Périodiquement, les revues de performance du portefeuille de la Banque mondiale sont menées dans les pays pour analyser l’impact des projets et aussi déterminer comment mieux soutenir les pays en développement. En Haïti, cet exercice a eu lieu le 18 octobre 2024, lorsque la Banque mondiale s’est associée au gouvernement haïtien pour explorer les opportunités et contraintes liées aux projets.
Le processus d’évaluation des résultats de la Banque mondiale est fondamental pour renforcer la transparence, la reddition de comptes et produire un impact qui change des vies. Il permet d’avoir une meilleure compréhension de la performance des projets de la Banque mondiale, de leur orientation, et de savoir s’ils répondent adéquatement aux principaux objectifs du pays. Alors qu’Haïti continue de faire face à une crise sociale, politique et sécuritaire prolongée, la présence de la Banque mondiale sur le terrain aide le pays à promouvoir une croissance durable, renforcer la résilience face aux chocs et favoriser le développement humain.
« En tant que nouvelle chef des opérations de la Banque mondiale en Haïti, cet exercice me permet d’acquérir une grande connaissance du développement des projets que nous finançons, il offre également l’occasion d’évaluer la pertinence de notre financement par rapport aux priorités nationales », a déclaré Anne-Lucie Lefebvre, chef des opérations de la Banque mondiale en Haïti. « C’est un travail en cours, car nous appuyons le gouvernement, assurons un suivi continu et maintenons la mise en œuvre malgré le contexte de crise, afin de soutenir ceux qui en ont le plus besoin. »
S'appuyer sur des évidences pendant la crise
Malgré quelques signes de progrès, Haïti continue de faire face à d’importants défis sécuritaires et les conditions sociopolitiques du pays demeurent préoccupantes en raison de l’augmentation de la violence des groupes armés et des chocs externes. En octobre 2024, l’activité des gangs a déplacé plus de 700 000 personnes et provoqué une augmentation des besoins en matière de filets de sécurité, alors que près de la moitié de la population haïtienne lutte quotidiennement pour trouver de quoi manger.
Pour adresser cette situation, la Banque mondiale joue un rôle clé dans la réalisation d’une Evaluation rapide de l’impact de la crise (RCIA en anglais), menée par le gouvernement en étroite collaboration avec les parties prenantes de haut niveau du pays, dont la BID, les Nations Unies et l’Union européenne. Cette évaluation s’inscrit dans le prolongement des priorités du gouvernement et vise à fournir une analyse complète de l’impact de la crise, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans certains secteurs du département de l’Artibonite, les deux régions les plus touchées.
Le RCIA suit une méthodologie d’évaluation rapide s’inspirant à la fois des approches post-conflit et post-catastrophe. Il s'appuie sur des données et des analyses existantes, ainsi que des consultations avec un vaste réseau de parties prenantes, afin d’identifier et quantifier les besoins prioritaires à court terme pour la période de transition des deux prochaines années (2024-2026). L’évaluation s’articule autour de quatre « axes prioritaires » d’intervention, couvrant la relance économique, la réhabilitation des infrastructures, les services sociaux et l’État de droit.
« Ce document sera essentiel pour qu’Haïti définisse un Cadre de Relance et un Plan d’Investissement, alignés sur certaines des priorités définies par le gouvernement. Il renforcera également la coordination des actions et des interventions entre le gouvernement et les partenaires techniques et financiers, notamment la Banque interaméricaine de développement, la Banque mondiale, le système des Nations Unies et l’Union européenne », a dit Mounir Mahmalat, Senior operations officer à la Banque mondiale et co-auteur du rapport.
Connectée et engagée
Tout au long de la crise en cours, la Banque mondiale est restée un partenaire indéfectible d’Haïti. Le personnel, composé d’une cinquantaine de staffs locaux et internationaux, reste sur le terrain en Haïti, en contact avec le gouvernement, les parties prenantes, les unités de mise en œuvre des projets, d’autres partenaires de développement ainsi que leurs familles et amis – dans le cas du personnel local.
Même pendant les périodes difficiles, la Banque a continué à fonctionner efficacement malgré un contexte très volatil, en adoptant une forte orientation régionale en dehors de Port-au-Prince. Plus de 80 % des programmes de la Banque mondiale sont mis en œuvre en dehors de la capitale, dans des communautés où la situation sécuritaire est plus stable, ciblant les besoins des plus pauvres.
En fait, entre 2023 et 2024, la Banque mondiale a investi $US180,7 millions, soit le montant le plus élevé que la Banque mondiale ait décaissé en Haïti au cours de la dernière décennie. Ces investissements permettent d’améliorer la prestation des services de base, de répondre à l’insécurité alimentaire, de cibler les interventions de gestion des risques de catastrophe, de construire des infrastructures résilientes et de soutenir le développement urbain tout en prévenant la propagation de la violence.
Alors que près de 50 % de la population haïtienne souffre d’insécurité alimentaire, des projets agricoles et éducatifs soutiennent les programmes d’alimentation scolaire. 11 990 512 rations ont été distribuées à ce jour, soit l’équivalent d’une distribution quotidienne de rations à environ 170 000 enfants et 68 782 élèves ont désormais accès à l’éducation de base.
La collaboration entre les secteurs de la santé et de l'énergie a permis à 5 hôpitaux régionaux d'accéder à une énergie propre et fiable, via l'énergie solaire, bénéficiant à 900 000 personnes vivant au Cap Haïtien, Cayes, Jacmel, Camp Perin et Port Salut. Cela leur a permis d’étendre leurs services tout en réduisant les coûts opérationnels. Vingt-deux mille ménages vulnérables dans une région touchée par le tremblement de terre de 2021 bénéficient également de transferts monétaires mensuels pour soutenir leurs moyens de subsistance et élargir l’utilisation des paiements non monétaires.
À l’avenir, le programme de la Banque restera axé sur le renforcement de la résilience des populations défavorisées. En raison des possibilités limitées de réformes structurelles majeures à court terme, la Banque s’efforcera de préserver les gains durement acquis dans des domaines clés en soutenant la création d’emplois, en maintenant les capacités institutionnelles et les systèmes essentiels de prestation de services, en assurant la continuité des activités à la suite de nouvelles catastrophes et en renforçant la résilience de la société et les moyens de subsistance. Entre temps, la Banque mondiale utilisera les leçons apprises sur le terrain pour renforcer les impacts de son programme et créer davantage d’opportunités pour tous.