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ARTICLE02 juin 2025

Verdir le Sud de Madagascar : comment les communautés unissent leurs forces contre la sécheresse

The World Bank

Ralahy Fidèle posant fièrement devant une pépinière dont il est le gardien et chef d'équipe, Iritsoka, Betroka, Atsimo-Andrefana, Madagascar, 2025

Photo : Hasimbola Andriamady/Cabinet Harson

« Je veux que ma région redevienne verte. Je ne veux pas que mes enfants, ni ceux des générations à venir, subissent les mêmes souffrances que nous à cause des sécheresses », affirme Ralahy Fidèle, habitant d’Iritsoka, un village du district de Betroka, dans la région d’Atsimo-Andrefana, au sud de Madagascar. Cette région, l’une des trois qui forment le Grand Sud malgache, est connue pour la beauté de ses paysages, mais aussi pour ses dures réalités.

La vie dans le sud de Madagascar est extrêmement difficile. Plus de 90 % des habitants vivent dans la pauvreté et dépendent de l’agriculture et de la pêche pour survivre. Mais ces moyens de subsistance sont menacés par le changement climatique. La région subit des sécheresses à répétition, des pénuries d’eau, et des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes. Quand la pluie revient après une longue sécheresse, elle est souvent trop violente, provoquant des inondations dévastatrices, comme celles survenues il y a quelques mois à peine. Les vents du sud, appelés Tiokatimo, sont devenus plus fréquents et plus puissants. Ils soulèvent le sable rouge, recouvrant les champs, les maisons et les routes. Avec la progression de la désertification, les dunes de sable envahissent les villages. Il devient de plus en plus difficile pour les familles de cultiver, de se nourrir, ou même de rester sur leurs terres.

Ces 20 dernières années, le sud de Madagascar a connu cinq grandes sécheresses. La plus récente, en 2021, a été particulièrement dévastatrice. La destruction progressive des écosystèmes naturels a aggravé les effets du changement climatique et rendu les communautés encore plus vulnérables. Aujourd’hui, miser sur la nature pour s’adapter, en construisant des infrastructures vertes, comme des forêts restaurées ou des zones humides protégées, n’est plus un choix, c’est une urgence. C’est indispensable pour permettre aux populations de continuer à vivre de leurs terres. Renforcer la résilience, c’est sauver des vies et offrir une voie de sortie à celles et ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté.
Laza Rakotondrasoa
Spécialiste de la gestion des ressources naturelles à la Banque mondiale à Madagascar.

Pour répondre à la crise dans le sud de Madagascar, le gouvernement malgache, avec le soutien de la Banque mondiale, a lancé en 2020 le projet d'Appui aux moyens de subsistance résilients au sud de Madagascar, ou MIONJO. C’est une initiative multisectorielle de grande envergure qui vise à renforcer la résilience des populations dans les régions d’Atsimo-Andrefana, Androy et Anosy. Le projet touche aujourd’hui environ 1,4 million de personnes dans 235 communes rurales.

Au cœur du projet MIONJO se trouve la restauration de l’environnement : protéger les terres agricoles, renforcer les écosystèmes, freiner la désertification et améliorer la vie quotidienne. En collaboration avec des partenaires locaux et internationaux comme Tany Meva et Catholic Relief Services, le projet met en œuvre des actions concrètes telles que la stabilisation des dunes de sable avec du sisal et des plantes grimpantes, la plantation de brise-vent, la promotion de l'agroforesterie et du reboisement et la création de pépinières avec des espèces résistantes à la sécheresse.

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Vue aérienne des efforts de stabilisation des dunes pour lutter contre la désertification dans le sud de Madagascar, commune d'Ambazoa, district d'Ambovombe, Androy, 2025. Photo: Tsiky Andrianatoandro/Cabinet Harson

À ce jour, plus de 1 500 hectares de dunes ont été stabilisés, 330 hectares reboisés et 24 pépinières installées, produisant des milliers de semis pour redonner vie aux terres.

Nasta, une jeune mère célibataire, travaille dans l'une de ces pépinières. Chaque jour, elle arrose et soigne les jeunes plants. « Je vois les effets de la déforestation. C'est pourquoi j'ai choisi d'agir, pour redonner vie à nos forêts. Ce travail m'a aussi permis de gagner un revenu, d’élever mon enfant, d’acheter du bétail et de payer mes études », dit-elle fièrement.

Non loin de là, Ralahy Fidèle a offert 5 000 m² de sa propre terre pour installer une pépinière. Il dirige aujourd'hui une équipe de villageois, les formant à la plantation et à la restauration des terres. « Je veux que notre environnement revive, comme avant », affirme-t-il.

Les pépinières et le reboisement sont essentiels pour restaurer les paysages dégradés du sud de Madagascar. Nasta et Ralahy l'ont bien compris. À travers leur engagement, ils montrent que la résilience passe par l’action collective, et appellent les autres à se joindre à un effort à long terme pour redonner vie au paysage du sud.

« Ce n'est pas un travail qui se fait en quelques mois », explique Ralahy. « C’est un engagement sur le long terme. Nous mettons nos compétences, nos ressources et notre énergie au service de la terre. Nous la restaurons, nous la protégeons, car c’est l’avenir de nos enfants et de notre région qui est en jeu. »

Grâce à un nouveau financement, les structures locales seront renforcées. Les communautés pourront entretenir durablement les pépinières, gérer les brise-vent et surveiller les zones restaurées. Ces efforts permettent non seulement de préserver les moyens de subsistance, mais aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de stocker du carbone, contribuant ainsi à la lutte mondiale contre le changement climatique.

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Nasta et l'une de ses collègues s'occupent des plantes dans la pépinière où elles travaillent, Iritsoka, Betroka, Atsimo-Andrefana, Madagascar, 2025. Photo: Hasimbola Andriamady/Cabinet Harson

Le projet MIONJO, dédié à la restauration de l’environnement dans le sud de Madagascar, porte un message clair : protéger la nature, c’est protéger la vie. En restaurant la nature, en soutenant les plus vulnérables et en renforçant les communautés, le sud de Madagascar trace la voie vers un avenir plus vert, plus fort et porteur d’espoir.

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