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ARTICLE30 mai 2025

Favoriser la scolarisation des filles en République Centrafricaine, un enjeu de taille

The World Bank

Elvine Mamadou, secrétaire de l’Association des mères éducatrices de Bambari et directrice de l’école de Maidou. Crédit : Crispin Dembassa-Kette / Banque mondiale.

LES POINTS MARQUANTS

  • En République Centrafricaine, plus de 30 % des filles abandonnent l’école primaire en raison de la précarité financière de leur foyer ou de grossesses précoces. Cette situation est encore plus marquée dans les zones rurales.
  • Pour y remédier, le Projet de capital humain et autonomisation des femmes et des filles met en place des bourses ainsi que des crèches scolaires pour inciter les jeunes filles à poursuivre leur scolarité.
  • L’implication des mères, par le biais d’associations dédiées, joue un rôle clé dans l’identification des bénéficiaires et le succès de ces initiatives.

En ce début de rentrée scolaire, Yassifette, jeune mère de 17 ans, se joint aux autres élèves du collège de Bambari, chef-lieu de la préfecture de la Ouaka, pour vérifier que son nom figure bien sur la liste des inscrits. « En 2023, j’ai été obligée de rejoindre le père de ma fille après que la grossesse s’est présentée. Je ne pouvais plus continuer les cours, faute de soutien financier », explique-t-elle, sa fille dans les bras. Aujourd’hui, elle retrouve le chemin de l’école.

En République Centrafricaine, plus de 30 %1 des filles abandonnent l’école primaire en raison de la précarité financière de leur foyer ou de grossesses précoces. Cette situation est encore plus marquée dans les zones rurales, où 40 % des filles se retrouvent hors du système scolaire, ce qui entraîne des conséquences dramatiques sur le taux d’analphabétisme.

Pour remédier à cette tendance, le Projet pour le capital humain et l’autonomisation des femmes et des filles, financé par la Banque mondiale, se concentre sur l’accès à la santé, à l’éducation et aux opportunités d’emploi. Baptisé « Maïngo », qui signifie « développement » en sango, la langue nationale, le projet propose des bourses aux jeunes filles pour les inciter à poursuivre leur scolarité au moins jusqu'à la fin du cycle secondaire. Après une année de mise en œuvre au collège d’enseignement secondaire de Bambari, le projet commence à porter ses fruits.

Les filles, souvent en marge du système éducatif

Les taux de scolarisation présentent une forte inégalité entre filles et garçons. C’est notamment le cas au lycée de Bambari, ville à 385 kilomètres de Bangui, la capitale. Sur 1 340 filles inscrites en début d’année scolaire 2022-2023, 47 % ont abandonné en cours d’année scolaire.

Une tendance qui s’explique par le manque de ressources financières des foyers. Avec une très forte majorité de cultivateurs à faible revenu dans la région, les habitants n’ont pas les moyens nécessaires pour financer les études de tous leurs enfants.

« Les parents privilégient généralement la scolarité des garçons en leur affectant le peu de ressources disponibles au détriment des filles. Donc, celles-ci arrêtent souvent tôt les études ou sont carrément retirées des écoles », explique Abel Matchipata, maire de la ville.

Cet argent m’as permis d’acheter des fournitures scolaires, de payer les frais de scolarité et des petites affaires. J’ai pu aussi commencer un petit commerce que je compte poursuivre à temps partiel pour faire des petites économies.
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Yassifette,
jeune mère de 17 ans

Des bourses pour soutenir la scolarisation féminine

Le retour de Yassifette à l’école après une année de rupture a été rendu possible grâce à la bourse de 75 000 FCFA octroyée dans le cadre du projet Maïngo.

« Cet argent m’as permis d’acheter des fournitures scolaires, de payer les frais de scolarité et des petites affaires. J’ai pu aussi commencer un petit commerce que je compte poursuivre à temps partiel pour faire des petites économies », explique-t-elle.

Julie Gounaba, inscrite en classe de 4e, partage son optimisme. À 18 ans, elle habite avec ses parents le quartier dit « cité de la paix » où son père est gardien, tandis que sa mère est cultivatrice. Elle a reçu sa subvention deux semaines avant la rentrée. « Mes parents n’ont pas les moyens de préparer ma rentrée et de payer les frais de scolarité. C’est avec la bourse que j’ai acheté toutes mes fournitures scolaires : sac, cahiers, etc. ». Son ambition : poursuivre ses études jusqu’en terminale et devenir ensuite policière pour aider à maintenir la paix dans la ville.

Des associations locales engages

Le retour des filles à l’école est facilité par des femmes, membres de l'Association des mères éducatrices (AME) qui jouent un rôle crucial dans le processus en permettant l’identification des bénéficiaires et la sensibilisation des jeunes filles et de leurs parents sur l'importance de la scolarisation.

Elvine Mamadou, secrétaire de l’AME de Bambari et directrice de l’école Maidou explique : « De nombreuses filles tombent enceinte en plein année scolaire et de ce fait abandonnent l’école. Donc nous allons les sensibiliser ainsi que les parents pour qu’elles repartent à l’école. Le message que nous leur passons est que la grossesse n’est pas un obstacle pour la fréquentation scolaire ». L’enseignante explique ainsi qu’un dispositif de prise en charge des nouveau-nés a été mis en place au sein des établissements sélectionnés, pour permettre aux jeunes mères de continuer à suivre les cours.

Un facteur positif et motivant

L’octroi de bourses scolaires aux filles s’inscrit dans l’une des sous-composantes du projet Maïngo, qui vise à « faciliter l’accès et le maintien des filles à l’école » en éliminant les principaux obstacles à leur scolarisation. Pour atteindre cet objectif, le programme spécifique, Rendre les écoles accessibles aux filles a déjà été mis en œuvre dans 98 écoles primaires et 21 écoles secondaires publiques. Pour l’année scolaire 2023-2024, ce programme a versé des bourses à 1 528 jeunes filles pour un montant d’environ 115 millions de FCFA, pour la préfecture de la Ouaka.

À l’échelle nationale, 10 476 collégiennes des cinq préfectures du pays ont déjà bénéficié de bourses, ce qui représente un montant de presque 786 millions de FCA ; et le programme doit s’étendre aux deux prochaines années scolaires.

Permettre aux jeunes filles de retrouver le chemin de l’école, c’est assurer un avenir plus prospère, pour elles et pour l’ensemble de leurs communautés.

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1 Source : MICS6-RCA, 2019

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