage de solidarité. C’est particulièrement le cas en Afrique, une région souvent affectée par des crises exogènes, mais dont la population finit par subir les conséquences.

Il apparaît donc nécessaire de déployer une réponse efficace à ces crises– c’est-à-dire une réponse qui ne se limite pas à leurs impacts immédiats mais qui appuie un programme de développement sur le long terme.  Le monde semble avoir parfois perdu de vue les objectifs d’élimination de l’extrême pauvreté, d’éducation de tous les enfants à travers le monde ou encore d’accès universel aux services de santé — tels qu’ils se retrouvent dans les Objectifs de développement durable. Ces ODD existent bien en théorie, mais ne se retrouvent pas dans la pratique.

L’heure n’est pas à une diminution des engagements mais à un redoublement des efforts pour mettre en œuvre les partenariats qui feront la différence. Il est temps d’apporter un réel changement dans la vie des familles afin que les parents puissent envoyer leurs enfants à l’école, que les mères et leur bébé aient accès aux soins postnatals et que les jeunes générations aient l’opportunité d’obtenir un emploi et de concrétiser leurs rêves.

Pour y parvenir, il est indispensable de disposer des ressources et du capital humain qui permettront d’entraîner une dynamique de réussite en Afrique.

Pour les dirigeants africains, le défi est double : il faut d’abord répondre aux crises, sans pour autant perdre de vue les besoins à long terme, afin d’assurer le développement de leurs pays et du continent.

La disponibilité des ressources financières constitue un défi supplémentaire pour les responsables régionaux : alors que les pays de l’OCDE ont accès à d’importantes ressources financières, la situation est bien plus difficile en Afrique. Nous avons pu le constater lors de la pandémie de COVID-19 face à laquelle les pays riches ont pu dépenser cinq fois plus dans les plans de relance que les gouvernements africains.

Dans ce contexte, le défi pour la communauté internationale revient donc à déterminer comment aider au mieux l’Afrique dans ces circonstances délicates, en offrant de vrais changements, un vrai partenariat, et un vrai financement.

Le groupe de la Banque mondiale se tient prêt à l’action. Cette semaine, je suis à Dakar pour rencontrer plus d’une douzaine de chefs d’État venus de toute la région, à l’occasion du lancement de notre récent programme triennal global, d’un montant de 93 milliards de dollars. Les deux tiers de cette enveloppe seront consacrés au programme de développement de l’Afrique, financé par l’intermédiaire de l’Association internationale de développement (IDA).

L’IDA est la principale source de financements concessionnels au monde, notamment par l’intermédiaire de dons accordés aux pays à faible revenu, pour les aider à saisir les opportunités en matière de réduction de la pauvreté et pour stimuler une croissance inclusive.

Cette récente reconstitution des ressources de l’IDA nous permettra d’accroître encore notre appui à l’Afrique dans les années à venir. L’Afrique est devenue la principale région bénéficiaire des ressources de l’IDA — avec un programme annuel multiplié par dix, passant d’environ 3 milliards de dollars en 2000 à plus de 30 milliards de dollars actuellement. Grâce à ce soutien et à notre présence croissante à travers la région, nous collaborons main dans la main avec les gouvernements, le secteur privé et la société civile afin de mettre en œuvre l’ambitieux programme de développement du continent.

Les dirigeants africains ont formulé, par l’intermédiaire de l’Union africaine, des objectifs clairs, allant de l’accès à l’électricité à la numérisation, en passant par l’éducation. Nous sommes déterminés à aider l’Afrique à transformer ses ambitions en programmes forts qui permettront, dans des délais restreints, d’améliorer la vie des habitants et de transformer le continent.

Les nombreux échanges autour des possibilités infinies du continent africain me donnent confiance. Sa population est jeune, pleine d’énergie et de dynamisme. Un nouvel accord de libre-échange promet d’apporter des gains formidables et les dirigeants africains recherchent leurs propres solutions.

Le fort potentiel de l’IDA, en tant que fonds dédié au développement, me donne également confiance. L’IDA a bénéficié du soutien renouvelé des partenaires internationaux et a été sollicité par les pays qui en avaient besoin. J’espère que cette semaine de dialogue sera l’occasion pour nous de définir des programmes concrets et ambitieux afin d’optimiser l’utilisation des fonds de l’IDA pour aider les pays à l’heure où ils doivent faire face à des crises multiples et concomitantes. Je souhaite aussi que cette réunion permette de lancer des politiques, des investissements et des innovations qui stimuleront une relance robuste, une croissance durable, et une prospérité partagée par tous en Afrique.

Cette tribune a été initialement publiée en Anglais par The Africa Report

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