ARTICLE19 août 2025

Protéger les femmes de RDC contre le cancer du col de l’utérus

The World Bank

« Stop au cancer du col de l’utérus ! »

À Kinshasa, lors d’une marche contre le cancer du col de l’utérus, un groupe de lycéennes s’est joint spontanément aux représentants du gouvernement et a descendu le boulevard du 30 juin en scandant ce slogan. Certaines d’entre elles avaient remporté un concours de création de flyers sur le cancer du col parrainé par la Fondation Gates, et venaient de se voir décerner leur prix : une année de frais de scolarité.

Les jeunes filles avaient beaucoup de questions à poser, mais elles voulaient surtout savoir où elles pouvaient se faire vacciner contre le papillomavirus humain (HPV), cause principale du cancer du col de l’utérus.

La bonne nouvelle, c’est que leur pays, la République démocratique du Congo (RDC), a des réponses à leur apporter. En novembre 2024, un Forum national pour l’élimination du cancer du col de l’utérus s’est tenu à Kinshasa, rassemblant de multiples parties prenantes. À cette occasion, une stratégie nationale de lutte contre les cancers du col de l’utérus et du sein pour la période 2024-2029 a été réactualisée et elle a été validée par le directeur régional de l’OMS pour la Région Afrique et le ministre de la Santé. La généralisation du vaccin contre le papillomavirus pour les filles âgées de 9 à 14 ans est au cœur de cette stratégie.

La Banque mondiale apporte un soutien global afin d’aider les pays à lutter contre le papillomavirus et à éliminer le cancer du col de l’utérus. Grâce au projet pour la préparation, la riposte et la résilience aux urgences sanitaires (a), le gouvernement sera en mesure de tirer parti d’investissements antérieurs et de déployer le dépistage du cancer du col de l’utérus dans les provinces de la Tshopo, du Haut-Katanga, de Kwilu, du Kongo Central et de Kinshasa.

Aujourd’hui, je continue à me battre pour sensibiliser les gens et leur expliquer que personne n’est à l’abri du cancer. Je veux que toutes les femmes, toutes les jeunes filles comprennent l’importance du dépistage et de la prévention. J’espère vivement que les autorités mettront en œuvre des programmes qui faciliteront l’accès aux services de santé. À toutes celles qui traversent cette épreuve, sachez que la force est en vous. Gardez l’espoir et n’hésitez pas à demander de l’aide. Ensemble, nous pouvons surmonter cette maladie et sauver des vies.
Une survivante du cancer du col de l’utérus

La vaccination contre le HPV en RDC

Pourquoi cette initiative est-elle si importante pour les jeunes filles de RDC ? Selon les estimations, un cancer du col de l’utérus est diagnostiqué chez 7 700 femmes chaque année et plus de 70 % d’entre elles meurent de cette maladie qui pourrait être évitée. En RDC, les décès liés à ce cancer sont souvent consécutifs à des insuffisances de dépistage et de traitement.

Suivant la recommandation du Groupe technique consultatif national sur la vaccination (GTCV), à partir de 2026, la RDC proposera le vaccin quadrivalent (Gardasil®) à toutes les filles âgées de 9 à 14 ans. Une dose unique de Gardasil protège contre les types de HPV 6, 11, 16 et 18, qui sont responsables d’environ 70 % des cas de cancer du col de l’utérus.

Encourager le dialogue politique en faveur de la vaccination contre le HPV

La Fondation Gates a apporté un financement destiné à soutenir le dialogue politique sur l’introduction du vaccin contre l’infection au papillomavirus. Ces fonds ont permis à la RDC d’organiser plusieurs réunions multisectorielles impliquant les ministères de la Santé publique, de la Prévention et de la Protection sociale, de l’Éducation nationale, du Genre et de la Jeunesse, ainsi que le Comité national pour la couverture sanitaire universelle, afin de discuter du déploiement des vaccins et d’élaborer une feuille de route pour la mise en place du dépistage et du traitement du cancer du col de l’utérus.

En outre, avec le soutien de la Fondation, une enquête sur les connaissances, les comportements et les pratiques a été menée par la Banque mondiale, l’OMS et l’université de Lubumbashi auprès de jeunes filles et de leurs parents des provinces de Kinshasa et du Haut-Katanga afin de connaître leurs perceptions sur le vaccin contre le papillomavirus et le cancer du col de l’utérus.

Un tiers des personnes interrogées ont déclaré ne pas ressentir le besoin d’être vaccinées. Cette proportion était deux fois plus élevée chez les filles âgées de 17 à 20 ans (45,7 %) que chez les parents de celles âgées de 9 à 17 ans (24,5 %). Les raisons diffèrent entre les parents et les filles. Ces dernières se sentent peu concernées par le cancer du col de l’utérus et disposent de moins d’informations. Pour les parents, le manque de disponibilité ou d’organisation de la vaccination dans les établissements de santé était les principales explications de leurs réponses. Il a par ailleurs été constaté que moins de 10 % des participantes avaient effectué un dépistage du cancer du col de l’utérus.

L’une des personnes interrogées a ainsi déclaré : « Le meilleur moyen de protéger nos enfants de cette maladie est de les vacciner, si des vaccins existent, parce que nous savons qu’ils protègent les gens et évitent d’attraper différentes maladies, mais je ne sais pas si un tel vaccin est déjà possible dans notre communauté. »

L’enquête fournit aussi des informations importantes à l’heure où les pouvoirs publics cherchent à étendre l’an prochain l’accès au vaccin contre le HPV, de même qu’au dépistage du cancer du col. Comprendre les doutes est donc essentiel pour toucher davantage de filles et de femmes.

Le modèle HPV Plus de Zanzibar : un plan pour la santé adolescente en Afrique

En juin 2025, des délégués de pays d’Afrique de l’Est et australe se sont rendus à Zanzibar. Il ne s’agissait pas seulement d’analyser des données, mais d’en apprendre davantage sur une initiative couronnée de succès. L’île, qui fait figure de centre d’excellence pour la couverture sanitaire universelle, présentait son modèle révolutionnaire HPV Plus (a), un programme qui a revisité la prestation de services de santé aux adolescentes et accru la couverture vaccinale contre le papillomavirus.

D’abord expérimenté en Tanzanie continentale et déployé à Zanzibar en 2023, le programme est piloté par le ministère de la Santé en partenariat avec le ministère de l’Éducation. Il ne se contente pas d’administrer le vaccin contre le papillomavirus, mais l’intègre dans tout un ensemble de services destinés aux adolescentes, allant de l’éducation à la santé sexuelle et reproductive à la nutrition et même aux soins ophtalmologiques. Cette approche globale garantit que chaque contact avec les jeunes est l’occasion de répondre à leurs divers besoins. Et les résultats sont spectaculaires : en un an seulement, HPV Plus a été déployé dans plus de 800 écoles et 183 centres de santé, avec le soutien des chefs de communauté (les shehas), qui ont veillé à ce que même les filles non scolarisées ne soient pas oubliées. De ce fait, la couverture vaccinale contre le papillomavirus est passée de 14 % en 2023 à 85 % en 2024, établissant une nouvelle référence pour la santé intégrée des adolescentes dans la région.


Auteurs de l’article : Linda Mobula, Abel Ntambue, Alice Ndoko, Hellen Lutta

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