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TRIBUNE 27 juin 2022

La jeunesse africaine mérite de meilleurs systèmes éducatifs

Les deux années de pandémie de COVID-19 sont venues exacerber la crise de l’éducation que connaît l’Afrique de l’Ouest et centrale. La pandémie a entravé les efforts visant à faire augmenter les taux d’inscription : ainsi, plus de 101 millions d’enfants n’ont pas pu être scolarisés et peu d’entre eux avaient accès à un enseignement à distance. Alors que les pays relancent leurs économies, il est urgent de passer à l’action pour assurer l’avenir de nos enfants. Et nous appelons à une mobilisation de l’ensemble de nos sociétés pour investir dans l’amélioration de nos systèmes éducatifs.

Les dirigeants régionaux ont conscience de l’importance primordiale d’éduquer les jeunes filles et garçons, et d’importants efforts ont été déployés à cet égard. Aujourd’hui le taux moyen d’inscription au primaire dans la région est proche des 90 %, une augmentation substantielle par rapport aux années 1990 lorsque ce chiffre ne dépassait pas 50 %. De même, les inscriptions dans le secondaire ont plus que doublé au cours de la dernière décennie.

Cependant la population d’Afrique de l’Ouest et centrale devrait doubler au cours des 30 prochaines années et il reste d’importants défis à régler. Plus de 32 millions d’enfants sont encore déscolarisés dans la région. Et ceux qui sont scolarisés, n’acquièrent pas toujours les connaissances et compétences nécessaires. Actuellement, 80 % des enfants âgés de 10 ans sont dans l’incapacité de lire et de comprendre un texte simple, et l’offre pour développer des compétences formelles reste limitée.

Pour inverser cette tendance, il est urgent de passer à l’action et de mettre en œuvre des réformes dans le secteur de l’éducation pour donner accès à nos enfants à une éducation de qualité. Pour y parvenir, il est nécessaire de faire preuve d’une volonté politique forte, d’améliorer la mise en œuvre et d’investir davantage dans des interventions à fort impact, notamment à travers une approche impliquant le gouvernement et la société dans son ensemble.

Un leadership solide est essentiel pour faire avancer les réformes et développer l’innovation

Le changement nécessaire ne pourra se concrétiser sans un élan politique régional soutenu. Nous sommes convaincus que notre appel fera écho à la déclaration de Nouakchott lancée par les chefs d’État à l’occasion du sommet sur l’éducation au Sahel de décembre 2021. Les pays de la région doivent poursuivre et accroître leurs investissements dans le secteur de l’éducation. Cependant, les gouvernements à eux seuls ne parviendrons pas à combler le déficit de financement nécessaire pour répondre à la demande massive et croissante.

De nombreux projets ont déjà démontré que d’impressionnants résultats pouvaient être atteints lorsque le leadership et la volonté politique accompagnaient un niveau de financement suffisant. La politique de gratuité de l’enseignement secondaire supérieur introduite par le Ghana en 2017 est un bon exemple d’initiative garantissant l’accès à une éducation de qualité pour tous. De même, la Sierra Leone a introduit en 2018 une initiative en faveur de la gratuité de l’éducation pour offrir à tous les enfants un accès gratuit à des écoles approuvées par le gouvernement. Au Mali le PRODEC 2, un programme décennal de développement de l’éducation, adopte une approche globale afin d’améliorer le système scolaire, malgré les fermetures causées par les conflits et l’insécurité, entre autres. Dans l’État d’Edo, au Nigéria, le gouvernement met actuellement en œuvre une approche globale utilisant les technologies de l’éducation et des modèles de cours afin d’améliorer l’enseignement et les résultats en matière d’apprentissage.

La région a beaucoup à apprendre de ses propres expériences

Les nations d’Afrique de l’Ouest et centrale ont prouvé à maintes reprises qu’elles étaient capables d’apprendre de leurs expériences.

Pour obtenir des résultats d’envergure, nous nous engageons à atteindre des cibles ambitieuses pour aider 30 millions d’enfants à apprendre à lire d’ici 2030 ; garantir que 12,5 millions d’adolescentes supplémentaires soient scolarisées d’ici 2030 ; former 3,7 millions de jeunes adultes supplémentaires aux compétences de base d’ici 2025 ; et permettre qu’un million de jeunes supplémentaires disposent des compétences numériques nécessaires d’ici 2025, ce qui devrait permettre à 60 % d’entre eux d’obtenir un meilleur emploi.

Nombre de projets ambitieux visent déjà à atteindre ces cibles. Au Nigéria, par exemple, le projet BESDA (en anglais, offrir une éducation meilleure pour tous) aide à intégrer les enfants inscrits dans des écoles religieuses au sein d’écoles publiques qui suivent les programmes officiels. Au Sénégal, le projet Read@Home – Investir dans la petite enfance pour le développement humain améliore la nutrition infantile et les activités d’éveil, renforçant ainsi l’enseignement et l’apprentissage. Par ailleurs, à travers 12 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, le projet ACE déploie un réseau de centres d’excellence africains, pour répondre aux importants besoins et aux problèmes d’inadéquation en matière de compétences en formant les étudiants de troisième cycle. Ce projet soutient également le développement des capacités de recherche et la collaboration régionale dans les domaines des sciences, technologies, ingénierie, et mathématiques (STIM), ainsi que dans la santé et l’agriculture.

Améliorer la coordination et un processus décisionnel inclusif

S’il est urgent de mobiliser davantage de financements, la réforme nécessaire des systèmes éducatifs ne pourra être atteinte sans une approche concertée au niveau national et sans l’implication de toutes les parties prenantes. Dans de nombreux pays de la région, des efforts supplémentaires doivent être déployés pour optimiser la gouvernance des systèmes éducatifs en développant la cohésion, la coopération, et la coordination.

Tout en reconnaissant la diversité de nos sociétés, langues et pratiques éducatives, nous devons aussi garantir que nos projets soient développés de façon inclusive. Toutes les parties prenantes doivent s’investir dans un dialogue de haut niveau visant à développer un langage commun pour définir dans la cohérence les objectifs à atteindre.

La vitalité et l’esprit d’innovation de notre jeunesse sont nos meilleurs atouts, porteurs de grands espoirs pour notre région. Il nous appartient de tirer parti du dividende démographique, et cela ne sera possible que si notre jeunesse dispose des compétences et des connaissances nécessaires pour développer son plein potentiel et garantir la justice et la mobilité sociale pour toutes et tous. La jeunesse africaine mérite de meilleures opportunités en matière d’éducation. Leur intérêt doit être notre priorité. Alors seulement, la région pourra connaître une transformation solide.

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