En ce début de rentrée scolaire, Yassifette, jeune mère de 17 ans, se joint aux autres élèves du collège de Bambari, chef-lieu de la préfecture de la Ouaka, pour vérifier que son nom figure bien sur la liste des inscrits. « En 2023, j’ai été obligée de rejoindre le père de ma fille après que la grossesse s’est présentée. Je ne pouvais plus continuer les cours, faute de soutien financier », explique-t-elle, sa fille dans les bras. Aujourd’hui, elle retrouve le chemin de l’école.
En République Centrafricaine, plus de 30 %1 des filles abandonnent l’école primaire en raison de la précarité financière de leur foyer ou de grossesses précoces. Cette situation est encore plus marquée dans les zones rurales, où 40 % des filles se retrouvent hors du système scolaire, ce qui entraîne des conséquences dramatiques sur le taux d’analphabétisme.
Pour remédier à cette tendance, le Projet pour le capital humain et l’autonomisation des femmes et des filles, financé par la Banque mondiale, se concentre sur l’accès à la santé, à l’éducation et aux opportunités d’emploi. Baptisé « Maïngo », qui signifie « développement » en sango, la langue nationale, le projet propose des bourses aux jeunes filles pour les inciter à poursuivre leur scolarité au moins jusqu'à la fin du cycle secondaire. Après une année de mise en œuvre au collège d’enseignement secondaire de Bambari, le projet commence à porter ses fruits.
Les filles, souvent en marge du système éducatif
Les taux de scolarisation présentent une forte inégalité entre filles et garçons. C’est notamment le cas au lycée de Bambari, ville à 385 kilomètres de Bangui, la capitale. Sur 1 340 filles inscrites en début d’année scolaire 2022-2023, 47 % ont abandonné en cours d’année scolaire.
Une tendance qui s’explique par le manque de ressources financières des foyers. Avec une très forte majorité de cultivateurs à faible revenu dans la région, les habitants n’ont pas les moyens nécessaires pour financer les études de tous leurs enfants.
« Les parents privilégient généralement la scolarité des garçons en leur affectant le peu de ressources disponibles au détriment des filles. Donc, celles-ci arrêtent souvent tôt les études ou sont carrément retirées des écoles », explique Abel Matchipata, maire de la ville.